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[ 🇬🇧 Traduction ] Arménie – Des dauphins détenus dans une piscine du sous-sol d’un hôtel ont été libérés suite à un tollé international

Crédit photo : Roger Allen

Suite aux révélations du Mail Online, un delphinarium inhumain établi dans une piscine d’un complexe hôtelier en Arménie, a dû fermer ses portes.

La nouvelle a été annoncée, aujourd’hui, par l’association caritative britannique qui s’est battue pour sauver ces Grands Dauphins qui étaient devenus une attraction touristique.

Dans les immeubles adjacents au Best Western Paradise Hotel de Dilidjan, non loin de Erevan, la capitale arménienne, les animaux captifs étaient seuls et stressés, et n’avaient que très peu de lumière naturelle et de contact avec d’autres animaux.

Ils nageaient sans cesse, d’un bout à l’autre d’une piscine construite à la base pour accueillir des humains. Ces dauphins étaient acteurs malgré eux d’une « thérapie » douteuse censée « soigner » les enfants malades.

Bien que plusieurs visiteurs aient manifesté leurs plaintes au sujet du delphinarium sur le site internet du Best Western Paradise Hotel, ce dernier n’en était pas l’exploitant.

La Marine Connection, une association britannique, a annoncé la fermeture du delphinarium et le transfert des dauphins en Russie.

Margaux Dodds, la directrice de l’association, déclare :

« Je remercie le MailOnline pour ses révélations sur les activités de cet établissement. Après avoir travaillé d’arrache-pied avec mes collègues pour convaincre les autorités arméniennes de fermer cet établissement, sa cessation d’activité a été ordonnée et nous attendons à présent le permis CITES nécessaire pour le retour des dauphins en Russie. »

« Malheureusement, étant donné que les dauphins appartiennent aux russes, les récupérer n’a jamais été envisageable. Cependant, il s’agit d’un pas dans la bonne direction, puisque une fois que les dauphins seront partis, l’Arménie redeviendra un pays sans cétacés captifs. »

« Une fois que ces dauphins seront partis, la Marine Connection continuera à travailler avec ses collègues en Arménie afin de s’assurer que cela n’arrive plus. »

Les exploitants du delphinarium prétendaient que les enfants souffrant de diverses maladies (allant de l’autisme au retard du développement, et même le cancer) allaient ressentir des effets bénéfiques s’ils nageaient auprès de ces animaux (enfermés dans une prison aquatique souterraine).

Mais la « thérapie assistée par les dauphins », ainsi nommée, a été largement discréditée par des experts du monde entier.

« Les dauphins ne sont pas des guérisseurs, mais des prédateurs sociaux et intelligents, et ils ne devraient pas être employés pour « soigner » les malades » affirme Lori Marino, une neuroscientifique de l’Université Emory à Atlanta, en Géorgie, qui étudie depuis 25 ans les dauphins et les orques.

« Des milliers de familles fréquentent des établissements dispensant cette thérapie assistée par les dauphins, et elles ne gagnent au final rien d’autre qu’elles n’obtiendraient au contact d’un chiot. »

« Dissimulés derrière leur sourire, et par conséquent les patients et les vacanciers peuvent difficilement le voir, les dauphins captifs sont toute leur vie victimes d’un stress considérable, en lutte pour s’adapter à un environnement radicalement différent de leur milieu naturel, tant sur le plan physique et social que psychologique. »

« Les résultats sont dévastateurs. Le stress entraîne un dysfonctionnement du système immunitaire. Souvent, ils meurent d’ulcères gastriques, d’infections et d’autres maladies liées au stress et à une faiblesse immunitaire, les laxatifs et les antidépresseurs parfois mélangés à leurs repas n’étant d’aucun secours. »

« Le pire peut-être, c’est qu’il n’existe absolument aucune preuve de l’efficacité de la thérapie assistée par les dauphins. On peut tout au plus ressentir, sur le court terme, des effets bénéfiques liés à l’exposition à un nouvel environnement, et un effet placebo comblant un espoir d’aller mieux. Rien de plus. »  

« Toute amélioration apparente chez des enfants autistes, des dépressifs, et autres, n’est qu’une illusion, au même titre que le « sourire » du dauphin. »

Le jour où le MailOnline rendit visite aux dauphins, en fin d’année 2017, leur âge avait été estimé à quatre ou cinq ans. Une fois n’est pas coutume, ils étaient l’attraction phare d’un groupe d’enfants évidemment fascinés par leur sourire permanent.

Mais ce n’était pas un sourire, mais le résultat d’un développement de leur mâchoire, donnant l’illusion d’un bonheur infini.

En grande partie grâce aux efforts de la Marine Connection, une association préoccupée par le bien-être des cétacés, cela fait vingt ans que de tels delphinariums ont été définitivement interdits au Royaume Uni.

Margaux Dodds, la directrice de l’association qui mena la campagne pour faire fermer ce genre d’établissement en Grande Bretagne, fut choquée à la vue des photos et des vidéos de ces dauphins (venus de Russie dans des circonstances douteuses).

Le certificat CITES détenu par les exploitants et attestant de la provenance des dauphins, s’est révélé être un faux.

Le certificat attestait que les dauphins provenaient du Morskaya Zvezda Dolphinarium de Sotchi, situé au bord de la Mer Noire, en Russie.

Mais après un examen approfondi du certificat, Mme Dodds remarqua que le document ne comportait ni numéro CITES ni apposition du tampon de sécurité.

« Ce qui me préoccupe, étant donné qu’aucune capture n’est mentionnée en Mer Noire, c’est que ces dauphins aient pu être capturés en milieu sauvage, puis brièvement placés en captivité, pour finalement être enregistrés comme issus de source captive. Une pratique qui n’est pas rare. »

« D’où qu’ils viennent, ils n’ont pas leur place dans une piscine construite pour des humains. L’unité de filtration est inadaptée à la quantité de déchets rejetée par les dauphins. »

Mme Dodds, de l’association dont le site (www.marineconnection.org) a annoncé la fermeture du delphinarium conclut : « Nous sommes reconnaissants pour le soutien sans faille que nous avons reçu pour faire fermer cet établissement. »

© Traduction française par Fanny Trifilieff & David Delpouy pour Réseau-Cétacés

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Source : Un article de Allan Hall – Publié le 27 février 2018 sur le site du Daily Mail
Crédits images :  Roger Allen

 

 

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