Mardi dernier, un chasseur de phoques découvrait une famille de 11 orques piégée par les glaces. Si leur sauvetage est rapidement devenu une priorité nationale, aucune solution réalisable ne se profilait. Finalement, la nature s’est débrouillée seule, et les orques ont rejoint l’océan libre ce jeudi.
Le jeudi 10 janvier, la nature a une nouvelle fois rappelé qu’elle dominait l’Homme. Mardi dernier, un chasseur de phoques canadien découvrait 11 orques (Orcinus orca) piégées par la glace à la baie d’Hudson, au nord du Canada. La situation était critique, le groupe d’épaulards étant coincé dans un trou d’eau de la taille d’un camion. La couverture de glace les entourant les séparait de l’océan large d’une dizaine de kilomètres.
Si les villageois d’Inukjuak, la zone habitée la plus proche, et le gouvernement canadien s’échinaient à trouver un moyen de les libérer, c’est finalement la nature qui les a sauvés.
Depuis mardi, les villageois se relayaient pour agrandir ou au moins maintenir le trou d’eau libre. Un brise-glace aurait été l’instrument idéal, mais le navire le plus proche était à plus d’un jour et demi de navigation. Il était sur le fleuve Saint-Laurent, occupé à dégager l’une des plus importantes voies commerciales. Des membres du gouvernement étaient attendus dans la journée de jeudi pour déterminer un plan de sauvetage. Mais jeudi matin à 8 h 30, les orques n’étaient plus là. Un changement dans le régime des vents, probablement lié à la Nouvelle Lune, a fait fondre la glace et le groupe d’épaulards a pu rejoindre l’océan libre.
Migration tardive des orques
Ce clan d’orques était probablement une famille, constituée de deux adultes et neuf jeunes. Dans cette région du monde, les orques sont migratrices. En été, ils sont partout autour de l’Arctique, mais en hiver, lorsque la glace de mer s’étend, ils migrent plus au sud. En général, le déménagement vers le sud se produit autour des mois d’octobre et novembre. Ce groupe piégé dans les glaces aurait donc un peu de retard dans sa migration.
S’il est aujourd’hui difficile de définir avec certitude les raisons de ce retard, une piste est largement privilégiée. Cet hiver est particulièrement doux dans le cercle arctique. En septembre 2012, la banquise arctique atteignait son taux de fonte record. La glace de mer avait reculé de 3,41 millions de km2. Il est très probable que ce recul ait incité les orques à rester plus longtemps en Arctique. La glace s’est principalement formée en ce début de semaine, événement que les orques n’ont pas vu venir. Mais ce jeudi, le régime des vents a changé. Des vents du sud, plus chauds, ont craquelé la glace, laissant la voie libre aux épaulards.
Mésaventure des orques et réchauffement climatique
En moyenne, la baie d’Hudson gèle à la période d’Halloween, c’est-à-dire fin octobre. Cette année, la mer n’a commencé à se solidifier qu’après Noël ! « C’est probablement la première fois que des orques ont été vues dans la région aussi tard dans l’hiver », explique Christian Ramp, un chercheur spécialisé dans l’étude des cétacés sur les îles Mingan. Si c’est bien la première fois que l’Homme observe des orques coincées à cette période de l’année, cela fait déjà quelque temps que les chercheurs observent le changement comportemental des épaulards en réponse au réchauffement climatique.
« Ils peuvent désormais accéder à l’Arctique, parce qu’il y a beaucoup moins de glace », déplore Andrew Trites, directeur de l’unité de recherche sur les mammifères marins de l’université de la Colombie-Britannique. Pour cette famille d’orques, l’incident s’est bien terminé, mais doit-on s’attendre à plus d’événements de ce type ?
Source : futura-sciences.com (11.01.13)
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