Qu’ils soient échoués ou errant en pleine mer, les grands animaux marins morts ne sont jamais abandonnés. Pris en charge par des services spécifiques, leur devenir ne doit rien au hasard.
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Sur la plage, elles soulèvent toujours une incroyable tristesse. Elles, ces grandes carcasses inanimées sur lesquelles il vous est peut-être arrivé de tomber nez à nez. Dépouilles de dauphins, marsouin et autres cétacés. Comme s’il y avait quelque chose de sacré dans ces animaux-là. Pour nous, promeneurs, oui. Pour d’autres, un panel de services spécifiques, en revanche, moins. Et impossible de les laisser reposer là où Dame Nature les a poussés. Qu’ils soient sur le rivage ou en pleine mer, ces grands corps vont transiter. Des professionnels sont même chargés de les « éliminer » … Pas tout à fait le paradis. L’enfer ? Non plus.

Sur la côte est varoise de Fréjus, longue de plus d’une dizaine de kilomètres et riche en cétacés, il n’est pas rare qu’un des membres de cette immense famille soit signalé. « Sur le rivage, le protocole est strict,souligne Jean-François Anavillela, responsable fréjusien de la sécurité des plages. Jusqu’à 300 m, c’est la ville qui est responsable de la carcasse. Au-delà c’est le préfet maritime. Ceci vaut si la bête est morte, bien évidemment. Le cas échéant, c’est généralement un spécialiste du parc Marineland d’Antibes qui est dépêché sur place. » Ce fut le cas, notamment, en juillet 2007, lorsqu’un baleineau de huit tonnes, en détresse, était venu s’échouer à Saint-Aygulf.

Mais aucune de ces actions n’est possible sans le Cross Med puisque, même sur la Grande Bleue, l’État garde sa suprématie. « Deux cas de figures sont possibles,précise-t-on au sein du Cross Med, sachant toutefois que tout animal repéré doit nous être signalé. Dans le premier cas, il s’agit d’un corps sur le sable. Avec ou sans vie. Une fiche éco-océan est aussitôt remplie par nos soins. La commission échouage est alors contactée. Et opérera une analyse rapide avant l’équarrissage(1), par exemple.Dès que l’info est transmise, en fait, notre mission est remplie. »

A la commune sur laquelle est venu mourir le « marin » de prendre en charge, après ces examnes, l’animal. « À la base nature de Fréjus, nous avons un congélateur d’un mètre cinquante de long environ dans lequel nous pouvons conserver, trois mois maximum, de petits cétacés,complète Jean-François Anavillela. S’ils n’atteignent pas les 40 kg, il faudra attendre de récupérer d’autres animaux, terriens compris, pour que l’équarrisseur récupère le tout. ll ne se déplace jamaispour moins. »

Sécurité des navigateurs

Dans le second cas de figure, c’est un gros animal qui est repèré dans les eaux. « Un message urgent est transmis aux navigateurs, reprend-on au Cross Med, afin d’assurer leur sécurité. La phase de récupération est enseuite amorcée. L’association Souffleurs d’écume, avec laquelle nous travaillons, a d’ailleurs un projet se basant sur des études Outre-Atlantique. Celui d’immerger les corps sans vie (lire aussi par ailleurs). »

En 2012, pas moins de 21 animaux marins morts ont ainsi été signalés sur l’ensemble de la Méditerranée. Des dauphins bleus, en grande majorité, le plus courant sur nos côtes. Mais aussi trois tortues ou encore une baleine.

 

1. l’équarrissage permet de « recycler » les animaux utilisés en évitant, ce qui serait le cas si les carcasses étaient laissées à l’abandon en pleine nature, la transmission de virus. La matière première animale est cuite pour enlever l’humidité et la graisse.

Une première en France ?

Basée du côté de Brignoles, la direction de l’association « Souffleurs d’écume » (1) œuvre main dans la main avec le Cross Med ,depuis plus de treize ans, afin d’éviter le décès non naturel des cétacés méditerranéens. « La première cause de mortalité chez les rorquals et cachalots est la collision avec les grands navires, avance Jérôme Couvat, adjoint du responsable de l’association Pascal Mayol. Nous avons développé, entre autre, le logiciel Repcet, qui fonctionne en temps réel et grâce à des satellites.C’est notre radar à cétacés. »

De la Presqu’île de Giens à la pointe corse, ces derniers sont légion. « Il y a le sanctuaire protégé Pélagos, mais aussi les côtes, prisées les grands dauphins comme Flipper ! À 2 ou 3 km de Fréjus ou Saint-Tropez, dans des zones très productives côté plancton, les grands rorquals ont élu domicile. » C’est en se penchant, précisément, sur la microfaune, que « Souffleurs d’écume » a retenu le concept élaboré par des chercheurs d’Hawaï.

Une «oasis» alimentaire

« Quand un cétacé est retrouvé mort sur la plage, le coût de transport pour équarrissage est très élevé, insiste l’adjoint. Les Américains ont eu l’idée de couler les baleines, entre autres, via des explosifs au large. Afin de faire bénéficier à toute une faune. Ce serait une oasis supplémentaire en pleine mer capable d’alimenter plusieurs espèces sur des dizaines d’années. » (1) www.souffleursdecume.com

Source : varmatin.com  (05.06.13) Source photo : wikimedia.org  
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