(Rivière-du-Loup) Gaston Déry n’en revient pas. L’homme, propriétaire de l’île aux Pommes au large de Trois-Pistoles, a découvert mercredi une baleine rare échouée sur les berges du côté sud. Les scientifiques du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM) croient qu’il s’agit d’une baleine à bec de Sowerby, une espèce en péril qui vit dans l’Atlantique. Aucun spécimen ne s’était encore échoué dans l’estuaire du Saint-Laurent.
«Lors de mon arrivée sur l’île mercredi, j’ai tout de suite remarqué la présence d’un mammifère marin dans une petite baie. Mais la marée était haute et je ne pouvais m’approcher. Je n’arrivais vraiment pas à identifier l’espèce et j’ai immédiatement contacté le GREMM à Tadoussac», raconte M. Déry, ajoutant que sa découverte a créé un véritable tsunami chez les biologistes et spécialistes. «On me dit que c’est très rare.» En fait, ce serait même une première. Tout porte à croire qu’il s’agirait d’une baleine à bec de Sowerby, une espèce en péril qui n’a pas l’habitude de fréquenter le fleuve Saint-Laurent. «On a déjà noté la présence d’une baleine de ce type en 2006 dans le parc Forillon en Gaspésie, mais à ma connaissance, selon les rapports, c’est véritablement la première fois qu’une baleine à bec de Sowerby s’échoue dans l’estuaire du Saint-Laurent», précise Robert Michaud du GREMM. Ce dernier a interrompu ses vacances pour constituer une équipe d’experts du GREMM et de l’Institut vétérinaire de l’Université de Montréal à Saint-Hyacinthe pour se rendre sur place, prélever des échantillons, procéder à la nécropsie et tenter d’identifier la cause du décès. «C’est assez compliqué de tout mettre en place pour envoyer une équipe de huit personnes sur une petite île, mais ça vaut la peine, parce que grâce à des découvertes de la sorte, on apprend ce qui se trouve dans notre Saint-Laurent», dit-il. Des photos ont été envoyées au Smithsonian Institute à Washington afin que les experts américains, plus familiers avec ce type de baleine, puissent en confirmer la race. «On voit ces animaux très rarement. Elles vivent dans les profondeurs, dans l’Atlantique et comme elles se tiennent généralement au large, il est très très rare que l’on en retrouve échouées», explique M. Michaud. «Une telle découverte, c’est très excitant pour nous», ajoute Josiane Cabana du Réseau québécois d’urgence pour les mammifères marins. C’est la première fois qu’une équipe a accès à une carcasse de ce type de baleine en bon état. Seconde vieLa baleine aura une deuxième vie. La carcasse sera transportée au GREMM à Tadoussac, où les biologistes s’affaireront à remonter son squelette, qui sera ensuite exposé dans le centre d’interprétation de l’endroit. Gaston Déry est propriétaire de l’île aux Pommes depuis 30 ans. Il perpétue l’oeuvre initiée par son grand-père, qui l’a achetée en 1927 pour y protéger le milieu naturel. Vendredi, l’habitat a tellement été modifié que l’endroit est reconnu par le gouvernement comme réserve naturelle en milieu privé. On y retrouve une centaine d’espèces de canards et d’autres oiseaux marins. Les efforts de Gaston Déry lui ont valu un prestigieux prix Phénix de l’environnement en 2007. Ironie du sort, une équipe de Radio-Canada se trouvait sur place pour tourner un documentaire sur ses actions environnementales, mercredi, lors de la découverte de la baleine. Toute l’opération a été filmée. Le documentaire devrait être présenté en 2014.
Source & capture d’écran : lapresse.ca (05.07.13)
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