Tout au long de l’été 2011, les navires de la Corsica Ferries ont embarqué des observateurs et des chercheurs afin de recenser les mammifères marins. L’opération s’est avérée plus fructueuse que prévu.
 
striped dolphin (C) greenmarlin_Flickr 2411.jpg Les cétacés prennent leurs aises en Méditerranée. Ils sont même tentés d’y affirmer leur présence. C’est le constat encourageant dressé depuis le pont et la passerelle des navires de la Corsica Ferries, à l’issue de la saison estivale par des spécialistes de l’observation maritime, les Marine Mammal observers (MMO).

Aurélie Moulins, chercheur au sein de la fondation italienne pour la recherche, Cima (Centre international de suivi de l’environnement) fait état d’un « bilan 2011 très positif » . La scientifique a la conviction de se situer dans un contexte de progrès par rapport à 2010. La ligne Nice-Calvi, au cœur du sanctuaire Pelagos, empruntée à 32 reprises par les recenseurs des mers est emblématique du phénomène. « L’année dernière nous avions réalisé 50 observations de rorquals communs. Nous avions également repéré 89 groupes de dauphins blanc-et-bleu et un cachalot. Cette saison nous avons rencontré le dauphin blanc-et-bleu 156 et le rorqual commun 84 fois. Quant au cachalot, il a fait 6 apparitions. Ce qui prouve que la zone a été plus productive », énumère la scientifique. Au final ce sont 1 300 animaux, qui ont fait l’objet de signalement à l’occasion de 255 observations.

Les mammifères marins se sont révélés plus nombreux et plus enjoués. Au point de briser les barrières entre espèces et de surmonter les différences de gabarit. On se sent bien et on fraternise quel que soit le poids et la taille du copain. « Lors d’une traversée, nous avons eu la chance d’apercevoir un groupe de dauphins de Risso- des individus de 3,5 mètres de long – en train de jouer avec un rorqual commun de 20 mètres de long. Les dauphins faisaient pivoter le rorqual sur son flanc. C’est un spectacle exceptionnel et inédit pour toute l’équipe », raconte Aurélie Moulins.

15 cachalots entre Toulon et Ajaccio

Cet été, pour la première fois, les scientifiques ont inclus dans leur programme, la ligne Ajaccio-Toulon. Sur cette desserte, ce sont les « MMO » d’EcoOcéan Institut qui ont scruté la Grande Bleue. L’approche scindée « en 16 traversées d’une journée » se soldera par de multiples rencontres. Ces jours-là, la route des Méga Express et autres ferries de la compagnie a frôlé celle de « 938 individus appartenant à 5 espèces différentes et répartis dans 143 groupes d’animaux », précise Léa David. Selon le chercheur à EcoOcéan Institut ces données sont comparables, en proportion, à celles relevées entre Nice et Calvi. Que l’on se place au centre ou à l’ouest du sanctuaire, on retrouve les mêmes mammifères marins. « L’espèce la plus fréquente dans la portion occidentale est également le dauphin bleu et blanc. Il représente 55 % des observations effectuées. »

L’animal a pour habitude de se déplacer en petit groupe, de quinze individus en moyenne. Parfois son instinct grégaire le pousse à prôner le voyage de masse. « La taille de ces formations peut aller parfois jusqu’à une centaine d’individus », constate Léa David. Le rorqual commun arrive quant à lui en seconde position. « Il correspond dans ce secteur à un tiers des observations effectuées ».

Les cachalots se font moins discrets dans ce paysage maritime. Ils semblent même s’y complaire. « Nous avons identifié 15 fois des cachalots. Ce chiffre est élevé. Tout est relatif bien sûr », indiquent les chercheurs. La ligne Toulon Ajaccio y gagnera une de ses spécificités environnementales. Un autre fait marquant tient au dynamisme démographique des cétacés. Le renouvellement des générations est en bonne voie. Nathalie Di Meglio, chercheuse au sein d’EcoOcéan Institut confie avoir porté son regard « à plusieurs reprises sur des jeunes rorquals communs et cachalots. »

Le coup de jeune sur la Méditerranée entre Corse et Var fait l’effet « d’une bonne nouvelle quand on sait que ces animaux ne font qu’un petit tous les 3 ans. Par ailleurs de nombreuses menaces pèsent toujours sur eux ». Le péril vient des collisions avec les navires, des filets des pêcheurs et de la pollution.

Tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes marins.

Source :  corsematin.com   (19.11.11)

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