C’est la deuxième année que de le « Sundance Festival » aura lieu à Londres, il se déroulera du 25 au 28 Avril 2013. Le film Blackfisk a été sélectionné comme l’un des 14 titres du Festival. Il raconte l’histoire de la célèbre orque Tilikum et la désillusion croissante de certains soigneurs de Seaworld.



Ce film polémique provoque beaucoup d’émotion. John Hargrove est l’un des soigneurs principaux qui a aidé à réaliser ce film. J’ai travaillé avec John et les orques au Marineland d’Antibes. Son contact avec les épaulards était excellent, la femelle dominante était sous son charme ! Un soir, durant le spectacle de nuit, John m’a emmené au bord du bassin arrière, il n’y avait pas de lumière et on ne savait pas où se trouvaient les orques. La femelle dominante est arrivée pour lui a fait la fête. C’était un moment magique.

Quand il m’a annoncé qu’il présentait un film au « Sundance Festival », j’ai voulu en savoir plus.

Bonjour John, Peux –tu  te présenter ?

Je m’appelle John Hargrove, j’ai toujours été passionné par les animaux. Ma mère m’a appris très tôt à les aimer et à les respecter. A l’âge de 6 ans, j’ai visité un parc SeaWorld avec mes parents, j’ai été tellement  fasciné par le spectacle des orques que j’ai décidé d’en faire mon métier.

Quand as-tu commencé ta carrière ?

J’ai commencé ma carrière à  SeaWorld au Texas en 1993, j’avais alors 20 ans. J’ai ensuite travaillé dans un parc en Californie en 1995. En 2001, j’ai été engagé afin de superviser la nouvelle installation des orques au Marineland d’Antibes, j’y ai travaillé durant 2 saisons. Ensuite, Je suis retourné au SeaWorld au Texas et j’y suis resté jusqu’au mois d’août 2012.

Quelles étaient tes motivations pour travailler avec les orques ?

Ma principale motivation a toujours été la relation entre le soigneur et les épaulards. Le fait que les orques soient des animaux dangereux, cela me donne la sensation d’avoir une relation encore plus précieuse.

Tu n’as jamais eu peur d’un accident ?

Comme je l’explique à ma famille et à mes amis, j’aime ces animaux mais c’est vrai qu’il y a toujours un risque, même si le soigneur a de l’expérience et que le contact est bon. Le public a réellement compris les dangers du métier avec Alexis Martinez qui a été tué par Keta au Loro Parque de Ténériffe la veille de Noël 2009 (John a nagé avec Keto lorsqu’il vivait dans un parc en Californie). 60 jours plus tard, c’est Dawn Brancheau qui a perdu la vie d’une manière effroyable le 24 février 2010 avec Tilikum à Seaworld. Personnellement, j’ai été dans des situations dangereuses avec les orques dans des moments où j’étais sous l’eau mais j’ai toujours eu confiance et j’ai travaillé les comportements pour transformer les situations critiques en quelque chose de positif.

Quel est ton rapport avec les orques ?

Chaque épaulard a une personnalité et une histoire différente, il est essentiel pour un soigneur de connaître parfaitement ses animaux. J’évoluais en dehors de leur structure sociale mais j’étais là pour leur donner  des choses positives et de la distraction. Les orques m’ont donné énormément au cours de ma carrière et je suis convaincu de la « puissance du toucher » avec les cétacés. Le toucher ne doit pas être un contact anodin, il doit être authentique. Ce sont des animaux excessivement intelligents capables de percevoir la moindre de nos demandes. Ils sont capables d’évaluer l’importance de la requête par la motivation que nous y mettons. Il faut savoir  également les remercier de nous avoir permis de travailler en toute sécurité. C’est une relation basée sur l’amour et le respect.

Pourquoi avoir fait ce film ?

Je veux montrer au travers de ce film qu’un soigneur aime ses animaux, qu’il veut le meilleur pour eux et il y travaille tous les jours pour cela. La priorité et l’objectif d’un soigneur est la qualité de vie des animaux et surtout pas le profit. En tant que soigneur expérimenté, je ne peux pas toujours aller contre les décisions de SeaWorld même si je ne suis pas d’accord. Cela peut créer des tensions avec la direction. Blackfish est le titre de ce documentaire qui a fait la sélection officielle pour le Festival de Sundance 2013. Le thème du film est de savoir si nous avons le droit de conserver ces grands animaux intelligents en captivité à des fins de divertissement. Le film parle également des décès à la suite des agressions et des attaques dont très peu de gens sont au courant. Ce film examine les motivations des soigneurs pour faire ce travail. Leur amour pour ce métier doit apporter une meilleure vie possible pour les animaux.
A SeaWorld, les épaulards et les soigneurs sont exploités par une entreprise très puissante qui ne partage pas assez les bénéfices à ces derniers qui ont rendu l’aventure possible. Ma carrière avec les orques a duré 19 ans. Actuellement, je constate que les mentalités changent envers la captivité, en particulier pour les orques et les dauphins, mais il ne semble pas que SeaWorld veuille entendre les avis extérieurs.
Mon avis a également changé et évolué et je ne suis plus d’accord avec la mentalité rétrograde de SeaWorld. Presque tout l’aspect éducatif a été retiré des spectacles et les installations n’ont jamais été améliorées depuis les années 80. Les bénéfices ne sont pas redistribués aux animaux qui pourraient profiter  de la recette toujours en croissance. A la place, l’argent est utilisé pour construire ou rénover des montagnes russes ou les restaurants des parcs. Les orques méritent pourtant la plus belle installation avec plus d’espace et plus d’enrichissement.

Quel est ton but ?

Mon but, c’est que le public, qui détient du pouvoir,  réclame que l’éducation soit ramenée dans les spectacles, et que l’on utilise les profits pour construire des installations plus grandes et de meilleure qualité pour ces animaux étonnants. Je crois fermement que nous avons  l’obligation morale de le faire. Ces orques sont à notre charge et leur participation a permis de gagner des milliards de bénéfices. Je veux être leur porte-parole et enseigner au public les possibilités qu’ils ont en tant que clients afin d’œuvrer pour un changement. Une amélioration nécessaire pour de meilleures conditions de vie au sein d’une entreprise qui peut se le permettre. J’ai été très chanceux d’avoir eu la carrière que j’ai eue, j’ai nagé avec beaucoup d’orques différentes dans le monde entier. Chaque épaulard m’a touché. Ce sont vraiment des animaux merveilleux qui provoquent de très fortes émotions chez les gens, juste en les regardant.
C’était une bénédiction pour moi d’avoir pu construire ces relations avec les orques mais maintenant j’ai besoin de me battre pour leur donner la meilleure vie possible.

La sortie mondiale du film Blackfish est prévue pour cet été. Auteur : Frédérique Gilbert Source : rtl.be  (21.04.13)
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