70 ans: Un sacré long moment à passer seul(e)*. Good.is relate l’histoire d’une baleine qui subit depuis au moins une vingtaine d’année cette solitude. Elle chante en effet sur une fréquence de 51.75Hz, soit environ 25Hz au-dessus des autres espèces de baleines (qui chantent en général à une fréquence entre 12Hz et 25Hz). Chaque série d’appel qu’elle produit, une suite de deux à six chants de cinq à six secondes, n’est entendu par aucune des autres baleines.
Good.is reprend un podcast diffusé sur Public Radio, The Dinner Party Download, qui relate cette histoire.
Repérée pour la première fois en 1989 par le Woods Hole Oceanographic Institution, celle qui a depuis été surnommée la «baleine à 52Hz» a été enregistrée depuis régulièrement, grâce à l’utilisation d’«hydrophones», microphones fonctionnant sous l’eau et employés par la marine américaine pour traquer les sous-marins ennemis. L’équipe du Docteur William A. Watkins, maintenant menée par Mary Ann Daher (tous deux travaillant à l’Institution océanographique de Woods Hole à Cape Cod, Massachussets), est pionnière dans l’enregistrement des mammifères marins. Elle tente depuis plusieurs années d’écouter les conversations des baleines, dont la vie est encore trop peu connue. Personne ne sait exactement d’où vient ce chant si particulier: peut-être une malformation, «peut-être est-elle la dernière d’une espèce, ou membre d’une espèce dont on n’a que des traces fossiles», propose le blogueur Oll Lewis sur Still on the Tracks. Peut-être est-elle une baleine métissée, produit de la reproduction de deux baleines différentes… La liste des espèces est longue, et un tel croisement possible.
On ne sait si c’est une conséquence de son chant hors-norme, mais en plus de n’être pas entendue par les autres baleines elle «n’emprunte pas non plus les routes de migration connues des autres espèces de baleines», ce qui rend d’autant plus difficile la possibilité de la suivre durant une longue période. Grâce aux enregistrements on sait à quel endroit elle se trouvait à un moment donné, mais rien de plus. Il faudrait une dépense considérable de temps et d’énergie pour la pister de manière concrète.
Ainsi elle continue de chanter «hé, je suis là», mais «personne n’est au bout du fil pour répondre», propose Kate Stafford, chercheuse au Laboratoire National des Mammifères Marins à Seattle, Washington.
Les enregistrements de cette baleine solitaire peuvent être écoutés ici. On ne sait toujours pas, pour l’instant, à quoi elle peut ressembler; on ne peut qu’espérer qu’elle trouve un jour un (ou une) compère.* Certaines espèces de baleines peuvent vivre jusqu’à 77 ans.
Source : slate.fr (01.03.11)