Depuis 35 ans, le Conservatoire du Littoral administre, protège et met en valeur les espaces littoraux les plus remarquables et les plus menacés du territoire français métropolitain et de l’Outre-mer. Les experts de cet important établissement public français interviennent également à l’étranger, notamment dans le cadre de partenariats avec les autorités locales.
Grâce à l’action du Conservatoire du Littoral, nous pouvons profiter de centaines de kilomètres de plages sauvages et de sentiers côtiers préservés. De la pointe du Raz, en Bretagne, au cap Corse, sur tous les rivages de France, le Conservatoire du Littoral, depuis 35 ans, acquiert des terrains pour les soustraire à la pression de l’urbanisation. Cet important organisme public français est propriétaire de 80 000 hectares, et étend sa protection juridique à 138 000 hectares répartis sur 1 200 kilomètres de côte.
Un autre volet de l’activité du Conservatoire du Littoral est en plein développement : l’Outre-Mer. Des projets de protection et de valorisation des sites sont mis en œuvre depuis vingt ans dans les quatre départements d’Outre-Mer et à Mayotte. Le maintien d’une représentation locale du Conservatoire a été confirmé cette année, dans chacune des huit régions ultramarines concernées. « Pour les Caraïbes, l’Union Européenne apporte un concours financier régulier », indique Marc Duncombe, délégué à l’Outre-Mer. « En Guyane se développe un partenariat avec des institutions brésiliennes. Dans l’estuaire de l’Oyapock, par exemple, nous préparons une gestion coordonnée de sites brésiliens et guyanais, avec des opérations de suivi scientifique, de surveillance, de formation et un volet qui concerne le patrimoine culturel ».
Les territoires français des Antilles, de Saint-Martin, de Saint-Barthélemy, de Saint-Pierre-et-Miquelon, de Mayotte et de La Réunion présentent une biodiversité exceptionnelle : milieux coralliens, mangroves, forêts sèches… « Dans ces régions très contrastées, nous menons des interventions originales en fonction des spécificités statutaires, paysagères et environnementales », explique Marc Duncombe. Dans le Pacifique, en Polynésie française, un programme ambitieux de restauration des écosystèmes et de reconquête des espaces naturels et des accès à la mer et au lagon, est également à l’étude.
Le Conservatoire du Littoral agit aussi à l’étranger, notamment à la demande de pays souhaitant se doter de moyens de protection. A cet égard, la prise en compte de la situation locale et la recherche d’un consensus sont très importants. « Nous devons intégrer les populations locales à notre réflexion et leur prouver que notre action est efficace et économiquement rentable. Notre force de conviction nous permet d’emporter l’adhésion des plus récalcitrants ! » sourit Fabrice Bernard, délégué à l’International.
De nombreux pays méditerranéens ont engagé un partenariat avec le Conservatoire du Littoral. Dès 1994, la Tunisie a ainsi créé une agence de protection et d’aménagement du littoral. « Nous avons travaillé aux côtés du ministère de l’Environnement tunisien à la rédaction des textes législatifs, au choix d’un statut, à la recherche de financements. Les projets pilotes se sont enchaînés : préservation de zones humides côtières, comptage des poissons autour d’une île avant la mise en place d’une protection… S’agissant de politiques sur le long terme, cette relation est particulièrement intéressante », souligne Fabrice Bernard. En 2002, l’Algérie a également créé un Commissariat national du littoral avec l’appui du Conservatoire du Littoral. Avec le Haut-Commissariat des Eaux et Forêts du Maroc, les experts français effectuent le suivi de la population d’oiseaux rares qui débouchera sur un plan de gestion du site. Avec le gouvernement libyen, les responsables du Conservatoire cherchent à optimiser l’administration des institutions publiques. Cette coopération comprend un volet technique, dans le parc du Kouf, où est menée une réflexion sur le suivi de la biodiversité et les actions de préservation à mettre en œuvre. Un projet est par ailleurs en cours d’élaboration sur l’île de Socotra, au Yémen, avec le soutien du Fonds Français pour l’Environnement Mondial (FFEM).
Les îles sont d’ailleurs au cœur des préoccupations actuelles du Conservatoire du Littoral qui, en collaboration avec les pays méditerranéens et la Ville de Marseille, se penche sur les quelques 15 000 îlots que comptent la Méditerranée. Des administrateurs et des scientifiques de tous secteurs y mènent des actions concrètes. Par un comptage homologué, une équipe composée de chercheurs espagnols, tunisiens, libyens, marocains et français vient ainsi de découvrir qu’une île tunisienne abritait 95 % de la population d’une espèce d’oiseaux rares ! « Ce sont des mondes oubliés qui contiennent pourtant des paysages et des espèces qu’on ne trouve nulle part ailleurs », fait valoir Fabrice Bernard.
Source : 7sur7.be (novembre 2010)