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En Grèce, 60 % des baleines tuées le sont par des bateaux

En Grèce, les cétacés sont exposés aux dangers de la pollution et de la pêche. Mais le plus gros fléau s’avère être les collisions avec les bateaux.

Si les cétacés sont trop souvent décimés par la chasse et la pêche  – au Japon et en Australie notamment – c’est un fléau tout aussi mortel qui sévit en Grèce. Dans les eaux de la Méditerranée orientale, de nombreux cachalots, dauphins et baleines sont tués lors de collisions accidentelles avec des navires, comme le rapporte le Guardian. Ce qui en fait l’une des populations marines les plus exposées au monde.

L’ouest du Péloponnèse, cimetière de cétacés

Le Dr Alexandros Frantzis, premier océanographe du pays, suit en temps réel le trafic maritime. Une donnée devenue essentielle pour protéger la faune marine grecque.

« L’environnement marin de la Grèce est très riche », explique-t-il au Guardian.

Pourtant les dangers mortels sont nombreux : les filets de pêche, la pollution, les sonars des sous-marins (qui désorientent les animaux), ou encore les marées d’hydrocarbures dues à des secousses sismiques. Mais on estime que près de 60 % des morts de baleine sont causées par des accidents avec des bateaux.

Les eaux au large de l’ouest du Péloponnèse demeurent une zone très fréquentée par les baleines. Or c’est également l’une des routes les plus empruntées par les pétroliers, cargos et autres paquebots de croisière.

« La solution serait de déplacer les navires un peu au large, dans des eaux plus profondes moins fréquentées par les baleines », argumente Russell Leaper, spécialiste britannique des cétacés. « Pour un paquebot naviguant à 20 nœuds, cela ajouterait seulement 15 minutes à tout le voyage », développe le scientifique.

Des voies maritimes déplacées ?

Si la solution peut paraître évidente, le problème est encore loin d’être résolu. En témoigne, le corps d’une baleine de 9 mètres qui s’est échoué sur les plages de Santorin le mois dernier. Une mort très douloureuse pour les animaux, puisque, quand ils ne sont pas déchirés et entaillés par les hélices, leurs os sont broyés par la puissance des navires.

« Il y a des moments où des baleines ont été prises à l’avant d’un navire avec une demi-queue arrachée », avance Russell Leaper. « Parfois, vous obtenez un corps qui ne montre aucune blessure externe mais dont les os ont été écrasés. Dans tous les cas, c’est une très horrible façon de mourir ».

Méconnaissance de la faune marine

La Grèce n’est toutefois pas le seul endroit du monde à faire face à ce problème. La pointe sud du Sri Lanka, l’une des routes maritimes les plus fréquentées au monde, présente un danger similaire pour son importante population de baleines bleues.

Pour la Grèce, un pays qui a véritablement découvert l’océanographie « il y a à peine deux décennies », selon Alexandros Frantzis, le challenge est de taille. Les écologistes qui ont dénoncé ce phénomène tragique ont obtenu le soutien de l’industrie du transport maritime : l’Organisation Maritime Internationale OMI a reconnu le problème, et tente d’élaborer de nouvelles voies de passage plus respectueuses de la faune marine.

Le gouvernement passe à l’action

Il y a quelques semaines, c’est la Commission Baleinière Internationale qui a appelé le gouvernement grec à agir. Selon eux, les preuves scientifiques sont avérées, et les collisions entre les bateaux et les animaux doivent être prises au sérieux par les autorités.

La coalition de gauche du Premier ministre Alexis Tsipras doit maintenant soumettre des propositions à l’OMI pour déplacer les voies maritimes d’ici cet été. Mais le temps presse : les scientifiques estiment qu’il reste moins de 300 cachalots dans les eaux grecques, alors qu’il s’agit d’un de leur plus grand habitat en mer Méditerranée.

Source : les Inrockuptibles – Publié le 29 mai 2018
Photo de une : Pixabay

 

 

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