· Des experts mondiaux réunis à Agadir jusqu’au 25 juin

· Certaines espèces menacées d’extinction à cause de la chasse commerciale

· Un moratoire international interdit cette pratique depuis 1986

Le géant des mers, la baleine, est actuellement au cœur des discussions à Agadir. Plus de 200 experts de plus de 80 délégations des pays membres de la Commission Baleinière (CBI), ainsi que des représentants de plusieurs organisations non gouvernementales pro et anti-chasse de cette espèce, se sont donnés rendez-vous dans la station balnéaire. Le but étant de se pencher sur la situation de ce mammifère marin à travers le monde à l’occasion de la 62e session annuelle de la CBI.

La rencontre se poursuivra jusqu’au 25 juin. A l’ordre du jour, les enjeux de la limitation de la pêche à la baleine. Pour l’heure, les travaux des comités scientifiques ont démarré. L’organisation au Maroc de cet événement n’est pas fortuite, le Royaume avait déposé sa candidature pour abriter la manifestation lors de la dernière session. Il s’agit de renforcer la coopération multilatérale, mais aussi de contribuer, selon les organisateurs, au positionnement du Royaume comme acteur majeur sur la scène halieutique et maritime internationale. Dans le monde, les grands enjeux de l’activité baleinière ne concernent qu’un nombre limité de pays : ceux qui revendiquent le droit à l’exploitation des baleines et ceux qui s’opposent à leur exploitation. Entre ces deux pôles extrêmes, la plupart des autres pays, y compris le Maroc, adoptent des positions modérées et soutiennent le principe de l’exploitation durable et rationnelle des ressources marines vivantes, indique le ministère de l’Agriculture et de la Pêche maritime, coorganisateur de cette session. Créée en 1946, la CBI, qui compte 88 pays membres, des observateurs et des scientifiques et experts du monde entier, s’est fixée comme objectif de réglementer la chasse et la conservation des baleines. Et ce, face à la situation menaçant ce mammifère. Au cours du XXe siècle, plus de 1,5 millions de baleines ont été tuées. Certaines espèces, comme la baleine bleue, ont été presque complètement décimées.

Plus de 10.000 baleines capturées par le Japon ces 20 dernières années

Aujourd’hui encore, certaines espèces sont encore menacées d’extinction, précisent des experts scientifiques. Le premier responsable de ce massacre est la chasse baleinière commerciale, indiquent-ils. «Depuis 1986, elle est interdite par un moratoire international. Mais trois pays continuent de chasser comme la Norvège, l’Islande et le Japon», souligne Vincent Ridoux, enseignant-chercheur de l’Université de la Rochelle en France. Dans les milieux des experts scientifiques et des ONG, le cas du Japon est particulièrement discuté. Selon des observateurs avertis, «le Japon a capturé plus de 10.000 baleines ces vingt dernières années, principalement des petits rorquals chassés dans l’océan Austral. Officiellement, c’est à des fins scientifiques. Ce ne serait donc pas une entorse au moratoire international. En réalité, il s’agit d’alimenter le marché japonais en viande de baleine. Le but est commercial, pas scientifique», avancent-ils. Une situation maintes fois dénoncée par l’ONG Greenpeace. La chasse n’est pas la seule activité humaine qui met les baleines en péril. La pêche industrielle perturbe aussi leur chaîne alimentaire et les piège dans ses filets. Les pollutions chimiques provoquent des cancers et des problèmes de reproduction. Le bruit détruit leur système d’orientation et les condamne à mort. Les changements climatiques dus à nos activités menacent également les baleines. Ils raréfient l’ozone, nécessaire aux cétacés, et perturbent les écosystèmes marins, donc leur alimentation. De l’avis des chercheurs, les solutions pour préserver les baleines seraient, entre autres, l’arrêt complet et définitif de la chasse baleinière industrielle. Ils préconisent, par ailleurs, le développement d’alternatives à la chasse baleinière, comme l’observation des baleines en mer. Celle-ci générerait bien plus de retombées économiques que la chasse. En Islande, les revenus annuels liés à l’écotourisme baleinier sont estimés à 117 millions de dollars, contre 4 millions de dollars pour la chasse baleinière. Pour les ONG défenderesses de la baleine, il est nécessaire également d’encourager le développement de sanctuaires baleiniers qui sont des zones où les baleines peuvent se nourrir et se reproduire en toute tranquillité. Ce type de sites existe dans l’océan Indien, dans l’océan Austral, mais aussi au large des côtes françaises, et italiennes. Certains cependant ne sont pour l’instant que des coquilles vides.
Malika ALAMI

whaling Neshkan grey whale 02 (C) kentish Plover_Flickr.jpg
33 m de long et plus de 100 tonnes

La baleine est un mammifère marin de grande taille classé dans l’ordre des cétacés. Il existe en fait 13 espèces de grandes baleines. Parmi eux, les deux animaux les plus grands, ayant jamais existé : le rorqual commun et la baleine bleue ou rorqual bleu. La taille de cette dernière dépasse 33 m de long et pèse plus de 100 tonnes. Le coeur de ce type de baleine, à lui seul, peut atteindre 1 tonne tandis que sa langue peut peser 3 tonnes, alors que d’autres espèces ont la taille d’un homme. On a longtemps cru que les baleines étaient des poissons. Pourtant, Aristote avait déjà observé qu’elles possèdent des évents et non des branchies, ce qui indique qu’elles ont des poumons. Elles allaitent leurs petits, ce qui les classe comme mammifère. Parmi les baleines à dents, les cachalots (les plus grandes pouvant atteindre 18 m) ont une nourriture à base de calamars, de seiches et de pieuvres. Au XIXe siècle, certaines villes de la Nouvelle-Angleterre, sur la côte Est des États-Unis, dépendaient entièrement de la chasse à la baleine. Aujourd’hui, la baleine joue un rôle culturel important chez de nombreux peuples qui pratiquaient ou pratiquent encore la chasse traditionnelle, tels les Amérindiens de la côte Ouest du Canada, ceux du Nord des États-Unis et les peuples Inuits de l’Arctique. C’est pourquoi certains peuples aborigènes vivant aux États-Unis, au Canada et dans les îles du Pacifique bénéficient de clauses qui leur permettent de chasser des espèces menacées, mais à très petite échelle.

Source : leconomiste.com (09.06.10)

En savoir plus sur la CBI : diplomatie.gouv.fr  International Whaling Commission

Loading...