OPINION / Comment Pêches et Océans Canada (MPO) en est-il arrivé à émettre la recommandation qu’il serait souhaitable d’empêcher l’augmentation du transport maritime sur le Saguenay par l’évitement? Cet avis du MPO indique aussi que le rétablissement du béluga est conditionnel à l’agrandissement de l’habitat présentement occupé et la recolonisation de secteurs adjacents autrefois utilisés. Est-ce à dire qu’on souhaite éliminer la navigation dans la baie de Tadoussac, ancien habitat du béluga?
Au même moment, à Trois-Rivières, le gouvernement du Québec annonçait 926,9M$ pour Avantage St-Laurent. Il qualifiait ce programme d’économie bleu, de prospère et il a ciblé trois orientations: le développement d’infrastructures, une navigation respectant les écosystèmes et offrir aux communautés des possibilités de développement prometteuses et durables.
MPO Canada a un rôle de protection des eaux, du poisson et de son habitat. Déjà ce ministère fédéral avait souligné la problématique des 40 000 traverses à l’embouchure du Saguenay et de l’effet négatif sur le béluga. En 2018, selon Le Devoir, MPO n’avait pas d’étude en main sur l’arrivée des nouveaux traversiers, stipulant qu’il fallait attendre qu’ils soient en place pour évaluer les effets et le bruit sur la population du béluga. En plus, on reconnaissait déjà que l’embouchure du Saguenay était de loin le plus bruyant, selon Robert Michaud du GREMM.
En février 2019, Pêches et Océans Canada confirmait que la construction d’un pont à l’embouchure du Saguenay aiderait à la protection du béluga et identifiait clairement que les traversiers étaient responsables de son déclin. Dans un article du 9 février 2019, Radio-Canada rapportait que le document de Pêches et Océans Canada concluait que le remplacement des traversiers par une infrastructure routière entraînerait des gains immédiats pour les bélugas.
Il semble que ces avis sérieux et documentés n’ont eu que peu d’écho auprès de notre gouvernement. Même nos organisations environnementales préoccupées par cette espèce en voie de disparition n’ont pas milité pour cette solution reconnue par les scientifiques. On reconnaît que l’espèce est déjà menacée et pourtant on identifie quelque chose qui n’existe pas pour sembler vouloir la protéger.
Ayant oeuvré au fédéral et au provincial, je crois que nous sommes au coeur d’une impasse pour laquelle seule une action concertée trouvera une solution. Comme Pêches et Océans Canada n’a pas le mandat de faire des pressions sur le gouvernement provincial sans casser des oeufs, il se pourrait que sa proposition d’un genre de moratoire sur l’augmentation du trafic maritime sur le Saguenay vise à ce que les communautés concernées et Québec arrivent à la seule conclusion possible partagée, soit la construction d’un pont à l’embouchure du Saguenay. La Côte-Nord serait désenclavée, la région du Saguenay y adhérerait par nécessité et MPO et les bélugas seraient plus heureux.
Voilà matière à réflexion!