S’il existe une baleine très discrète, c’est bien le rorqual de Bryde. Peu connue et étudiée, elle représente une véritable énigme pour les biologistes. Mais, des échantillons génétiques pourraient être la clé nécessaire aux scientifiques pour mieux protéger ce mammifère.
Les secrets du rorqual de Bryde dévoilés grâce à des analyses ADNpar Gentside Découvertes
Si vous cherchez « Rorqual de Bryde » dans la base de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (IUCN), vous tomberez probablement sur « données insuffisantes ». Casse-tête marin des chercheurs, la baleine a dévoilé très peu de secrets depuis qu’on a découvert son existence.
Longue d’environ 15 mètres, elle peuple pourtant de nombreux océans puisqu’elle nage dans les eaux tropicales, subtropicales et tempérées des océans Atlantique, Pacifique et Indien. C’est à peu près tout ce que les scientifiques connaissent sur le rorqual de Bryde. Leur population, leur étendue, leur diversité… restent elles beaucoup plus mystérieuses.
Résultat, les chercheurs ont bien du mal à déterminer dans quelles mesures elles sont en danger et si elles sont menacées par les bateaux, la chasse à la baleine ou encore les changements environnementaux, explique la Wildlife Conservation Society.
L’ADN au secours des chercheurs
Toutefois, cette errance des scientifiques pourrait bien prendre fin. Des études génétiques ont permis aux chercheurs d’identifier les différents groupes de rorquals de Bryde mais également déterminer lesquels sont menacés et dans quelle mesure. Francine Kershaw, de l’Université de Columbia, et son équipe ont prélevé des échantillons d’ADN mitochondrial sur 56 baleines au large des Maldives, d’Oman et du Bangladesh.
Pour cela, ils ont récupéré des morceaux de peau sur les baleines vivantes grâce à une petite fléchette de biopsie et sur les baleines mortes retrouvées échouées. Les chercheurs ont également utilisé les données ADN déjà existantes de rorquals de Bryde évoluant au large de Java, du Japon et dans le nord-ouest du Pacifique.
Cette récente étude de l’ADN a ainsi permis aux scientifiques de déterminer que le rorqual de Bryde possédait deux sous-espèces : une assez importante vivant au large des côtes et une, plus petite, préférant les eaux côtières.
Faciliter les plans de sauvegarde
La sous-espèce préférant les eaux plus profondes semble également être composée de groupes distincts, notamment aux Maldives et dans le Pacifique Nord-Ouest. Il se pourrait, cependant, que leurs différences ne garantissent pas des distinctions taxinomiques claires. Les scientifiques précisent tout de même que chaque population devrait être considérée comme un groupe afin de faciliter la gestion de leur sauvegarde.
De son côté, la sous-espèce des rorquals de Bryde évoluant près des côtes possède une diversité génétique très faible. Selon l’étude, les 45 baleines du Bangladesh et d’Oman appartiennent toutes à la même lignée maternelle. Aussi, ce groupe devrait être désigné comme une unité séparée de celle évoluant près des côtes japonaises pour optimiser leur conservation, estiment les scientifiques.
« La capacité à déterminer la présence de différentes populations et sous-espèces de rorquals de Bryde, une espèce particulièrement menacée par son faible nombre et sa pauvre diversité génétique, sera d’une grande aide pour les autorités. Cela leur permettra d’éviter l’extinction de certaines lignées génétiques uniques ou même d’une population entière », explique Howard Rosenbaum, directeur du Wildlife Conservation Society’s Ocean Giants Program.
Source : maxisciences.com (13.10.13)