(Gaspé) La Gaspésie risque d’être exclue du prochain Plan Saint-Laurent, en négociation entre Québec et Ottawa. Les organismes gaspésiens craignent d’être privés pour les 15 prochaines années des programmes de financement liés au Plan, qui visent à assainir les eaux, à conserver et à faire de la recherche sur les milieux marins et à éduquer le public.
Le document de consultation présenté par les deux gouvernements détermine cinq «zones névralgiques prioritaires» sur lesquelles les gouvernements «concentreront leurs interventions», soit les alentours de Montréal et de Québec, le lac Saint-Pierre, l’Estuaire (de Tadoussac à Cap-Chat) et les Îles-de-la-Madeleine. «Cette approche permettra d’utiliser les outils et les ressources requises pour obtenir des résultats mesurables dans les tronçons du Saint-Laurent aux prises avec les problèmes les plus criants», ajoute-t-on. L’entente vaudra pour 15 ans. Esther Blier, directrice générale du Réseau d’observation de mammifères marins, juge «aberrant» que la Gaspésie ne soit pas parmi les zones névralgiques. «On con­naît ses richesses naturelles et l’importance des activités [liées au golfe du Saint-Laurent] comme la pêche et le tourisme, dit-elle. Et la Gaspésie compte énormément de mammifères marins, dont certains en voie de disparition, comme le rorqual bleu et la baleine noire.» «Toutes sortes de programmes de financement sont liés [au Plan Saint-Laurent] pour mettre en place des projets liés à la survie du fleuve, ajoute Mme Blier. Si la Gaspésie n’est pas une zone névralgique, est-ce qu’on aura accès à de l’argent pour ces projets?» Au cours des cinq dernières années, 337 986 $ ont été alloués en Gaspésie par l’intermédiaire du Programme interactions communautaires, qui découle du Plan Saint-Laurent, soit 10 % des 3 446 520 $ distribués dans l’ensemble du Québec. Sur la même période, le comité ZIP (zone d’intervention prioritaire) Baie-des-Chaleurs a reçu 375 000 $ grâce au programme Zones d’interventions prioritaires, toujours en vertu du Plan. Par ailleurs, Mme Blier se dit contre le principe de gestion par zones névralgiques. «Le Saint-Laurent est composé d’écosystèmes interreliés», argue-t-elle.

Humpback tail(C) Bill Liao-Flickr.jpg


Organisme menacéJoey Fallu, directeur du comité ZIP de la Baie-des-Chaleurs, craint que l’exclusion de la Gaspésie sonne le glas de son organisme. Bon an, mal an, de 60 % à 100 % du financement du comité dépend du Plan Saint-Laurent. Parmi les activités de l’organisme, on compte la sensibilisation du public à l’érosion côtière, la recherche sur des espèces menacées et des suivis sur l’état des bancs de coques. Quatre versions du Plan Saint-Laurent se sont succédé depuis 1988. Le Plan a notamment permis de réduire les rejets toxiques dans le Saint-Laurent, de créer le parc marin Saguenay-Saint-Laurent et de protéger 116 650 hectares d’habitat naturel.
Source :  cyberpresse.ca   (15.10.10)

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