Des représentants de gouvernements, les grandes industries et des biologistes marins de renommée internationale se sont réunis pour prendre une nouvelle série d’engagements afin de lutter contre le problème global de la pollution des mers et des océans de la planète.Malgré des décennies d’efforts pour prévenir et réduire l’accumulation de déchets marins comme le plastique, les filets de pêche abandonnés, ou encore les déchets industriels, il est évident que le problème ne cesse de s’aggraver. Le manque de coordination entre les programmes mondiaux et régionaux, les lacunes dans l’application de la réglementation en vigueur et les modes de consommation et de productions modernes ont accentué le problème. Réunissant des experts de 35 pays, des gouvernements, des organismes de recherche (dont celui de la Société Coca-Cola), et des associations professionnelles telles que Plastics Europe, la 5e Conférence internationale sur les débris marins a abouti à un nouvel engagement et de nouveaux partenariats pour s’attaquer au problème des débris marins au niveaux mondial, national et local. Un des principaux résultats de la conférence, qui était co-organisée par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et par l’Administration nationale atmosphérique et océanique des Etats Unis (NOAA), s’est tenue à Honolulu, à Hawaii, du 20 au 25 mars 2011. L’engagement pris à Honolulu marque l’adoption d’une nouvelle approche intersectorielle ayant pour but de réduire l’accumulation de débris dans les mers, ainsi que de limiter l’étendue des dommages que ces derniers causent aux habitats marins, à l’économie mondiale, à la biodiversité et à la santé humaine. Cet engagement permettra de faciliter le partage de solutions techniques, juridiques et économiques pour réduire la pollution, et pour mieux sensibiliser le public (aussi bien au niveau local qu’international) à l’ampleur et à l’impact du problème. A terme, il s’agit de préconiser une amélioration drastique de la gestion des déchets à travers le monde. « Les débris marins, ou les ordures que nous rejetons dans nos océans, est un symptôme de notre société de consommation et du gaspillage qu’elle engendre, ainsi que de notre mauvaise approche en matière de gestion des ressources naturelles. Cette accumulation de débris affecte tous les pays et tous les océans, et démontre de manière très visuelle qu’il est urgent de s’orienter vers une économie verte, basée sur une gestion durable et raisonnée des ressources naturelles, et ne rejetant que de petites quantité de carbone dans l’atmosphère. C’est dans cette direction que les nations doivent se préparer pour la conférence de Rio +20, en 2012 », a déclaré Mr. Achim Steiner, Secrétaire général adjoint des Nations Unies et Directeur exécutif du PNUE, dans un message destiné aux délégués de la conférence. « L’impact actuel des débris marins sur la flore et la faune des océans doit maintenant être traité très rapidement », a-t-il ajouté. « Toutefois, il est évident qu’une communauté ou un pays agissant isolément n’aura qu’un faible impact. Nous devons nous attaquer collectivement à cette problématique des débris marins, de manière transfrontalière et avec l’aide du secteur privé. En effet, le secteur privé a un rôle essentiel à jouer tant dans la réduction des types de déchets qui risquent de s’accumuler et de détériorer nos océans, que dans la recherche de nouveaux matériaux écologiques. Ce n’est qu’en réunissant tous ces acteurs différents que nous pouvons vraiment faire une différence », a conclu Mr. Steiner. Cet engagement est la première étape vers le développement d’une plate-forme mondiale pour la prévention, la réduction et la gestion des débris marins. Cette dernière sera appelée « Stratégie de Honolulu ». Ce document est actuellement rédigé par les délégués de la conférence, avec l’aide du PNUE, de la NOAA, et d’experts internationaux en matière de pollutions marines. Il aura pour objectif de fournir un cadre stratégique pour une action coordonnée afin de prévenir, de réduire et de mieux gérer les sources de débris marins. La stratégie sera finalisée après la conférence. « Cette conférence intervient à un moment critique pour notre monde », a déclaré Monica Medina, la Sous-secrétaire d’Etat adjoint au Commerce pour les Océans et l’Atmosphère des Etats Unis. « Les océans et les côtes font face à une multitude de facteurs d’agression, dont le problème des débris marins qui a de graves conséquences à la fois sur les écosystèmes et sur l’économie mondiale. Il est vital de réunir des individus engagés pour échanger des idées, développer des partenariats, et pour nous rapprocher de tous ces changements qui sont tellement nécessaires pour nos océans et côtes. » Pollution marine : les risques pour les moyens de subsistance, pour la faune et pour la santé humaine Les impacts des débris marins sont nombreux et de grande envergure, avec de graves conséquences pour les habitats marins, la biodiversité, la santé humaine et l’économie mondiale. * Au moins 267 espèces marines dans le monde sont victimes d’enchevêtrement dans des filets de pêches ou d’ingestion de débris marins toxiques. Parmi ces 267 espèces, 86 pour cent de toutes les espèces de tortues de mer sont touchées, 44 pour cent de toutes les espèces d’oiseaux de mer et 43 pour cent de toutes les espèces de mammifères marins. * De nombreux scientifiques ont exprimés une inquiétude croissante sur l’impact potentiel des substances toxiques rejetées par les déchets plastiques dans l’océan sur la santé humaine. De très petites particules de plastique retrouvées dans les océans (appelées «microplastics») issues de la désagrégation des déchets plastique ou des granules de plastique utilisées par l’industrie, peuvent accumuler des substances toxiques, cancérigènes, pouvant entraîner des problèmes reproductifs et d’autres risques sanitaires. Les scientifiques tentent de déterminer si ces substances peuvent contaminer la chaîne alimentaire lorsque ces microplastics sont ingérés par des animaux marins. * Les débris accumulés sur les plages et le littoral peuvent avoir de graves conséquences économiques sur les communautés qui sont tributaires du tourisme. * Les débris marins peuvent entraîner la prolifération d’espèces envahissantes qui peuvent perturber les habitats et les écosystèmes marins. Les débris marins lourds peuvent endommager des habitats naturels comme les récifs coralliens, et affecter les habitudes alimentaires des animaux marins. Surfer pour trouver des solutions à Hawaii Un des thèmes clés de la Cinquième Conférence internationale sur les débris marins était la nécessité d’améliorer la gestion des déchets à l’échelle mondiale. La stratégie de Honolulu présentera plusieurs approches en vue de réduire l’accumulation des débris dans les milieux marins. L’une d’entre-elles se base sur la prévention des sources terrestres et maritimes de déchets, et sur la nécessité de considérer les déchets comme une ressource à gérer de manière responsable. Des campagnes de sensibilisation du grand public sur les effets négatifs de l’élimination des déchets dans nos mers et océans seront organisées. Ces campagnes cibleront plus particulièrement le déversement illégal de déchets dans la mer et les décharges mal gérées. Améliorer les programmes nationaux de gestion des déchets contribuera non seulement à réduire le volume des déchets déversés dans les mers et les océans du monde, mais permettra également de prévenir d’éventuels dommages irréversibles sur l’environnement marin. Enfin, cela pourrait générer des avantages économiques non négligeables. En République de Corée, par exemple, depuis 2003 une politique nationale de Responsabilité élargie des producteurs a été appliquée sur les emballages (papier, verre, fer, aluminium et plastique) et sur des produits spécifiques (huiles lubrifiantes, batteries, pneus,). Cette initiative s’est traduite par le recyclage de 6 millions de tonnes de mètres cube de déchets entre 2003 et 2007, le taux de recyclage du pays a atteint 14 pour cent, et cela a permis d’engendrer des bénéfices économiques équivalent à 1,6 milliard de dollars. La gestion des déchets est l’un des dix secteurs économiques abordé dans le rapport « Green Economy » (« Economie verte » en français) du PNUE, lancé en février 2011. Le rapport souligne les possibilités énormes de transformer les déchets terrestres, principale source des débris marins, en une ressource économiquement plus intéressante. La valeur du marché de transformation des déchets en énergie a été estimée à 20 milliards de dollars en 2008, elle devrait croître de 30 pour cent d’ici 2014. L’intensification de la transition vers une économie verte, basée sur une gestion durable et économe des ressources naturelles et n’émettant que de très faibles quantités de carbone dans l’atmosphère, est l’un des deux piliers principaux de la Conférence des Nations Unies pour le développement durable qui se tiendra au Brésil l’année prochaine. Celle-ci est aussi connue sous le nom de Rio +20, elle vise à garantir le renouvellement de l’engagement politique mondial pour le développement durable et le traitement des nouveaux défis environnementaux émergents. Rio +20 aura lieu tout juste vingt ans après le Sommet de la Terre de Rio de Janeiro, lors duquel le concept de développement durable avait été défini et adopté par les membres de l’ONU. Source : unep.org (25.03.11) Actualité récente en rapport : Pollution des océans : l’Onu tire la sonnette d’alarme ! Des experts demandent une évaluation des micro-plastiques dans l’océan…