Pêche – Les chercheurs sont appelés à la rescousse contre les orques voleuses de légines, poissons de grand fond des mers australes et appréciés des Japonais et des Américains.

Les pêcheurs de légines ont appelé à l’aide les chercheurs face à la voracité des orques qui ne font qu’une bouchée des poissons pris sur leurs lignes. Des familles d’orques, aussi appelées épaulards, ne laissent que la tête accrochée à l’hameçon. Une « technique » qu’elles « transmettent aux jeunes individus du groupe par imitation », souligne Christophe Guinet, spécialiste des orques du CNRS. A la demande des armateurs français du Syndicat des Armements Réunionnais de Palangriers Congélateurs (SARPC), un consortium réunissant le SARPC, l’Ifremer, le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), le CNRS et les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) et la société finistérienne fabricante de casiers Le Drezen, a décidé de riposter en début d’année en organisant une campagne d’étude baptisée « Orcasav ». Cette pêche est lucrative pour les palangriers qui travaillent sous strict contrôle dans les archipels de Crozet et des Kerguelen, dans le sud de l’océan Indien : la légine, très prisée par les amateurs de morue noire (black cod) dont les stocks se raréfient, arrive en valeur juste après le thon rouge. Depuis les premières pêches à la légine, dans les années 90, le plus grand des dauphins noir et blanc rendu célèbre par Keiko, le héros du film Sauver Willy, a vite compris comment se nourrir des prises lors de la remontée de la palangre, une ligne de grande profondeur avec des hameçons tous les 1,2 mètre.

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Protéger les légines des cétacés

Contrairement au cachalot, « l’orque qui plonge à 300 ou 500 m ne se nourrit pas de légine qui vit à 2 000 m, profondeur qui ne lui est pas accessible », selon Christophe Guinet. Dans la zone de Crozet, les déprédations sont les plus fortes et le quota de pêche le plus faible de 700 à 1 000 tonnes ajustées en fonction du prélèvement des cétacés. A l’initiative du SARPC, « Orcasav » a été menée dans la Zone d’Exclusivité Economique française (ZEE) de l’archipel de Crozet. Objectif : tester des casiers pour piéger les légines et les protéger des cétacés. Une solution serait de remplacer les palangriers par des caseyeurs, ces navires spécialisés dans la pêche aux casiers. Les observations scientifiques laissent entrevoir une autre solution : un certain mouvement de palangre dissuade les orques à la relève des lignes et il faudrait affiner le pilotage des bateaux pour permettre à la légine d’échapper à la voracité des prédateurs.

Un livre

L’orque ou l’épaulard, prédateur haut de gamme et aux facultés d’adaptation particulièrement étonnantes, reste néanmoins mal connue. Ce premier ouvrage de la collection Découverte, chez Kameleo, brosse un portrait complet du plus grand des dauphins.

Dans le sillage des orques, de Jean-Pierre Sylvestre, éditions Kameleo, 163 pages. Prix : 23 €.

Source : lejsl.com   (18.03.10)

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