SAN DIEGO (Etats-Unis) — Dauphins et humains souffrent de maladies similaires révèlent jeudi des recherches qui pourraient aider à traiter le diabète et à prévenir le cancer utérin ou encore déterminer les effets potentiels sur l’homme de la pollution des eaux côtières.

« Les dauphins, comme les humains, sont des mammifères et leur régime alimentaire comprend la plupart des poissons et fruits de mer que nous consommons », souligne Carolyn Sotka de l’agence nationale américaine des océans et de l’atmosphère (NOAA), principale organisatrice de la présentation de ces différentes études à la conférence annuelle de l’American Association for the Advancement of Science (AAAS) réunie du 18 au 22 février à San Diego (Californie). Ces cétacés sont exposés en permanence à des menaces environnementales dans l’océan comme certaines algues hautement toxiques produisant de l’acide domoïque ou des polluants comme le PCB (polychlorobiphényles), interdit aux Etats-Unis depuis les années 70, ajoute-t-elle. Les similarités entre les dauphins et les humains font de ces animaux « des sentinelles écologiques et physiologiques » importantes pour « nous avertir de risques sanitaires » et aussi « nous donner un éclairage sur la manière dont nous pourrions en bénéficier pour notre santé », explique cette scientifique.

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Les dauphins seraient ainsi le premier modèle naturel d’étude pour le diabète adulte humain, ouvrant la possibilité à la découverte de traitements contre cette maladie responsable de 5% des décès dans le monde par an, selon une des études dévoilées jeudi. Cette recherche révèle que des dauphins à gros nez, l’espèce la plus connue, peuvent à tout moment provoquer un état physiologique ressemblant au diabète. Ce mécanisme résulte probablement du régime alimentaire de ces cétacés très riche en protéines et très faible en glucides. « Alors que des humains consomment des aliments riches en protéines pour contrôler leur diabète, les dauphins paraissent avoir développé un état ressemblant au diabète pour les aider à maintenir un régime riche en protéines », explique Stephanie Venn-Watson, docteur vétérinaire, directrice des recherches cliniques à la « National Marine Mammal Foundation » (NMMF), un organisme à but non-lucratif. « Le fait que les humains et les dauphins ont tous deux de gros cerveaux requérant des teneurs élevées en glucose dans le sang pourrait expliquer pourquoi deux espèces différentes ont développé des mécanismes physiologiques similaires pour métaboliser le sucre », ajoute-t-elle. Cette chercheuse note que le génome du dauphin a été séquencé permettant des comparaisons avec le génome humain. D’autres indices collectés durant cette étude montrent que les dauphins pourraient aussi avoir des maladies chroniques similaires aux humains liées au diabète telle que la résistance à l’insuline avec de l’hémochromatose (taux excessif de fer dans le sang) ou encore des calculs rénaux. Enfin relève l’auteur de l’étude, les scientifiques pensent que les humains ont développé une résistance à l’insuline durant la dernière période glaciaire pour maintenir une teneur minimum en glucose dans le sang. De façon similaire, les dauphins ont acquis cette même résistance à l’insuline quand ils sont allés vivre dans l’océan il y a 55 millions d’années passant d’un régime riche en glucide en tant qu’animal terrestre à une nourriture hautement protéinée. Une autre recherche de l’Université de Floride présentée jeudi à San Diego révèle que les dauphins sont infectés comme l’homme de papillomavirus qui ne paraissent pas provoquer chez eux de cancer du col de l’utérus comme chez les humains.

Copyright © 2010 AFP (19.02.10)

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