La gigantesque marée noire dans le golfe du Mexique provoquée l’an dernier par l’explosion d’une plateforme exploitée par BP n’est pas une raison pour arrêter les forages en eaux profondes, a estimé lundi le président suédois du groupe pétrolier britannique.
« Si nous tirons les leçons de cet accident, je ne vois aucune raison de bloquer les eaux profondes comme une nouvelle zone d’exploration et de production pétrolière », a affirmé Carl-Henric Svanberg lors d’une conférence sur les catastrophes pétrolières à Malmö, dans le sud de la Suède.
Les Etats-Unis avaient levé en octobre un moratoire sur les forages pétroliers en eaux profondes décidé après la catastrophe. La Commission européenne avait abandonné au même moment un projet similaire, sous la pression notamment du Royaume-Uni.
« Toute extraction d’énergie a ses risques et c’est notre tâche et notre contrat avec la société de s’assurer que nous pouvons prendre ces risques de façon responsable », a déclaré le dirigeant, en soulignant que la demande d’énergie allait exploser au cours des prochaines années.
Ex-patron d’Ericsson, Carl-Henric Svanberg était arrivé à la présidence de BP en janvier 2010, trois mois seulement avant l’explosion de la plateforme Deepwater Horizon louée par BP au large de la côte sud des Etats-Unis.
La catastrophe avait causé la mort de 11 personnes et déversé en trois mois plus de quatre millions de barils de pétrole dans le golfe du Mexique avant le colmatage du puits Macondo, qui se trouvait par 1.500 mètres de fond. « Cet accident n’aurait jamais dû avoir lieu », a estimé M. Svanberg. « C’est un résultat d’une série complexe d’événements, de décisions et d’opportunités manquées par plusieurs parties ».
« Nous n’avons certainement pas été parfaits dans notre réponse, mais nous avons essayé de faire ce qu’il fallait faire et nous faisons des changements significatifs dans notre organisation à la suite de cet accident », a-t-il dit.
M. Svanberg s’exprimait à l’occasion d’une conférence sur la gestion des risques de marées noires organisée par l’Organisation maritime internationale (OMI), un organisme de l’ONU.
Six manifestants de Greenpeace, vêtus de combinaisons blanches tachées de noir, ont manifesté devant le centre de conférences, avec une bannière « Sauvez l’Arctique, plus de marées noires » et des faux cadavres d’oiseaux mazoutés.
Alléchées par des promesses d’immenses réserves d’hydrocarbures inexploitées, les compagnies pétrolières ont en effet mis le cap sur l’Arctique, au grand dam des défenseurs de l’environnement.
« L’Arctique est clairement un des endroits les plus risqués où ont actuellement lieu des prospections pétrolières », a dénoncé à l’AFP Therese Jacobson, une des militantes.
Le gouvernement local groenlandais a attribué en novembre dernier 7 blocs de prospection à l’ouest du Groenland à huit compagnies pétrolières et gazières. De nouvelles licences d’exploration, cette fois au nord-est, sont attendues d’ici la fin de l’année.
BP avait annoncé en août 2010 qu’il renonçait à tenter d’obtenir une licence au Groenland. Mais le britannique et son allié russe Rosneft ont annoncé en janvier un accord sans précédent en vue de prospecter une région immense de 125.000 kilomètres carrés au coeur de l’Arctique russe.
La place de BP pourrait finalement être occupée par sa coentreprise avec le russe TNK, TNK-BP.
Source : sciencesetavenir.fr (09.03.11)