Courrier adressé à Chérie FM, le 21 avril 2010.
Madame, Monsieur,
Depuis plus de 20 ans, notre association est dédiée à la protection des cétacés.
Nous avons récemment été informés du fait que vous aviez lancé un jeu qui a pour but de faire gagner, à vos auditeurs, un séjour au parc aquatique Marineland à Antibes, lequel détient, entre autre, des dauphins et orques captives.
Nous nous préoccupons, avec beaucoup d’intérêt, de la population captive de cétacés et de l’impact de la demande des delphinariums sur les populations sauvages. En effet, bien que certains cétacés naissent aujourd’hui en captivité, des dizaines d’autres sont encore capturés chaque année, dans leur milieu naturel, pour fournir les delphinariums, dont certains européens ; or, un cétacé prélevé dans son environnement, à des fins lucratives, de recherche et d’exhibition n’est plus disponible pour contribuer au renouvellement des populations ; la capture constitue par conséquent une menace directe sur la biodiversité marine et est équivalente à tuer délibérément ou accidentellement un individu (IUCN/SCC).
Le processus de capture et de transport, l’adaptation difficile aux conditions de captivité, la dépendance de l’homme pour obtenir de la nourriture, les groupes sociaux artificiels, et l’espace vital réduit sont des facteurs de stress et de souffrance, qui génèrent l’immunodépression, la contraction de maladies et une mortalité élevée chez les cétacés captifs.
Pour votre complète information, nous joignons au présent courrier l’une de nos brochures sur la condition des cétacés captifs. Celle-ci s’appuie sur des faits scientifiquement avérés.
Outre la portée éthique du maintien des cétacés dans un environnement confiné, plusieurs accidents récents ayant impliqué des orques et leurs dresseurs relancent le débat sur la captivité ; en effet, ces dernières semaines, deux dresseurs travaillant avec des orques captives ont trouvé la mort – et des dizaines d’accidents sont à déplorer depuis les années 70 ! – Ceci démontre parfaitement le réel danger de cohabitation humain/orque captive.
LES CÉTACÉS CAPTIFS DU MARINELAND D’ANTIBES EN 2010
Le Marineland d’Antibes est le premier delphinarium ouvert en France, et le seul, avec le Loro Parque de Tenerife, aux îles Canaries, à posséder des orques captives en Europe. Malgré des naissances en captivité, l’historique du Marineland d’Antibes est marqué par la mort de nombreux dauphins et orques captifs, depuis son ouverture en 1970 (Annexe 1) .
En 2010, la situation des cétacés d’Antibes est préoccupante ; les dauphins et orques, dont l’effigie permet la vente d’un grand nombre de produits dérivés, ne sont plus seulement utilisés pour produire des spectacles ; ils sont aujourd’hui devenus de véritables produits marketing afin de booster les recettes du parc. Suivant l’exemple de la multinationale américaine SeaWorld, le parc a multiplié les offres commerciales durant ces dernières années : « Visite VIP : Découvrir les animaux du Marineland et le métier de soigneur » pour 169€/personne, ou « Show nocturne d’orques et dîner -spectacle » 79€/personne. En dehors des shows, il est demandé à certains dauphins d’interagir avec les visiteurs dans le cadre de « Rencontres avec les dauphins » au prix de 69€/personne. Enfin, la situation est précaire ; en dépit des modifications effectuées pour agrandir les bassins des cétacés, les années 2007, 2008, 2009 et 2010 ont été marquées par la mort d’un dauphin, d’une orque, par deux gestations non menées à terme, sans qu’aucune naissance n’ait été reportée pour compenser ces pertes.
Les grands dauphins (Tursiops truncatus) : Le parc possède aujourd’hui dix dauphins, dont quatre sont nés en captivité au parc, et une femelle est née en Italie. Les autres ont été capturés à l’état sauvage. Aucun petit n’est né vivant depuis fin 2006. Deux femelles en gestation ont avorté fin 2009 et début 2010.
Les orques (Orcinus orca) : Trois des quatre orques captives au Marineland sont nées dans les bassins du parc. Cependant, le groupe de quatre orques est à son plus bas niveau depuis 14 ans, avec la dernière naissance il y a neuf ans, la mort de deux petits en 2001 et 2003, et de deux adultes en 2005 et 2009, puis la vente d’une jeune femelle à un parc américain en 2002.
Après 40 années d’opération, les naissances en captivité ne compensent toujours pas le nombre de cétacés sauvages morts au parc en 1970, 1973, 1978, 1979, 1982, 1987, 1991, 1992, 1993, 2005 et 2009. En milieu naturel, la longévité maximale des orques femelles est de 90 ans, et celle des mâles est estimée à 50-60 ans (Olesiuk et al.1990). Quant aux dauphins, les femelles peuvent atteindre 50 ans et les mâles 40-45 ans (Wells & Scott, 1999). La mortalité due à l’âge est donc écartée concernant les cétacés morts au Marineland (Annexe 1).
La mortalité des adultes, des jeunes et l’incidence élevée de morts-nés constituent des facteurs régulateurs des populations de cétacés en captivité. Afin de pallier le déficit de reproduction en bassin et pour compenser la mortalité, le Marineland peut opter pour l’achat de spécimens sauvages, ou importer/échanger des individus captifs dans d’autres parcs. L’échange, le prêt ou la vente de cétacés adultes sont intéressants pour les parcs, car ils optimisent les chances de reproduction et préviennent la consanguinité. Néanmoins, ces transferts impliquent des risques de mortalité liée au stress lors du transport, des problèmes d’adaptation, mais surtout privent les cétacés délocalisés de la compagnie de leur groupe familial, au sein duquel ils vivent durant toute leur vie en milieu naturel, pour le cas des orques. Votre groupe est influent sur les ondes et vos messages touchent des milliers de foyers quotidiennement. Proposer à vos auditeurs de leur faire découvrir le monde animal est une excellente initiative tant que cela se fait dans un souci de respect de la nature.
Il est tout à fait possible de voir évoluer des cétacés en milieu naturel en France, que ce soit sur le littoral Nord, Atlantique, Méditerranéen, ou dans les DOM-TOM ! Et notre équipe se tient à votre entière disposition pour organiser une VRAIE et AUTHENTIQUE rencontre entre vos auditeurs et des cétacés… libres !
En vous remerciant par avance de l’attention que vous porterez à ce courrier,
Nous vous prions de croire, Madame, Monsieur, en l’expression de nos salutations distinguées.
Sandra Guyomard – Présidente
Chloé Yzoard – Conseillère Scientifique
PJ :- Annexe 1: Population captive actuelle et mortalité des cétacés captifs au Marineland d’Antibes durant la période 1970-2010
(M : Mâle ; F : Femelle ; NC : Né en captivité ; S : Origine sauvage, Capt : /Nais : Dates de capture/Naissance en captivité)
Orque (Orcinus orca)
Grand dauphin (Tursiops truncatus)
– Brochure « Les dauphins et la captivité, ce que les delphinariums ne vous disent pas »
Télécharger la brochure d’information
RÉAGISSEZ AUSSI !
Pour cela, nous vous invitons à écrire, cette semaine, un mail courtois à Chérie FM via le formulaire de contact. Nous vous suggérons un modèle ci-dessous que nous vous invitons à personnaliser. N’hésitez pas à préciser que vous êtes un auditeur de Chérie FM, si c’est le cas, votre mail aura d’autant plus d’impact.
Madame, Monsieur,
J’ai récemment été informé(e) du fait que vous aviez lancé un jeu qui a pour but de faire gagner, à vos auditeurs, un séjour au parc aquatique Marineland à Antibes, lequel détient, entre autre, des dauphins et orques captives.
Je me préoccupe avec beaucoup d’intérêt de la condition des cétacés captifs et apporte, par ce mail, mon soutien au courrier qui vous a été adressé par l’association Réseau-Cétacés en date du 21 avril 2010.
Cordialement,
IMPORTANT : merci de faire un « copier/coller » du mail envoyé à Chérie FM et de l’adresser à info@reseaucetaces.org ainsi nous pourrons avoir une idée précise du nombre de participants à cette action ! Merci de votre participation et… merci de diffuser ce message !