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Rapport du Giec sur les océans : « Les coraux sont à la fin de leur existence »

L’océanographe et physicienne Sabrina Speich affirme que « vers 2050, on aura une disparition presque complète de toutes les espèces coralliennes dans les régions tropicales ».

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) a lancé ce mercredi 25 septembre une alerte sur les impacts du réchauffement climatique pour l’océan et la cryosphère. Selon les experts, la montée des eaux pourrait atteindre 1m10 à la fin du XXIe siècle si rien n’est fait. Cela aura des conséquences sur les espèces marines.

« Les coraux sont à la fin de leur existence », a affirmé mercredi sur franceinfo l’océanographe et physicienne Sabrina Speich, professeure à l’École normale supérieure (ENS). « Vers 2050, on aura une disparition presque complète de toutes les espèces coralliennes dans les régions tropicales ». Sabrina Speich explique que « les espèces qui ne peuvent pas se déplacer subissent ce réchauffement », alors que d’autres qui le peuvent, « cherchent à se déplacer ». L’océanographe donne l’exemple du Groenland, où l’on « commence à trouver du maquereau, parce que ce poisson se déplace à cause des températures qui montent ».

franceinfo : Comment la population marine réagit-elle au changement climatique ?

Sabrina Speich : L’océan se réchauffe et ce réchauffement est global. Les espèces marines qui le peuvent cherchent à se déplacer. C’est le cas pour les poissons qui se déplacent en moyenne de cinq kilomètres par an vers les régions polaires. Et d’autres espèces qui ne peuvent pas se déplacer subissent ce réchauffement. L’exemple clair, ce sont les coraux qui ne peuvent pas se déplacer. Eux, ils sont à la fin de leur existence. On pense que vers 2050, on aura une disparition presque complète de toutes les espèces coralliennes dans les régions tropicales.

Quels sont les autres effets attendus sur les espèces ? Est-ce que celles que l’on trouve sur nos littoraux, on ne les retrouvera plus demain ?

Par exemple, au Groenland, on commence à trouver du maquereau, qui n’était pas une espèce locale, parce que ce poisson se déplace à cause des températures qui montent. C’est un peu le cas partout. Dans toutes les zones de pêche, il y a un déplacement des espèces vers les régions polaires. Aujourd’hui, la première cause, c’est le réchauffement. Les écosystèmes sont vraiment sous pression parce qu’il y a d’autres effets, comme l’acidification, comme le manque d’oxygène. Donc ils sont encore plus stressés. Mais la migration vers les pôles, c’est seulement dû à la température.

Ces changements sont-ils inéluctables ?

Désormais on est sur un changement qui continuera quoiqu’on fasse. L’important c’est de chercher à renverser la courbe, même si ce réchauffement va continuer, mais pour limiter la quantité de ce réchauffement. Aujourd’hui, on ne peut que limiter, mais il faut se dépêcher. Il y a une accélération de ce réchauffement. Il faut agir très vite. La première action c’est de changer complètement notre société par rapport à l’utilisation d’énergie, à l’utilisation des carbones fossiles. Il faut brûler moins et chercher des alternatives et être plus économes dans nos sociétés par rapport à notre vie actuelle. Il faut que les gouvernements prennent des décisions très fortes.

Source : francetvinfo.fr, publié le 25.09.19
Photo : Toby Hudson – fr.wikipedia.org
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