D’après un article publié dans la revue Animal Conservation, des tests ADN effectués sur de la viande de rorqual de Minke ont confirmé que des baleines, appartenant à une population protégée, ont été tuées pour approvisionner les supermarchés japonais. L’étude de l’équipe de Vimoksalehi Lukoschek, de l’Université de Californie, porte sur les rorquals de Minke (Balaenoptera acutorostrata) vivant au large du Japon et de la Corée. La plus petite espèce de baleine atteint près de 8 mètres et 10 tonnes à l’âge adulte, et sa valeur sur le marché s’élève à $10000 par individu.
Bien qu’un moratoire sur la chasse à la baleine soit en vigueur depuis 1986, la Commission Baleinière Internationale tolère la «chasse à la baleine scientifique». Le Japon, seule nation à opérer ce type de chasse, prélève jusqu’à 160 rorquals de Minke du Pacifique Nord chaque année. Cependant, ces rorquals sont censés provenir d’une population saine connue sous le nom de « stock O », et non du « stock J », sévèrement décimé par la chasse intensive et protégé par la CBI.
Les prises accidentelles dans les filets de pêche font également du tort à la conservation des espèces protégées. En effet, les prises (poissons, cétacés, oiseaux) ne peuvent pas être vendues ; toutefois, lorsqu’il s’agit de baleines, certaines nations comme le Japon et la Corée, permettent aux pêcheurs d’abattre et de vendre la viande des cétacés. D’après Lukoschek, «ces prises accidentelles de baleines au Japon et en Corée relèvent plus de la chasse commerciale non régulée que d’une pêche accidentelle ou illégale». Les chiffres officiels faisaient état de 20-30 prises accidentelles de rorqual de Minke par an dans les années 1990, mais, avec l’autorisation de commercialiser les prises accessoires en 2001, celles-ci atteignent aujourd’hui 89 à 137 rorquals par an (!!!). Avant ce changement de politique, les prélèvements devaient être détruits ou vendus localement, et reportés aux autorités nationales.
Depuis les dix dernières années, l’équipe de Lukoschek et du généticien C. Scott Baker du Marine Mammal Institute de l’Université de l’Oregon, effectue des prélèvements périodiques sur les produits à base de viande de baleine, vendus dans les commerces et restaurants coréens et japonais. Les dernières analyses génétiques des chercheurs confirment la présence de rorqual de Minke ainsi que de viande de 25 autres espèces de baleines et de cétacés à dents. Les résultats montrent que 46% des échantillons proviennent de rorqual du « stock J ». Avec l’augmentation des prélèvements, ce stock pourrait être épuisé en quelques décennies. La population actuelle est estimée à moins de 14000 individus. Les prélèvements coréens sont «également assez élevés, avec jusqu’à 160 prises annuelles». Une étude publiée en 2007 suggéra que «le nombre de prises accidentelles reporté représentait environ la moitié des prises totales».
Source : ScienceNews