Les orques mâles vieux de plus de 30 ans auraient besoin de leurs mères pour survivre ! En aidant leurs fils, ces mamans tenteraient d’obtenir la plus grande descendance possible. Cette découverte expliquerait pourquoi elles vivent si longtemps après leur ménopause.

killerwhalemale_flickr_copyright_Theodore_Photography.jpg

Les orques femelles peuvent espérer vivre durant 90 ans. Étonnamment, elles atteindraient la ménopause entre leur 30e et 50e année, signifiant ainsi qu’elles ne peuvent pas avoir de petits durant la majeure partie de leur existence. La longueur de cette période post-reproductive serait seulement battue par celle… de l’Homme. Du point de vue de l’évolution, cette caractéristique, en réalité présente chez trois espèces, le trio étant complété par la baleine-pilote, est difficile à expliquer.
Des éléments de réponse viennent d’être fournis dans la revue Science par Emma Foster et Darren Croft de l’University of Exeter (Royaume-Uni). En s’appuyant sur un long suivi de plusieurs centaines d’épaulards (un autre nom des orques), une importante conclusion s’est imposée : l’expression « c’est le garçon à sa maman » prend tout son sens chez ces cétacés. Les mères vivraient longtemps principalement pour protéger leurs fils, surtout lorsqu’ils ont plus de 30 ans !
Une grande inégalité entre frères et soeurs
Les orques Orcinus orca vivent dans des groupes au sein desquels résident un mâle, plusieurs femelles et toute leur descendance. Ces structures sociales sont suivies dans le Pacifique, au large des États-Unis et du Canada, depuis plus de 36 ans. Leur fonctionnement est ainsi bien connu, mais ce n’est pas tout. Les périodes de naissance et de mort de 589 individus ont pu être calculées grâce à un système d’identification basé sur des photographies de nageoires dorsales.
En se basant sur toutes les données récoltées, le risque de décès encouru par un orque orphelin, ou au contraire couvé par sa maman, a pu être estimé pour des âges donnés, grâce notamment à un algorithme comparable à ceux utilisés par les assurances. Les résultats chiffrés sont surprenants, surtout pour les orques de sexe masculin.
Avant leur 30e année, leur risque de décès au cours des 12 mois suivant la disparition de la mère serait multiplié par 3. Ce chiffre augmenterait jusqu’à dépasser un facteur 8 chez les individus plus âgés. Par comparaison, le risque de mortalité ne change pas durant les mois suivant la perte du soutien maternel chez les filles de moins de 30 ans. Il augmente par contre de 2,7 à partir de leur 31e année.
Assurer une transmission des gènes… chez les autres
La présence de la mère accroît donc fortement les chances de survie des jeunes mâles jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge adulte et qu’ils puissent se reproduire. Cette stratégie permettrait aux femelles ménopausées d’assurer une descendance nombreuse et donc une bonne transmission des gènes. Cette explication sur la longueur de la période post-reproductive serait crédible d’un point de vue évolutif.
Mais pourquoi privilégier les garçons et non les filles ? Tout simplement parce les mâles font des jeunes dans d’autres groupes ! Cette pratique permet d’améliorer la diffusion du patrimoine génétique et surtout de réduire la compétition pour l’accès à la nourriture au sein d’une même famille (il ne faut pas nourrir les petits). Il reste maintenant à déterminer comment ces mamans cétacés viennent en aide à leur progéniture. Elles pourraient par exemple fournir un précieux soutien durant la chasse ou intervenir en cas de conflit avec d’autres orques, mais cela reste à démontrer.

Source : futura-sciences.com (15.09.12) Plus d’infos sur l’espèce & fiche pédagogique téléchargeable : L’orque

Loading...