Il ne reste plus que 74 orques dans l’une des quatre communautés du Nord-Ouest Pacifique, au Canada. L’espèce est en voie d’extinction. Barrages, pipeline, chantiers hors normes : depuis trois ans, l’environnement de ces cétacés se dégrade fortement dans le plus grand des silences. Face à ce désastre écologique, six YouTubeurs francophones engagent des actions en ligne et sur le terrain.

À eux 6, ces Youtubeurs francophones ne font même pas le poids d’une orque. Mais en compilant leurs communautés YouTube et Instagram, ils cumulent plus de 3,8 millions de followers et espèrent sensibiliser leurs réseaux au désastre écologique qui frappe les orques « résidentes du sud ». L’espèce est en voie d’extinction, dans le Nord-Ouest Pacifique. Et leur disparition serait même imminente selon Ken Balcomb, le fondateur du Centre de recherche sur les baleines de l’État de Washington.

Morgane Trussardi, Youtubeuse voyage, est passionnée par les orques depuis son enfance. Elle a formé un groupe avec d’autres YouTubeurs français et suisses. Ils reviennent tout juste d’un séjour à San Juan (un archipel partagé entre les États-Unis et le Canada), où ils ont entamé des actions pour tenter de changer la donne.

Reproduction en péril

Mais de quel désastre écologique parle-t-on ? Le 14 septembre dernier, Scarlett, est morte de faim. À seulement trois ans, c’était la plus jeune orque de la communauté. Son corps était devenu squelettique.

Et, en août dernier, la presse internationale avait relayé l’émouvante histoire de cette maman orque ayant donné naissance à un petit mort-né. Pourtant, refusant d’abandonner la carcasse de son petit, elle l’emmenait partout. L’effort de la maman a duré 17 jours. Après quoi elle s’est résolue à le laisser partir. Les fausses couches sont régulières et témoignent de la mise à mal de l’espèce. Depuis quelques années, ces mammifères marins ne parviennent plus à se reproduire.

« Les orques manquent de nourriture et sont victimes de virus et de maladies transmis par les saumons sauvages. Leurs corps regorgent de toxines, qu’elles stockent dans leurs graisses et transmettent à leurs bébés », explique Morgane Trussardi, à l’origine de la formation du groupe de YouTubeurs.

Quant aux saumons sauvages, ils sont contaminés par les fermes d’élevage intensif de saumons. Ces fermes menacent les orques, mais également tout l’éco-système de la région.

Par ailleurs, quatre barrages empêchent les saumons sauvages, principale nourriture de l’orque, de remonter la rivière Snake et de venir s’y reproduire. La conséquence étant que les orques dites « résidentes du sud » sont littéralement en train de mourir de faim. Ces barrages produisent moins de 3 % de l’électricité de la région et coûtent cher à l’État. Une pétition a été signée par 488 300 personnes.

Enfin, il faut savoir que les populations d’épaulards communiquent entre elles par écholocation, un système naturel de sonar. Ces échanges de sons marins leur permettent de chasser des proies et de se nourrir. Mais cette communication est fragilisée par la pollution sonore des bateaux de pêche, plaisanciers et cargos, en grand nombre dans cette zone.

Un projet d’envergure d’agrandissement du réseau d’oléoducs Trans Mountain ne risque pas d’arranger les choses. Ce trafic marin supplémentaire mettrait encore plus en péril la survie des orques dans la région.

#wearetheorca

Face à ces dégradations de l’habitat naturel des orques, le groupe d’influenceurs francophones a monté le collectif #wearetheorca (nous les orques, en français).

Sur place, ils œuvrent main dans la main avec les associations locales et ils espèrent rallier à leur cause davantage d’influenceurs internationaux.

Des personnalités avec de fortes communautés, comme l’artiste Martin Solveig, s’intéressent d’ailleurs à leur projet et n’hésitent pas à le relayer sur les réseaux sociaux.

En seulement 4 jours, grâce à une cagnotte en ligne, ils ont d’ailleurs récolté 18 000 € sur les 20 000 espérés. Les fonds seront reversés à Alexandra Morton, une grande biologiste des épaulards sauvages de Colombie-Britannique ainsi qu’à deux organismes à but non-lucratif qui militent pour sauver l’espèce.

Mettre un coup de projecteur, donner à voir et faire pression, c’est l’objectif de #wearetheorca. En octobre, ils se rendront à nouveau sur place, pour remettre l’argent. Des milliers d’euros qui permettront d’entamer des actions qui feront le poids.

Source : Ouest-France – Publié le 21 septembre 2018
Vidéo de une : Youtube Little Gypsy

 

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