En dix jours, 44 cétacés se sont échoués sur le littoral landais. Des autopsies sont pratiquées presque quotidiennement.Ames et odorats sensibles s’abstenir : les dissections de dauphins pratiquées chaque jour en cette période hivernale propice aux échouages d’animaux marins font dériver à mille lieues du « Grand Bleu ». Pourtant, c’est là le pain noir quotidien des scientifiques du Centre de recherche sur les mammifères marins (CRMM) de La Rochelle, sollicités chaque jour ou presque pour manier le scalpel et le couteau. Depuis dix jours, 44 animaux marins ont été retrouvés morts sur l’ensemble du littoral landais, dont deux encore lundi matin.Du tristement classique à cette époque de l’année, indique Willy Dabin, animateur du réseau national Échouage, et scientifique CRMM. « Il y a une dominance de vents d’ouest qui rapatrient les carcasses déviantes sur la côte », indique-t-il. En comparaison, d’autres années ont été beaucoup plus meurtrières, comme 2004 et 2005. « Et, il y a deux ans, 78 dauphins avaient été retrouvés sur le littoral landais en quatre jours. » Captures accidentelles Hier encore, Willy Dabin et Jean-Jacques Doubert, correspondant du CRMM, basé à Arcachon, étaient à pied d’œuvre à la déchetterie de Biscarrosse-Plage, où 12 carcasses de cétacés échoués ces derniers jours ont été rassemblées par la Coved, structure engagée par le Conseil général pour nettoyer les plages. Objectif de ces autopsies à réaliser avant le passage de l’équarrisseur : étoffer la banque de données du CRMM « pour en savoir encore plus sur la biologie générale de l’espèce, qui est mal connue et difficile d’accès », mais aussi déterminer les causes de la mort de ces animaux.Hormis deux cétacés, dont l’état de décomposition ne permettait pas d’établir un diagnostic certain, « il y a une forte proportion de décès liés à des captures accidentelles », note Willy Dabin. Toutes les carcasses récupérée en bon état de fraîcheur présentent des « traces évidentes » de capture, comme des ablations, des lacérations faites lors d’émaillages dans les filets pélagiques, ou encore des fractures du crâne, occasionnées par les enrouleurs.Les pêcheurs coopèrent Les examens des organes, pour vérifier que l’animal n’était pas atteint d’une pathologie particulière, de l’estomac et des poumons, qui vont révéler « une mort par agonie », complètent le diagnostic. « Il faut l’ensemble de ces éléments pour attester une mort par capture », reprend le scientifique.La fin des années 1990 et l’année 2000 ont connu les pics de captures accidentelles les plus importants. « Aujourd’hui, il y a une régulation car les pêcheurs ont été sensibilisés », reprend Willy Dabin. Le dialogue avec les professionnels de la pêche est en effet instauré. « Il ne faut pas croire que pour ces pêcheurs ce soit une aubaine de retrouver un dauphin dans leurs filets. Ce ne sont pas leurs cibles commerciales. Au contraire, il s’agit de carcasses de 100 à 110 kilos qu’il faut manipuler pour les faire sortir des filets. »Le travail avec les professionnels de la pêche a déjà commencé. Un programme de coopération doit permettre de réaliser des prélèvements biologiques sur des dauphins piégés par les filets « pour en apprendre de plus en plus ». « Il faut bien cerner le phénomène pour le limiter. Le sujet est sensible : on a tous intérêt à trouver des solutions pour que le nombre de captures accidentelles soit acceptable. » Pour certaines espèces « il y a une inquiétude », conclut Willy Dabin.Vendredi dernier, c’est un cachalot qui s’était échoué au nivau du canal d’Hossegor. Le 9 janvier, c’est un requin mako qui s’était échoué sur une plage à proximité de Contis et Lit-et-Mixe. Source : sudouest.fr (25.01.12) Voir également : Dauphins morts dans les Landes : victimes « accidentelles » de la pêche au filet pélagique Un dauphin mutilé retrouvé sur la plage de Biarritz Actualité récente en rapport :Béziers – Dauphins morts : des analyses plus approfondies sont en cours… Des dizaines de dauphins morts sur le littoral languedocien… Un requin et trois grands dauphins découverts sur les plages landaises… Landes : un cachalot mort retrouvé dans le canal d’Hossegor…