MONTRÉAL – En cette journée mondiale des océans, le constat est peu reluisant pour les bélugas du golfe du Saint-Laurent, menacés par des contaminants qui s’attaquent à leur espèce. Rencontré au Biodôme de Montréal, mercredi, Robert Michaud, président du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM), explique que malgré la diminution du rejet de substances chimiques dans les eaux marines, tels que le BPC, les tissus du béluga en renferment toujours. Saint Laurent - 2007 (C)Jenny & Jan.jpg«Le système de ce mammifère se bat contre des contaminants qui ont été introduits dans les tissus de l’espèce il y a 30 ou 40 ans, en plus de devoir combattre de nouveaux produits», a indiqué le spécialiste.

Plusieurs analyses effectuées sur des carcasses de bélugas ont même révélé que certaines bêtes développent des cancers reliés au système digestif en raison de la persistance des produits chimiques.

Une reproduction déficiente

On compterait environ 1 000 bélugas dans le golfe du St-Laurent, un nombre qui stagne depuis plusieurs années.

«La population devrait normalement augmenter de l’ordre de 2 à 5% chaque année si rien ne limitait leur croissance. Les contaminants dans leur organisme ont un effet “stresseur” sur l’espèce», a expliqué M. Michaud.

Plusieurs partenaires maritimes tentent donc d’établir de nouveaux corridors de navigation ou d’empêcher l’exploitation dans certaines zones délimitées afin de donner un souffle à l’espèce.

Le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins a d’ailleurs un centre d’appel où les citoyens peuvent signaler des cas de baleines ou de phoques en difficultés.

Réglementation à revoir?

M. Michaud déplore la tendance des autorités à «déréglementer» les zones maritimes.

«Le gouvernement doit avoir une présence plus forte. On ne peut pas laisser la gestion des écosystèmes aux entreprises et aux citoyens», a-t-il dit.

L’océanographe Émilien Pelletier croit pour sa part que le gouvernement devrait plutôt investir afin de mieux faire respecter les règles établies, comme l’interdiction aux navires de rejeter leurs eaux usées dans le golfe du Saint-Laurent.

«Les ressources de la garde côtière sont limitées et il faudrait augmenter la surveillance. Il y a toujours un pourcentage de délinquants», a affirmé M. Pelletier.

Frédéric Guichard, professeur de biologie à l’Université McGill, estime quant à lui que le gouvernement doit établir de nouvelles zones protégées de l’exploitation maritime.

Actuellement, moins de 10% des zones côtières du golfe du Saint-Laurent sont protégées.

Source : canoe.ca  (08.06.11)Actualité récente en rapport :L’entrevue – Pour l’amour des bélugas…  Voir également : gremm.org  

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