Un pas majeur pour la protection de l’environnement antarctique sera-t-il franchi les jours prochains à Hobart, en Australie. A partir du 22 octobre, la Convention sur la conservation de la faune et de la flore marines de l’Antarctique (CCAMLR) examinera la proposition conjointe de la France, de l’Union européenne et de l’Australie de protéger des régions de l’océan riveraines du continent glacé.

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Si celui-ci est en effet assez étroitement protégé des activités humaines depuis le traité de l’Antarctique signé en 1959, il n’en va pas de même des océans qui l’entourent. Or ils abritent du krill (petites crevettes à la base de la chaîne alimentaire de nombreux animaux marins) et d’abondants stocks de poissons rendus de plus en plus attirants à mesure que les ressources halieutiques se réduisent et que le progrès technique favorise la pénétration des navires dans ces régions au climat très rude.
La proposition vise à créer sept zones marines protégées dans la partie est de l’Antarctique. Une d’entre elles se situe en regard de la terre Adélie (région terrestre revendiquée par la France), et deux autres dans la direction des îles Kerguelen et Crozet.
Le degré de protection de ces régions qui sont le terrain d’approvisionnement de nombreux oiseaux et mammifères sera un des objets de discussion avec la possibilité d’opter pour la création de réserves intégrales où la pêche serait interdite. La France privilégie une régulation de la pêche, mais pas son interdiction totale.
2,5 MILLIONS DE KM2
Il est vrai que les ressources paraissent immenses : on estime, par exemple, à 39 millions de tonnes le stock de krill en Antarctique est. Cependant, sa capacité à supporter des prélèvements sans dommage est mal connue, de même que pour d’autres espèces de poissons.
Une trentaine d’associations écologistes (dont le WWF, Greenpeace, Oceana), regroupées dans l’Antarctic Ocean Alliance (Alliance pour l’océan Antarctique, AOA) demande aux 32 Etats membres de la Convention qu’ils s’accordent sur un niveau de protection maximum. Elles réclament aussi la création de quatre zones supplémentaires, assurant la continuité de plusieurs des sept zones en discussion. L’ensemble couvrirait ainsi une superficie de 2,5 millions de km2.
« On ne sait rien de la productivité des espèces en Antarctique, seulement qu’elle est menacée », assure Donna Mattfield, coordinatrice en Europe de l’AOA, qui y voit une raison de poser les restrictions les plus fortes, « en application du principe de précaution ». Par exemple, les juvéniles de légines antarctiques dans la baie de Prydz font probablement partie d’une plus grande population au sud de l’océan Indien, mais la connaissance précise sur ce point manque.
D’autres projets seront examinés à Hobarth mais « ils ne devraient pas avancer », indique Yves Frenot, chercheur à l’Institut polaire français en citant comme exemple la création d’une zone protégée en mer de Ross, bloquée par un désaccord entre les Etats-Unis et la Nouvelle-Zélande.
La question de l’éventuelle exploitation minérale des fonds marins reste en revanche exclue des discussions : le protocole de Madrid signé en 1991 exclut cette possibilité jusqu’en… 2048. On saura plus tôt, d’ici au 31 octobre date de clôture de la conférence, si la protection de l’Antarctique commence à s’étendre à ses mers riveraines.

Source : lemonde.fr (19.10.12) Source photo : flickr.com

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