« Occlusion intestinale… » Le diagnostic tombe. Les mains dans les entrailles d’un dauphin tursiops truncatus, sur une plage de Ville-di-Pietrabugno, Cathy Cesarini, cétologue et membre du réseau national échouage, poursuit les prises de mensurations sur le mammifère marin.

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Découvert lundi après-midi, l’animal de près de 300 kilos repose à fleur d’eau, entre quatre rochers. Dans ces cas-là, c’est le devoir des communes de l’évacuer, en demandant les services de la société d’équarrissage. Evidemment, pour un dauphin, le problème est plus complexe. Il faudrait lui passer un cordage, le tracter par la mer, vers le port de Toga… Cathy Cesarini alerte les autorités et commence son autopsie. « Ce n’est pas simple pour les municipalités de faire face à un tel problème, confie-t-elle. Mais c’est une question d’hygiène publique. Imaginez un chien qui vient lécher ce dauphin qui rentre chez lui, lèche son maître, l’enfant de la famille… Et puis l’odeur, les mouettes !

Prélèvements envoyés à La Rochelle

L’odeur justement. A l’heure de l’autopsie, quand Cathy Cesarini fend le ventre de l’animal, les gaz sont tout juste supportables. Mélanges de cadavre, d’eau stagnante, de poissons. Et pourtant ce dauphin n’est là que depuis la veille. La cétologue confie que même les crèmes mentholées tartinées sous ses narines n’ont jamais stoppé la virulence de cette odeur.

Dans une combinaison de néoprène, gants, surgants, bottes, elle s’affaire avec un couteau et un scalpel.

Elle ouvre un « volet » sur les flancs. Puis prélève méthodiquement : un morceau de rein, de foie, de poumon, la rate, du lard, du muscle et des dents pour déterminer l’âge. Tout est emballé, étiqueté et sera placé au congélateur de l’université de Corse où elle a des bureaux. Avant d’être envoyé au centre de recherches des mammifères marins, à La Rochelle. « Ils collectent les données de tout ce réseau de bénévoles, à travers la France. Les dauphins sont une espèce protégée, ils meurent parfois de maladie, de maladies liées à la pollution et aussi de vieillesse. Celui-ci avait un foie d’un aspect étrange mais ce sont les analyses de leurs laboratoires qui diront exactement si l’occlusion intestinale est la cause principale. »

Les longs intestins rose pâle baignent dans le clapotis tandis que dans le ciel, quelques goélands observent la scène, avec appétit.

« Ne jamais toucher un dauphin ! »

Rien ne sera laissé à l’air libre, hormis le corps décharné : les organes sont rassemblés dans une poubelle, dans l’attente de l’équarrisseur.

En 90 minutes, l’autopsie est pliée. « Chaque année, je m’occupe d’environ 20 échouages de ce genre, poursuit Cathy Cesarini. Les mammifères sont certaines fois en début de décomposition. Le plus important est que le public ne s’en approche pas, ne le touche pas. Ce mammifère transporte des maladies comme la septicémie, la pneumonie, cela peut être dangereux. »

Biologiste de formation, cette Cortenaise intervient depuis 20 ans dans le réseau national échouage, par passion, pour combler un vide dans l’île.

Ses connaissances sont reconnues et on la croise souvent dans les écoles, à la demande de l’association U Marinu.

Pour balayer aussi l’image « du gentil dauphin et du méchant requin : ce sont des animaux sauvages avant tout ! »

Mieux connaître, pour mieux protéger.

Source & vidéo : corsematin.com  (15.05.13)


Plus d’infos sur l’espèce & fiche pédagogique téléchargeable : Le grand dauphin 

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