L’idée de créer en juin lors de la conférence Rio+20, une Organisation mondiale de l’environnement, portée par la France, a désormais le soutien d’une centaine de pays et de plusieurs organisations, favorables à plus de « cohérence » et à une instance multilatérale forte.  (C) Creative Commons_Yann_Claveau_Picasaweb.jpgParmi ces pays figurent ceux de l’Union européenne et de l’Union africaine, des pays d’Asie ou d’Amérique latine. « Des pays du Nord et du Sud, mais pas les Etats-Unis, pas complètement ralliés », ni la Chine, a annoncé mardi la ministre de l’Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet.

Elle ouvrait une conférence internationale sur le sujet au Conseil économique et social, à Paris, réunie à l’initiative du gouvernement français. Y participaient des représentants du Programme des Nations unies sur l’environnement (PNUE), de l’OCDE, des chefs d’entreprise, des ONG, des syndicats, des représentants d’une vingtaine de pays…

Rio+20, 20 ans après le Sommet de la terre, « ne sera un succès que si on propose une réforme de la gouvernance mondiale et un renforcement de son pilier environnemental », a souligné la ministre.

Sur TV5 Monde, elle a estimé que Rio+20 « ne se présente pas très très bien ». « Il faut créer une nouvelle dynamique », a-t-elle souhaité.

Nombre d’intervenants ont relevé les insuffisances de l’organisation actuelle : un PNUE inefficace, avec seulement 58 membres élus par l’Assemblée générale des Nations unies et un budget sur une base volontaire, des instances multilatérales nombreuses et dispersées, et des acteurs essentiels -industries, société civile, scientifiques- exclus du processus.

« Il y a une dispersion généralisée de tous les efforts, nationaux et internationaux, dans la lutte contre la dégradation de la biosphère », a résumé le sociologue Edgar Morin.

« On veut rechercher un nouveau mode de gouvernance environnemental (…) où toutes les parties prenantes et pas seulement les Etats ont leur mot à dire », a martelé Mme Kosciusko-Morizet, qui a fait la différence entre organisation « internationale », c’est-à-dire « interétatique », et organisation « mondiale ».

Divergences

Si les quelque 400 participants à la conférence ont paru unanimes sur la nécessité de réformer la gouvernance, des divergences sont apparues sur la consistance de la future Organisation mondiale de l’environnement (OME).

Ainsi, le PDG de GDF Suez, Gérard Mestrallet, a soutenu une OME qui ne soit pas « additionnelle » à ce qui existe déjà mais « fédératrice », les entreprises devant, selon lui, « rester à leur place ». Jean Jouzel, du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), a souhaité en revanche « un changement de rythme, une véritable rupture » et une organisation « sur un pied d’égalité avec l’Organisation mondiale du commerce » (OMC).

Des étudiants ont rêvé d’une « Cour mondiale de l’environnement », qui traiterait des « crimes contre l’environnement », et d’une « assemblée parlementaire consultative ».

La ministre a freiné les ardeurs en estimant qu’il ne fallait pas aller trop vite pour « garder le plus de gens possible sur le bateau ».

« On est sur une proposition qui se fera en plusieurs étapes, construite sur le PNUE », a-t-elle expliqué. Déjà rassembler toutes les instances qui traitent d’environnement en un seul lieu, « ce sera une force », a-t-elle noté.

Un « appel de la société civile », parrainé par le cinéaste Jacques Perrin et le sociologue Edgar Morin, a été publié mardi, soutenant la création de cette OME qui « favorisera la coordination, la cohérence, la mise en oeuvre et l’efficacité » des accords multilatéraux.

Lors de la clôture de la réunion, Brice Lalonde, coordinateur exécutif de Rio+20, a estimé qu’il fallait bien prendre en compte que nombre de pays étaient « préoccupés par leur développement » et qu’il fallait les convaincre que la conférence allait s’occuper « autant de développement que d’environnement ».

Source :  news.yahoo.com  (février 2012) 

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