Peut-être serez-vous cet été, comme de nombreux Normands, en vacances sur le littoral français, au bord de la Méditerranée ou sur la côte atlantique. Et peut-être croiserez-vous alors un cétacé lors d’une escapade en bateau, surtout si vous participez à une excursion liée au tourisme baleinier, en plein essor.

Car l’été est la meilleure saison pour observer ces mammifères marins, comme l’explique Frank Dhermain, président du Groupe d’Etude des Cétacés de Méditerranée (Gecem) : «C’est surtout de mai à octobre que la population de baleines est la plus diversifiée, avec l’arrivée pour l’été d’espèces migrant du sud au nord de la Méditerranée. Quant aux dauphins, même si beaucoup sont sédentaires, comme les grands dauphins près de la Corse, les conditions maritimes estivales favorisent grandement les rencontres… En Méditerranée, le rorqual commun et le dauphin bleu et blanc sont les plus fréquemment visibles. Mais il existe de nombreuses autres espèces, notamment le grand dauphin, qui commence à revenir sur les côtes provençales après avoir été décimé après-guerre.»

Animaux venus du Nord 

Mais ces populations sont presque impossibles à quantifier et les spécialistes ne se risquent pas à avancer des chiffres. «Il est très difficile de récolter des données précises, car on est dans un milieu ouvert, poursuit Frank Dhermain. Aujourd’hui, les outils de recensement les plus fiables restent les observations et les échouages. Ces deux techniques d’estimation permettent de dire que les effectifs et le nombre d’espèces en Méditerranée sont stables depuis 1990, date du premier et seul dénombrement.»

Une impression de stabilité qui, d’après Ghislain Dorémus, biologiste au Centre de Recherche sur les Mammifères Marins (CRMM) de l’Université de La Rochelle, se vérifie aussi sur la côte atlantique. Le scientifique signale toutefois une diminution inexpliquée du nombre d’observations de rorquals l’an dernier et une augmentation des effectifs de marsouins communs cette dernière décennie, qui serait due au déplacement des populations venues de la mer du Nord.

Une baleine grise en Méditerranée

Le réchauffement climatique serait-il à l’origine de ces mouvements ? Comme cette baleine grise qui s’est retrouvée, au mois de mai dernier, en Méditerranée, au large d’Israël, quittant pour la première fois depuis des siècles l’océan Pacifique ? «Ce cas est une véritable exception. L’hypothèse la plus probable est qu’elle a emprunté un passage maritime habituellement recouvert de glace qui relie le Pacifique à l’Atlantique, puis a bifurqué en Méditerranée, commente Frank Dhermain. Aujourd’hui, l’échelle de temps est trop courte pour savoir s’il y aura un jour une redistribution des espèces de cétacés ou même si les baleines devront changer leur régime alimentaire en mangeant plus de poisson et moins de krill…»

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Les espèces les plus visibles

Le grand dauphin : Ces dauphins uniformément gris – la couleur est plus ou moins foncée selon les individus – se distinguent par un bec bien dessiné qui pointe en avant et par ses 3 mètres de long qui en font le plus grand des petits dauphins. Il nage dans la Manche, l’Atlantique et la Méditerranée, près des côtes et en haute mer.

Le dauphin bleu et blanc : Avec son bec fin bien visible, son dos gris, son ventre blanc et les lignes grises qui ondulent sur ses flancs, on le distingue facilement des autres dauphins. Cette espèce longue de près de 2 mètres vit en haute mer. Elle abonde en Méditerranée, est répandue en Atlantique, mais reste rare dans la Manche.

Le dauphin de Risso : Gris marbré de blanc, dépourvu de bec, il est facilement reconnaissable. Animal farouche, ce dauphin de 3 mètres préfère la haute mer, même si on en voit parfois près des côtes. Méditerranéen avant tout, on ne le trouve qu’occasionnellement dans la Manche et l’Atlantique.

Le globicéphale noir : Presque entièrement noir, il n’a pas de bec, mais un front bombé, un aileron dorsal long et bas. Mesurant entre 4 et 5 mètres de long, il se laisse voir au large en Méditerranée, dans l’Atlantique ou dans la Manche.

Le petit rorqual : Avec ses 8 à 9 mètres de long, il n’est pas si petit. Pour le reconnaître dans l’océan Atlantique ou la Manche (rarement en Méditerranée), où il fréquente régulièrement les côtes et la haute mer, guettez sa tête allongée, son aileron dorsal au tiers postérieur du dos et sa bande blanche très visible en travers de ses nageoires pectorales.

Le rorqual commun : C’est en haute mer (Atlantique, Manche et Méditerranée) qu’il traîne ses 20 mètres, desquels on distingue une tête longiligne et un aileron au tiers postérieur de son dos gris foncé. Son souffle, peu discret, se dirige droit vers le haut.

Le cachalot : Ce cétacé à la tête massive mesure une douzaine de mètres. Dépourvu d’aileron sur son dos gris-brun, il a une sorte de crête sur le bas du dos, avant la queue. Il signale sa présence dans les eaux profondes de Méditerranée et de l’Atlantique (rarement de la Manche) par des souffles d’eau en oblique bien visibles.

Source : lematin.ch

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