Une nouvelle étude commanditée par le WWF dévoile qu’entre 2000 et 2010, l’équivalent de
18 704 tonnes de thon rouge aurait transité via le Panama sans avoir été déclarées à la Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l’Atlantique (ICCAT), organe officiel international de gestion des pêches.
Au-delà du Panama, d’autres pays méditerranéens comme l’Espagne, l’Italie, le Maroc, la Tunisie et la Turquie ainsi que le Japon seraient impliqués. Suite à ces nouvelles révélations, le WWF appelle l’ICCAT et les pays concernés à mener d’urgence une enquête approfondie avec les données plus détaillées dont ils disposent. « C’est la première fois qu’une étude traite de ce sujet et elle ne montre certainement que la partie visible de l’iceberg. Nous avons enfin les preuves d’une situation dont tout le monde est au courant depuis des années y compris l’ICCAT» a déclaré Sergi Tudela, responsable du programme pêche au WWF Méditerranée. Basée à la fois sur la comparaison entre des déclarations douanières et données d’échanges commerciaux et les rapports de l’ICCAT, cette étude révèle, qu’en une décennie 14 327 tonnes de thon rouge transformé, soit l’équivalent de 18 704 tonnes en poids vif, auraient transité par le Panama. 14 327 tonnes de thon rouge transformé ont été importées au Panama depuis les pays méditerranéens (Espagne, Italie, Maroc, Tunisie et Turquie), puis 13 730 tonnes ont été exportées du Panama vers le Japon. Le marché a observé un pic en 2003 et 2004, avec 3 000 à 4 000 tonnes par an, puis les transferts se sont maintenus, à des volumes moindres, au moins jusqu’à 2010 (dernière année où les données sont publiées). « Selon les documents disponibles, pas un seul de ces échanges n’a été déclaré à l’ICCAT» ajoute Sergi Tudela. « Si cela est confirmé, il s’agirait alors de pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) selon les normes de la FAO (Nations unies), laquelle qualifie ce genre de pratique de « crime contre l’environnement ».» Les pays mentionnés dans cette étude sont des parties contractantes de l’ICCAT. Selon les règles de l’ICCAT tout commerce international du thon rouge doit être rapporté afin que les informations soient recoupées avec les quotas de capture. Il est cependant très probable que les poissons de ce commerce non déclaré n’aient jamais touché le sol Panaméen, et que des navires de transport battant pavillon panaméen et les entreprises basées au Panama aient servi d’intermédiaire entre les pays producteurs et le marché final au Japon. Selon l’ICCAT, les activités illégales (INN) de pêche du thon rouge ont atteint des sommets en 2007 avec un total de captures estimé à 61 000 tonnes, soit deux fois les quotas légaux autorisés. Depuis cette date, la diminution des quotas et l’augmentation des contrôles ont réduit de façon significative les captures légales mais de gros doutes persistent sur le maintien de cette pêche illégale. Le WWF appelle l’ICCAT, les pays cités dans l’étude ainsi que l’Union européenne, à lancer une enquête dans les plus brefs délais à partir des données détaillées dont elles disposent et de prendre les mesures et sanctions nécessaires qui s’imposeront le cas échéant.Notes du WWF :
– La pêche au thon rouge d’Atlantique en Méditerranée a connu une situation de surpêche, au cours des dernières années, alimentée par la demande japonaise et le développement massif des fermes d’engraissement de thon dans la région. En 2007 par exemple, la pêche légale et illégale représentait en moyenne un total de captures 2 à 4 fois le quota recommandé par les scientifiques.
– La réunion annuelle de l’ICCAT pour 2012 se tiendra à Agadir, au Maroc, du 12 au 19 novembre prochain. Afin d’assurer la reconstitution du stock, le WWF demande à l’ICCAT de s’en tenir aux avis scientifiques et de maintenir le TAC (Total Autorisé de Captures) actuel sur les 3 prochaines années (TAC fixé à 12 900 tonnes par an).
Pour plus d’information :– L’étude commanditée par le WWF est disponible sur demande. – Etude récente du WWF montrant la surcapacité de la flotte de pêche du thon rouge : http://iccat.int/Documents/CVSP/CV068_2012/no_1/CV068010140.pdf Source : wwf.fr (31.10.12) Source photo : wikimedia.org (31.10.12)
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