Alors que Greenpeace a dénoncé une pollution mineure autour du paquebot, les autorités italiennes démentent tout impact sur les eaux. Costa annoncera d’ici début avril l’entreprise chargée du retrait de l’épave qui devrait durer près d’un an.
  (C) Bonnenfant_FLickr.jpg Deux mois après le naufrage du mastodonte le 13 janvier près de l’île italienne du Giglio, Franco Gabrielli, chef de la protection civile en charge de la catastrophe, accompagné du ministre de l’environnement Corrado Clini, a réaffirmé le 13 mars que « la menace » d’impact du Costa Concordia « sur l’environnement a été évitée », selon le quotidien en ligne italien L’Espresso.

Un désastre écologique  »évité »…

La menace de « désastre écologique » formulée par le ministre était pourtant grande avant le début des opérations de pompage des soutes de l’épave, le 12 février, opérées par la société néerlandaise Smit Salvage. Aujourd’hui, « 85 % du carburant, sur près de 2.000 tonnes estimées dans les 17 réservoirs, ont été retirés sans dommage », a précisé Franco Gabrielli à L’Espresso. De son côté, Norbert ­Stiekema le vice-président de Costa Crociere, propriétaire du paquebot, est moins ambitieux et a indiqué un taux de « 70% de fuel récupérés » au quotidien Le Figaro le 16 mars. Si les opérations de pompage encore en cours pourraient se terminer d’ici fin mars, Greenpeace a toutefois relevé des traces de produits chimiques et d’hydrocarbures dans l’eau potable provenant d’une installation de dessalement de l’île.

…malgré une pollution mineure pointée par Greenpeace

« Bien que la situation ne semble pas alarmante pour l’instant, il est probable que la contamination de l’épave soit déjà en place », ont indiqué les chercheurs de Greenpeace Italie, après avoir effectué du 15 au 18 février des analyses près du paquebot. Ces derniers ont relevé des quantités d’azote ammoniacal variant de 2,04 milligrammes (mg) à 2,12 mg par litre (l) d’eau de mer alors que la limite supérieure est de 0,066 mg/l, selon le rapport paru le 9 mars.  L’ONG pense que ce dépassement des limites pourrait provenir de la « décomposition de matériel organique », comme la nourriture et les boissons qui se trouvaient à bord du paquebot. Greenpeace a en outre relevé des quantités variant de 3,77 mg/l à 4,35 mg/l d’éléments chimiques provenant des produits de nettoyage, alors que le maximum toléré par la réglementation en vigueur est de 0,5 mg/l. Selon l’association, ces chiffres sont supérieurs à ceux de l’agence officielle régionale pour la protection de l’environnement (Arpat) qui pourtant, « analyse l’eau tous les jours, avec de très bons résultats », soulignait encore le journal L’Espresso. Mais la différence pourrait venir du fait que les prélèvements de Greenpeace ont été réalisés à la surface de la mer et non en profondeur comme le fait l’Arpart, explique Greenpeace. De son côté, le ministère de l’environnement italien a démenti toute pollution de l’eau de mer, précisant que les hydrocarbures et les détergents se trouvent à  »un niveau inférieur au seuil où ils peuvent être prélevés », selon l’AFP.

Concernant les hydrocarbures, si Greenpeace a relevé des quantités basses dans l’eau de mer, les niveaux constatés de 82 microgrammes par litre (microgr/l) dans l’eau du robinet d’un magasin du port, « ne peuvent certainement pas être considérés comme des indices de bonne qualité de l’eau potable », estime l’ONG tout en déplorant l’absence de limite fixée dans la réglementation (décret de 2001). Greenpeace juge  »inacceptable » la présence de ces substances dans les eaux destinées à la consommation humaine et a appelé « les institutions » à mener « des opérations de surveillance ». En réaction, la société locale qui gère l’eau potable a assuré que les prélèvements quotidiens, effectués à trois endroits (un en mer et deux sur l’île) depuis un mois et demi, restaient en dessous des limites réglementaires, selon l’AFP.

Près d’un an pour enlever l’épave

Si l’association souligne enfin que les fonds marins ne sont pas touchés, elle a demandé un plan rapide d’enlèvement de l’épave alors que « l’île fait partie d’un sanctuaire pour les baleines, protégé depuis 2001 », a-t-elle rappelé tout en saluant la parution le 7 mars du décret pris suite au naufrage, visant à « restreindre ou interdire le transit des navires marchands pour la protection des zones sensibles en mer territoriale ».

La société Costa Crociere a aussitôt répondu à Greenpeace et a annoncé qu’elle avait reçu six propositions d’enlèvement de la coque du Costa Concordia, dans le cadre de l’appel d’offres lancé début février. Ces projets « présentent différentes méthodologies et techniques d’intervention. Tous partageant le même haut niveau de qualité et la même attention portée sur la limitation de l’impact environnemental, sur la protection des activités touristiques et économiques de l’île de Giglio et sur la plus grande sécurité », a souligné la compagnie dans un communiqué. L’étude technique des six propositions est déjà en cours et une « short list » sera déterminée dès la mi-mars. Le plan d’enlèvement sélectionné sera annoncé d’ici la fin du mois ou début avril. « Etant donné la complexité et le caractère extraordinaire de l’opération, les projets prévoient des durées d’intervention variables, estimées à environ 10 à 12 mois », a précisé Costa Crociere.

Evacuer une épave longue de 290 mètres, large de 38 m et pesant près de 115.000 tonnes… n’est effectivement pas chose facile. Redresser le paquebot incliné à 80°reste encore un véritable casse-tête. Parmi les six entreprises en lice pour le retrait du paquebot figureraient le néerlandais Boskalis, dont la filiale Smit Salvage est déjà chargée du pompage du carburant, l’américain Titan Salvage ou encore le danois Svitzer Salvage. Plusieurs hypothèses avaient été émises après l’accident pour renflouer le Costa Concordia : soit découper l’épave en tranches, soit la soulever jusqu’à ce qu’elle soit à flot et la tirer avec des remorqueurs. Boskalis a pour sa part proposé  »de renflouer l’ensemble » qui est l’option la plus onéreuse tandis que d’autres entreprises ont offert de couper les ponts supérieurs légers et de renflouer la coque lourde, selon l’agence Reuters. Le néerlandais a estimé le 15 mars le coût de l’opération à plus de 100 millions d’euros. « Les 10 à 12 mois que prendra le démantèlement et le remorquage devraient être tenus », a affirmé de son côté au Figaro, le vice-président de Costa Crociere. Selon lui, l’enlèvement de l’épave « ne devrait pas avoir d’incidence sur le flux touristique de l’été, et inversement ».

 Source : actu-environnement.com  (20.03.12)  Actualité en rapport : Naufrage du Costa Concordia… 

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