Avec la fonte des glaces, le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins rappelle aux riverains et aux pêcheurs de lui signaler la présence de tout animal mort ou en difficulté dans le Saint-Laurent.
La porte-parole du réseau, Josiane Cabana, invite les témoins à contacter immédiatement le 1-877-7BALEINE et à prendre des photos de la carcasse ou de l’animal en détresse pour permettre aux intervenants de se faire une meilleure idée de la situation.
Une carcasse représente « une mine d’or d’informations » pour les scientifiques d’Urgences Mammifères Marins, qui a pour objectif de documenter les causes de décès, mais aussi de les prévenir.
Des équipes spécialisées peuvent être déployées pour porter secours à des animaux vivants, qu’ils soient échoués sur le rivage ou empêtrés dans un engin de pêche, précise Josiane Cabana.
Elle invite cependant les observateurs à signaler la présence de toute baleine noire, même celles qui nagent librement, après l’année meurtrière qu’a connue leur espèce, avec la découverte d’au moins 17 carcasses dans les eaux canadiennes et américaines.
Le directeur scientifique du Groupe de Recherche et d’Education sur les Mammifères Marins, Robert Michaud, explique que l’ensemble des scientifiques et des pêcheurs partagent cette préoccupation pour la baleine noire de l’Atlantique Nord, dont le déclin est « dramatique ».
« Nos voisins américains ont, eux, ce souci-là depuis plusieurs décennies, précise-t-il. Pour nous, c’est relativement nouveau parce que les baleines noires étaient peu nombreuses dans les eaux du golfe Saint-Laurent. »
La fréquence à laquelle les femelles donnent naissance s’est ralentie considérablement, observe-t-il, et aucune naissance n’a été enregistrée jusqu’à présent cette année.
« Lorsque les prises accidentelles dans les filets des pêcheurs ne sont pas fatales, elles laissent des séquelles importantes, explique Robert Michaud. Elles imposent un tel coût énergique aux femelles qu’elles peuvent être pour quelques années à ne pas se reproduire. »
Il restait au moins une vingtaine d’années à vivre à la plupart des baleines noires trouvées mortes en 2017, se désole-t-il.
« Certains de nos collègues craignent l’extinction définitive des baleines noires en dedans de quelques décennies seulement. »
Certaines zones de pêche au crabe des neiges ont notamment été fermées pour assurer leur protection.
« Les pêcheurs ont un coup dur à encaisser pour l’instant, reconnaît M. Michaud. Si on avait prévu le coup, on n’en serait peut-être pas là. C’est la grande leçon des baleines noires. »
Source : La presse Canadienne – Publié le 28 avril 2018
Photo de une : Pixabay