Les baleines et les phoques de la Gaspésie sous haute surveillance

Les mammifères marins qui fréquentent les eaux de la péninsule gaspésienne pour s’y reproduire ou s’y alimenter sont toujours sous haute surveillance. L’équipe du ROMM continue, année après année, à sillonner les eaux de ce secteur afin de collecter de précieuses données sur les habitudes de fréquentation des cétacés et des phoques, ainsi que sur le comportement de l’industrie de l’observation en mer à leur égard. La saison estivale 2011 a marqué la sixième saison consécutive de l’étude de caractérisation des activités d’observation en mer, financée par le Programme d’intendance de l’habitat des espèces en péril du gouvernement du Canada, ainsi que la cinquième saison de l’étude de photo-identification des grands cétacés, réalisée en partenariat avec la Station de recherche des îles Mingan. Les principales particularités des observations effectuées dans le secteur de la péninsule gaspésienne en 2011 sont la présence d’une grande quantité de rorquals à bosse, allant parfois jusqu’à 20 individus observés simulténament, qui sont demeurés sur le territoire jusqu’à tard durant la saison. Aussi, peu de rorquals bleus ont été observés, sans oublier la visite très inhabituelle de bélugas dont la présence a été très médiatisée et suivie par le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins. De nombreux thons ont également été vus en fin de saison. L’échouerie de mise bas de phoques communs de Petit-Gaspé a également été sous la surveillance du ROMM et de l’Université Laval qui réalisent un projet de collecte de données conjointement avec le Parc national du Canada Forillon afin de caractériser cette échouerie et évaluer les impacts des activités humaines sur les phoques. Les rapports présentant les résultats obtenus grâce aux données collectées au cours de l’été seront disponibles sous peu. À surveiller !
  799px-Blue_Whale_(Balaenoptera_musculus)_Mysticeti_baleen_whale (C) Mike Baird.jpg Devenir un éco plaisancier : pour vivre et respecter le Saint-Laurent au quotidien !Les eaux du Saint-Laurent sont fréquentées par de nombreux plaisanciers qui partent à la découverte des paysages variés et de l’abondante faune marine qu’on y retrouve. Souvent par insouciance ou par manque d’information, ces derniers adoptent parfois des comportements qui affectent négativement le Saint-Laurent et ses habitants, dont les mammifères marins. Les gestes cumulatifs de nombreux plaisanciers laissent sans aucun doute une trace qui peut être amoindrie par l’adoption de bons comportements en mer. Au cours de la saison estivale 2010, l’équipe du ROMM a réalisé une campagne de sensibilisation auprès des plaisanciers de la péninsule gaspésienne afin de les informer sur les bons comportements à adopter pour limiter leurs impacts sur le milieu marin. Éco-piratage en mer, échanges d’information dans les principales marinas du secteur et remise d’une charte sur les bons comportements à adopter lors des activités de plaisance ont été au menu de ce projet vastement médiatisé. Devant le succès remporté par cette campagne sur l’éco plaisance, le ROMM a décidé de la bonifier et de partir à l’abordage des principales marinas qui parsèment les rives de l’estuaire maritime et d’une portion du golfe du Saint-Laurent. Cet automne, le projet prend son envol avec la préparation de tous les outils éducatifs qui seront utilisés lors de la tournée du territoire prévue au cours de la saison estivale 2012. Une trousse sur l’éco plaisance, contenant un guide d’intendance et divers outils traitant de la conservation du milieu et des mammifères marins, sera élaborée. Parallèlement, des affiches et autres items promotionnels seront produits. Le but ultime de cette démarche est d’encourager les plaisanciers à adopter des comportements adéquats en mer afin de favoriser la conservation du milieu marin et de sa faune, plus particulièrement des espèces en péril qu‘on y retrouve telles que le rorqual bleu et le béluga. Ce projet est rendu possible grâce à un financement du Programme d’intendance sur l’habitat des espèces en péril du gouvernement du Canada Un atlas sur les mammifères marins et les voies de navigation en devenir…L’océan Atlantique et le golfe du Saint-Laurent occupent un rôle capital en tant que voie maritime à titre de porte d’entrée du continent nord-américain pour les échanges et le commerce. Le trafic maritime y est donc en constante augmentation. Or, cet espace maritime correspond également au corridor de migration de nombreuses espèces animales en plus de représenter un lieu de prédilection pour la réalisation d’activités biologiques essentielles telles que la respiration, l’alimentation, la socialisation et les soins apportés aux jeunes. En raison de l’accroissement du nombre de bateaux en circulation, la cohabitation entre les activités humaines et animales est parfois ardue, plus particulièrement dans les zones côtières fortement fréquentées par l’Homme et la faune marine. En plus de perturber les activités biologiques essentielles, les navires peuvent, souvent bien malgré eux, heurter les cétacés et les tortues marines et ainsi leur occasionner des blessures importantes, voire même la mort. Désireux de travailler en concertation avec l’industrie maritime afin d’aider à la diminution des risques de collision, le ROMM débute un projet qui consiste à élaborer un atlas présentant des cartes où les voies de navigation et les principales aires de répartition des espèces de mammifères marins et de la tortue luth seront superposées afin de mieux identifier les zones sensibles de l’océan Atlantique Nord-Ouest. Cet ouvrage sera distribué gratuitement aux capitaines des navires pénétrant dans le secteur ciblé par le biais de la Fédération maritime du Canada. Il contiendra toute l’information pour les sensibiliser aux espèces fragiles, à leur identification ainsi qu’aux comportements à adopter pour diminuer les risques de collision. La globalité de ce projet sera réalisée en collaboration avec l’équipe du Dr. Christopher Taggart de l’Université de Dalhousie grâce à un financement du Programme d’intendance de l’habitat des espèces en péril du gouvernement du Canada.

Programme de rétablissement du béluga du Saint-Laurent – ConsultationsSelon de récentes estimations, la population de bélugas de l’estuaire du Saint-Laurent a connu une baisse drastique de 7 800 à 10 100 individus à 1 000 individus dans les années 1970, principalement en raison d’une chasse intensive ciblée vers l’espèce. Malgré l’interdiction de chasse qui est en vigueur depuis 1979, la population se serait stabilisée autour de 1 100 individus. Plusieurs menaces nuisent aujourd’hui à son rétablissement telles que les contaminants et le dérangement occasionné par les activités humaines (pollution sonore, prises accidentelles dans les engins de pêche, collisions avec les navires, etc.) qui affectent sa survie et sa reproduction. En mai 2005, la population de bélugas de l’estuaire du Saint-Laurent a été inscrite à l’Annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril du gouvernement du Canada et le statut d’ « espèce menacée » lui a été attribué. Afin de planifier le rétablissement de cette population, Pêches et Océans Canada a élaboré une mise à jour du programme de rétablissement en collaboration avec Parcs Canada et plusieurs autres partenaires. En plus des informations décrivant la biologie de l’espèce, ce nouveau programme expose les menaces qui affectent la population et propose des mesures pour favoriser son rétablissement. Ce document est disponible sur le Registre public des espèces en péril jusqu’au 25 novembre 2011. Vous pouvez le consulter au lien suivant : registrelep.gc.ca .  800px-Beluga_Whale_Tadoussac_Quebec_Canada (C)Luca_Galuzzi_2005.jpg Bilan de la saison 2011 pour Urgences Mammifères Marins

Jusqu’à maintenant, ce sont près de 400 appels du public qui ont été reçus au 1-877-7baleine en 2011. Le tiers des cas concernait des animaux vivants en difficulté, dont plus de la moitié a nécessité des interventions sur le terrain par des membres ou des collaborateurs du Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins. Les cas rapportés impliquent un grand nombre d’espèces dans des situations très diversifées et sur un très vaste territoire. Par exemple, au printemps, quelques cas de jeunes phoques communs harcelés par le public ont été signalés au Bas-Saint-Laurent; des bélugas en cavale loin de chez eux ont été repérés en Gaspésie au cours de l’été; des baleines prises dans des engins de pêche ont été rapportés par des pêcheurs ou des observateurs en Côte-Nord et en Gaspésie; trois dauphins à flancs blancs se sont échoués vivants sur la grève des îles de la Madeleine lors de la première grosse tempête d’automne et un jeune phoque commun égaré a été signalé dans le Vieux-Port de Montréal en octobre. Les carcasses signalées à Urgences Mammifères Marins sont une mine d’information scientifique : 16 carcasses de bélugas ont été signalées cette année jusqu’à présent dans le cadre d’un programme de récupération systématique en place depuis près de 30 ans et chapeauté par Pêches et Océans Canada. Neuf de ces animaux étaient assez frais pour faire l’objet d’une nécropsie à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal. Les autres espèces ont fait l’objet d’échantillonnage ou de nécropsie lorsque c’était possible : marsouin commun, dauphin à flancs blancs, phoques, petit rorqual et récemment, un rorqual boréal femelle qui s’est échoué à l’île aux Coudres. Toutes ces informations accumulées et centralisées permettent de mieux comprendre les enjeux qui touchent les mammifères marins du Saint-Laurent : maladies, prises accidentelles, collisions avec les navires, etc. À terme, ce portrait contribuera à orienter les efforts pour protéger ces espèces et leur habitat. L’automne et l’hiver, le nombre d’appels à Urgences Mammifères Marins diminue et le tableau général change : les espèces migratrices quittent nos eaux, le béluga se déplace vers le golfe et les phoques du Groenland et à capuchon arrivent du Nord. Ces phoques, à leur arrivée, sont souvent vus se reposant sur la grève pendant quelques heures, voire quelques jours. La collaboration du public est alors requise : il faut éviter d’approcher ces animaux et garder les chiens en laisse; en cas d’inquiétude pour l’animal, veuillez aviser le numéro central rapidement. Nous vous rappelons que le Réseau compte sur les riverains et les utilisateurs du Saint-Laurent pour rapporter rapidement tout cas de mammifères marins (baleines et phoques) en difficulté ou mort au 1-877-7baleine (1-877-722-5346).

Un programme informatique pour réduire les risques de collisions entre les navires et les mammifères marins dans l’estuaire du Saint-Laurent

Le parc marin du Saguenay-Saint-Laurent est un lieu exceptionnel pour l’observation des mammifères marins. Plus de 10 000 excursions s’y déroulent à chaque saison, sans compter les 5 000 cargos qui y transitent annuellement par le biais de la voie maritime. Le trafic maritime y est donc bien présent, de même que les risques de collisions entre les mammifères marins et les navires. Ce sont près de 13 espèces de cétacés qui fréquentent le secteur du parc marin, dont près de la moitié d’entres elles détiennent un statut de protection. Afin d’assurer leur protection, Parcs Canada a fait appel à l’expertise du Département de géographie de l’Université de Montréal afin de concevoir un programme informatique visant à réduire les risques de collision, tout en tenant compte des conséquences pour l’industrie et le transport maritime. Le modèle prend en charge différents facteurs tels que la cartographie de l’estuaire, les mouvements de cinq espèces fréquentes de cétacés (béluga, petit rorqual, rorqual commun, rorqual à bosse et rorqual bleu), la présence et les déplacements de trois types de navires (plaisance, excursion et transport maritime) ainsi que les conditions environnementales. Il existe peu de données sur le nombre de collisions, car les pilotes ne se rendent souvent pas compte de celles-ci et les carcasses coulent la plupart du temps au fond de l’eau. Pour diminuer les risques de collision, les concepteurs du modèle vont miser sur deux recommandations principales, soit la vitesse des cargos et leur trajectoire. On peut avoir un aperçu de cette modélisation sur le site du Laboratoire de systèmes complexes au
geog.umontreal.ca   à l’onglet du projet 3MTSim.

 Source :  inforeseau.romm.ca  (automne 2011)  Actualité récente en rapport :  Canada : la rareté des bébés bélugas inquiète les scientifiques…   Un 8e béluga s’échoue sur la côte gaspésienne…   Les bélougas malades de l’homme…   Canada – Les bélugas du Saint-Laurent en danger ?      

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