Ces microplastiques échappent au traitement des eaux usées.
L’entreprise Unilever vient d’annoncer qu’elle abandonne l’utilisation de microbilles de plastique dans certains de ses produits cosmétiques pour le corps : les gommages et les soins exfoliants. Une fois passée la surprise d’apprendre que du plastique entre dans la composition de savons, gels, crèmes, shampooings, déodorants, eye-liners et autres dentifrices, on peut simplement lire sur le communiqué de l’entreprise que cette décision vise à protéger les océans.
Une décision saluée comme telle par les associations environnementales anglaises qui mènent campagne contre l’utilisation de ces microplastiques, le plus souvent du polyéthylène ou du polypropylène. Mais faute notamment de pouvoir connaître les quantités concernées, l’entreprise refusant de répondre à toutes questions sur le sujet, il est assez difficile d’en mesurer réellement l’impact. Les industriels qui fabriquent ces billes ne manquent pas d’arguments pour en faire la promotion. Non seulement ils en vantent l’innocuité pour l’homme, mais ils soulignent leurs nombreux avantages. Sur son site, la société Cospheric explique qu’elles sont opaques et donc très recouvrantes, que l’on peut les colorer, que les plus petites permettent de masquer les rides et surtout que leur parfaite rondeur les rend moins irritantes que les produits naturels utilisés avant. L’ONG Marine Conservation Societyexplique pour sa part que «trois produits de gommage sur quatre contiennent ces microplastiques». Elle cite également une étude de l’institut pour les études environnementales (université d’Amsterdam) montrant que les microbilles peuvent représenter jusqu’à 10,6 % du poids d’un produit. «Dans une bouteille de 200 ml, il y a 21 grammes de ces microplastiques», souligne encore l’association. Or, Cospheric montre dans ses tableaux de mesures qu’il faut plus de 147 millions de billes mesurant 0,02 mm pour obtenir un gramme, ou plus de 400.000 pour celles qui mesurent 0,15 mm. Dans une étude publiée dans Marine Pollution Bulletin, des chercheurs néo-zélandaisont montré de leur côté que les «trois quarts des marques de nettoyants pour le visage vendus dans les supermarchés du pays utilisaient des microbilles d’une taille inférieure à 0,1 mm». Des milliards de petites billes terminent ainsi quotidiennement leurs courses dans les égouts avant d’être évacuées vers les rivières puis la mer, bien peu de stations d’épuration étant capables de les filtrer. «Globalement, on sait que 70 % à 80 % des plastiques de toutes tailles que l’on retrouve dans les océans viennent de la terre», rappelle François Galgani, chercheur à l’Ifremer et spécialiste de ce problème. «Quand il s’agit de microplastique, on est dans l’incapacité de connaître leur origine», poursuit le scientifique qui estime qu’il ne faut pas se laisser impressionner par les seules quantités. Dans les déchets plastiques flottant à la surface des océans, «la part des cosmétiques restera toujours plus faible que celle provenant des emballages», rappelle-t-il. Cela ne veut pas dire qu’ils ne représentent pas un problème, ajoute le chercheur. Danger pour les espèces qui peuvent les ingérer mais aussi «comme support à d’autres espèces qui se greffent sur ces microdéchets et vont coloniser grâce aux courants marins d’autres territoires modifiant grandement les équilibres». Alors que «plusieurs sources de déchets en mer sont difficiles à combattre, certaines sont très faciles», souligne Marine Conservation Society. «C’est le cas des microplastiques ajoutés aux produits de grande consommation.» L’association réclame leur disparition. Source : lefigaro.fr (11.01.13)