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Pourquoi des centaines de cadavres de dauphins s’échouent-ils sur les plages françaises ?

Rien que depuis le début de l’année, un nombre record de six cent dauphins se sont échoués sur la côte atlantique de la France. Que se passe-t-il ?

Quels sont les faits ?

Depuis le début de l’année 2019, près de six cent dauphins se sont échoués sur les plages de la côte atlantique de France.

Selon deux relevés différents, le nombre de carcasses découvertes cette année est compris entre quatre cent et six cent – mais même l’estimation la plus basse est supérieure à celle de n’importe quelle année à la même période.

Même si des cadavres de dauphins s’échouent chaque année sur les plages françaises, les scientifiques jugent la situation alarmante.

« Si l’on compare ces chiffres à ceux de l’année dernière, à la même période, le nombre de dauphins morts est déjà plus important que lors des années précédentes, qui constituaient déjà des années record, » a déclaré Hélène Peltier, chercheuse à l’observatoire Pelagis chargé du suivi des populations de mammifères marins. « Les choses vont-elles se calmer ? C’est la grande question aujourd’hui, et il conviendra d’observer les chiffres au début du printemps afin de mieux évaluer la situation, » a-t-elle déclaré.

Les dauphins qui s’échouent sur la côte atlantique le font sur un périmètre qui s’étend du sud de la Bretagne jusqu’à la frontière espagnole, avec un grand nombre de carcasses repérées dans les départements de la Vendée et de la Charente-Maritime.

Les scientifiques précisent que ces chiffres ne représentent que la partie émergée de l’iceberg car, lorsqu’ils meurent, nombre de dauphins sombrent simplement dans les abysses océaniques, ou sont emportés par les courants plutôt que de s’échouer sur les plages.

Les chercheurs craignent que dans les années à venir ces décès menacent les populations de dauphins.

Pourquoi ce phénomène se produit-t-il ?  

Bien que des centaines de cadavres de dauphins s’échouent chaque année sur les plages françaises, il s’agit, en cette période avancée de l’année, d’un nombre record.

La plupart des dauphins qui sont découverts morts portent des marques de blessures qui, d’après les chercheurs, sont provoquées par les gros navires de pêche et les grands filets qu’ils utilisent.

« Parmi les carcasses retrouvées, 93% montrent des signes de capture par les bateaux de pêche et leur matériel, tels que des mutilations, des amputations et des mâchoires fracturées, » explique l’association environnementale France Nature Environnement (FNE).

Les dauphins se font prendre dans les vastes filets utilisés pour attraper des poissons comme le merlu et le bar, dont ils raffolent. Certains de ces filets sont placés dans les fonds marins et lorsque les dauphins s’y empêtrent, ils ne peuvent plus remonter à la surface pour respirer et ils suffoquent.

Les chalutiers sont également un problème car ils traînent derrière eux d’énormes filets de pêche dans lesquels les dauphins se font prendre, se blessent et meurent. Lorsqu’ils sont empêtrés, les dauphins paniquent et le stress peut alors les tuer.

Existe-t-il une solution ? 

Une solution toute indiquée consisterait à réduire le nombre de gros navires de pêche. 

Les organisations environnementales veulent que le nombre de chalutiers et autres gros bateaux de pêche – appartenant principalement aux flottes françaises et espagnoles – autorisés à pêcher dans ces eaux soit revu à la baisse. Elles appellent à une meilleure coordination entre les gouvernements français et espagnols afin de trouver une solution au problème.

Elles demandent aussi que les observateurs soient autorisés à monter à bord de ces navires afin de contrôler les méthodes de pêche, car elles affirment que dans la pratique ceux-ci n’y sont pas les bienvenus.

D’autres solutions consistent à équiper les bateaux de « répulsifs » acoustiques pour éloigner les dauphins. Il existe ce que l’on appelle des « pingers », et cette année, pour la première fois, tous les navires français pratiquant le chalutage pélagique en ont été équipés.

Mais vu le nombre record de cadavres de dauphins échoués en ce début d’année, les pingers semblent manquer d’efficacité.

La FNE a souligné que l’un des problèmes pourrait être que les pingers ne sont pas attachés aux grands filets situés au fond de la mer, dans lesquels de nombreux dauphins se font prendre.

Traduction française de David Delpouy et mise en ligne sur le site de CetaJournal, d’un article d’Emilie King publié le 18 février 2019 sur le site d’actualité The Local.

Photo de une : Bruno – Correspondant Océanopolis et Observatoire Pélagis

 

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