Le voyagiste Escursia a mis en place un séjour consacré aux cétacés de l’Océan Indien. La Réunion fait partie du circuit.

L’attrait suscité par les baleines dépasse désormais nos frontières. Un tour opérator parisien a mis en place un voyage de neuf jours consacré aux grands cétacés de l’Océan Indien. Ce “tourisme intelligent” offre une nouvelle carte de visite à la destination Réunion. C’est aussi le moyen, à terme, de sauver les mammifères.

Depuis deux ans, le passage des baleines suscite à la Réunion un engouement grandissant. Plusieurs prestataires n’ont pas tardé à s’engouffrer dans le créneau en proposant des sorties. Mais jusque-là, cette curiosité se cantonnait à notre territoire. Les lignes sont en train de bouger. Car les médias nationaux ont bien fini par mesurer l’intérêt suscité par les mammifères marins. TF1 n’a pas lésiné sur le sujet en consacrant une série de reportages une semaine durant, il y a peu. Les baleines ont eu droit à leur deux minutes d’antenne. Le phénomène séduit même les tour-opérators. Escursia, petite société parisienne créée en 2003, a intégré dans son catalogue une séjour de 9 jours et 7 nuits à la Réunion, avec des extensions possibles à Maurice. Au programme : une observation approfondie des grands dauphins, baleines à bosse, globicéphales et cachalots. Uniquement de juin à octobre. Sauf que le voyage présente une définition bien particulière. Ce n’est pas un produit de consommation courante que l’on gobe comme ça. Respect et compréhension sont les maîtres mots d’une idéologie en plein boom. Les critères : « de beaux paysages, des rencontres exceptionnelles et un apport de connaissance significatif », explique le co-fondateur d’Escursia, Nicolas de Saint-Aignan. « Quand on a des explications sur ce qu’on voit, la découverte reste exceptionnelle ». Un idéal qu’il parvient à réaliser en contactant « des gens d’exception, des naturalistes, des scientifiques, des thésards » des quatre coins du globe.(c) Blue dolphin Marine Tour_ FLickr.jpgDes conditions optimales pour une clientèle exigeante

A la Réunion, l’association Abyss est le partenaire privilégié d’Escursia. Son président Fabrice Schnöller s’est rendu en 2008 à Paris à la rencontre de ces voyagistes. Sa proposition a fait mouche et en avril dernier, béat devant la richesse de l’île, Nicolas de Saint-Aignant a validé le projet. Aujourd’hui, le conseiller scientifique Fabrice Schnöller transmet sa passion aux touristes. Son créneau : étudier les interactions comportements/acoustique chez les cétacés, apprendre les techniques acoustiques marines. Ce circuit grands cétacés a séduit une dizaine de participants pour son démarrage. Pas énorme. Mais peu importe le nombre. Cette approche rationnelle et respectueuse du territoire inconnu ne séduira jamais la masse, et c’est bien là son fondement. De par le monde, Escursia propose 500 voyages scientifiques, naturalistes ou écosolidaires pour environ 80 destinations. Exemple : une virée au Nicaragua en compagnie d’un géologue… Non c’est sûr, on n’est pas au Club Med. « Même si on touche 40 clients par an, c’est déjà ça. Ca pourrait modifier le regard des autres opérateurs sur leur mode opératoire, la Réunion bénéficierait d’une meilleure image ».

« On ne leur court pas derrière »

A ses yeux, l’île doit passer par là : parvenir à développer un « tourisme intelligent », en osmose avec l’environnement. C’est le fil conducteur de sa démarche. « Nous sommes des guides écologues. On passe plusieurs heures avec les cétacés. On ne bouge pas, on ne leur court pas derrière, on les attend. C’est mieux les respecter », explique-t-il. Après la sortie en mer, « l es touristes participent au traitement scientifique des données, reçoivent des explications, regardent des films ». Une règle qui est loin de prévaloir sur l’île. Quantité de clubs de plongée n’appliquent pas cette politique. Les escapades ne s’éternisent pas. Pour autant, nul besoin parfois de rester des heures dans l’eau, pour vivre ces quelques minutes uniques aux côtés d’une baleine. Et puis, tout le monde n’a pas forçément envie de cogiter toute une après-midi avec des scientifiques. Il en faut pour tous les goûts. Et il y en a pour tous les goûts

Damien Frasson-Botton

« Des premiers retours exceptionnels » Nicolas de Saint-Aignant est très satisfait de s’être lancé dans cette aventure réunionnaise. « Les premiers retours sont exceptionnels », lâche-t-il. « Les gens m’ont parlé d’une approche exceptionnelle de l’île ». Les circuits cétacés ont été lancés cette année. Dix participants y ont pris part. Ils reprendront l’année prochaine. Le responsable d’Escursia projette déjà d’organiser des séjours mettant en valeur d’autres richesses locales. « Avec la botanique, les oiseaux, la volcanologie et la mer, on a de quoi faire ».

Source : clicanoo.re   (21.09.10)

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