Près de 226 000 espèces marines sont aujourd’hui connues, ce qui représente une petite partie du nombre total d’espèces que les experts évaluent entre 700 000 et un million. C’est ce qui ressort d’une étude publiée le 15 novembre dans la revue en ligne Current Biology, coordonnée par Ward Appeltans, de la Commission océanographique gouvernementale (COI) de l’UNESCO. Cette étude s’appuie sur les résultats tirés du Registre mondial des espèces marines (WoRMS).
Les animaux marins les mieux connus tels que les baleines ou les dauphins ne constituent qu’une infime partie de la biodiversité marine. Les poissons eux-mêmes ne représentent que deux à trois pour cent des organismes vivants présents dans l’océan. Si de très nombreuses espèces restent à découvrir, la connaissance n’a jamais autant progressé et les chercheurs estiment que l’essentiel de la biodiversité marine sera mise au jour d’ici la fin du siècle. Avec une moyenne de 2000 nouvelles découvertes chaque année, plus d’espèces ont été découvertes au cours de la décennie qui vient de s’écouler que jamais auparavant. Le rythme de ces découvertes est supérieur à celui observé dans le recensement des espèces terrestres. Cela tient notamment aux efforts plus importants de taxonomie, au nombre croissant de chercheurs impliqués dans la description de nouvelles espèces et aux nouvelles technologies (progrès de la plongée sous-marine, véhicules submersibles téléguidés…) qui permettent d’accéder à des zones jusque-là inexplorées. Ainsi, une moyenne de 150 nouvelles espèces de poissons marins est décrite chaque année. A ce rythme, les experts estiment qu’il faudra environ 30 ans pour parvenir à décrire les quelque 5000 espèces de poissons marins encore inconnues. Même des animaux de grande taille continuent d’être découverts. Ainsi, entre 1999 et 2008, 780 nouvelles espèces de crabes, 29 homards et 286 crevettes et 1565 poissons ont ainsi été répertoriés. Les chercheurs considèrent qu’entre deux à huit nouveaux cétacés et près de 10 espèces de reptiles marins pourraient également être découverts. Les groupes macro-invertébrés comme les crustacés et les mollusques –notamment les escargots, les vers ronds et les éponges-, sont les moins connus. Dans cette catégorie, le nombre d’espèces à découvrir est estimé à plusieurs dizaines de milliers. Dans bien des cas (environ 65 000 espèces inconnues), des échantillons ont déjà été collectés mais pas encore documentés et décrits. « Évaluer combien d’espèces existent est important parce que cela donne un aperçu de ce que nous savons et donc de ce que nous ignorons de la vie marine, » explique Ward Appeltans, coordinateur du Système d’information biogéographique des océans (OBIS) de la Commission océanographique intergouvernementale de l’UNESCO. « L’inventaire dressé par le Registre mondial des espèces marines (WoRMS) est le fruit d’un effort collaboratif sans précédent d’experts en taxonomie du monde entier. Il s’agit d’une référence pour les études à venir sur la biodiversité et les efforts de conservation et servira aux scientifiques, aux étudiants, aux responsables politiques et à quiconque s’intéresse à la diversité de la vie sur notre planète ». Le Registre mondial des espèces marines est une base de données en ligne mise en place en 2007 à laquelle participent 146 institutions réparties dans 32 pays. Conçu sur le modèle du Registre européen des espèces marines, il est hébergé par l’Institut marin des Flandres en Belgique. Placé depuis 2009 sous les auspices de la COI, le Système d’information biogéographique sur les océans (OBIS) est un système d’exploitation de données accessibles en ligne sur la diversité, la répartition et l’abondance de la vie marine. OBIS contribue à la protection des écosystèmes marins en aidant à identifier les zones marines menacées et à augmenter nos connaissances afin de mieux gérer et protéger l’océan.
Source : unesco.org (15.11.12)
Source photo : wikimedia.org