Marine Salaün est une adolescente brestoise presque comme les autres. À la différence, toutefois, que cette pétillante jeune fille s’est entichée des baleines à bosse après avoir gagné un concours et passé trois semaines sur l’île de Sainte-Marie, au large de Madagascar, où paradent les fabuleux cétacés.

L’affaire ne s’est pas trop ébruitée pour l’instant mais il paraît qu’en matière de cabotinage, la baleine à bosse se pose là. Autant la baleine bleue montre une certaine pudibonderie lors de la saison des amours, autant sa cousine en fait des caisses, n’hésitant pas à sauter, souffler et exhiber sa caudale au premier bateau qui passe. Le problème est que pour observer cette parade nuptiale, il vaut mieux se rendre sur l’île de Sainte-Marie, au large de Madagascar, où le cétacé a ses habitudes pour se reproduire au vu et au su d’à peu près tout le monde. Pas la porte à côté. Comment faire alors, lorsque l’on a 17 ans, que l’on suit ses études au lycée Charles-de-Foucault, à Brest, et que depuis son plus jeune âge, on vit «pour la mer et les animaux marins»? MarineSalaün a trouvé la solution. Elle a répondu, l’hiver dernier, à un concours organisé dans le magazine «Sciences et vie junior» pour devenir «éco-volontaire junior» auprès de l’association CétaMada. La sélection n’a pas été de tout repos. «Je devais d’abord envoyer un CV et une lettre de motivation. Le magasine m’a rappelée trois mois plus tard et je suis allée à Paris expliquer mes motivations lors d’un entretien personnel». Sur le nombre de postulants, ne restent que dix jeunes élus. Dont une seule Bretonne. Elle.
 
Whale-breach (C) Paulcjones_Flickr.jpg

Avec les touristes et les scientifiques

L’automne a posé ses bagages sur la cité du Ponant et Marine pense désormais au bac qui se dessine dans le lointain. Mais dès que son esprit et sa clé USB dérapent sur ce mois de juillet passé à Sainte-Marie, la pétillante adolescente, colifichet en forme de queue de baleine au cou, s’emballe. Elle raconte fiévreusement ses trois semaines passées devant la chambre nuptiale des mammifères s’étendant sur des kilomètres carrés d’eau salée, «où elles arrivent soit pour se reproduire, soit pour donner naissance à un petit baleineau». Un paradis pour baleine à bosse après un long voyage au départ de l’Antarctique, au moment où l’hiver austral commence à poser sa rigueur infernale sur la banquise. «Elles arrivent en juin et repartent en septembre. Pendant tout ce temps-là, les scientifiques deCetaMada procèdent à des observations de terrain». Les éco-volontaires juniors les accompagnent l’après-midi pour les aider à recenser la population de cétacés. «C’est compliqué. Il faut photographier la dorsale et la caudale pour enrichir la base de données». On dénombre environ 25.000spécimens à travers le monde. Il en existait 225.000 à l’aube des années 20. Le matin, Marine partait avec les touristes faire du «whale watching» comme ils disent. Rappel de la charte de bonne conduite, réponse aux questions : les jeunes servent de guides à ce voyage enchanté, à proximité de ces joyaux marins.

Militante du monde

De quoi faire naître des vocations à long terme. Si le premier choix de Marine sera sans doute les études de santé, la jeune fille n’a pourtant pas tiré de trait définitif sur la biologie marine. Ce qui est certain, en revanche, «c’est que j’y retournerai un jour et que je continuerai à militer pour CetaMada». Un acte réfléchi qu’elle pose comme un choix de vie du haut de ses 17 ans: «En tant que jeune, il me paraît impossible de ne pas militer pour quelque chose. C’est notre monde». Pour marquer le coup, elle rappelle que la pêche à la baleine a rapporté 10millions de dollars en 2009 quand le fameux «whale watching» en générait cent fois plus. Mordue, vous dit-on.

Steven Le Roy

Source : letelegramme.com  (01.11.10)


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