Deux étudiants relient nos côtes à Istanbul en kayak. L’université de Toulon leur a remis un kit d’enregistrement des sons des mammifères. Objectif : les étudier pour mieux les protéger. 800px-Sperm_whale_123.jpg



C’est  » une première « , ont annoncé les deux jeunes kayakistes de 23 ans aux étudiants de Staps (sciences et techniques des activités physiques et sportives) de l’université de Toulon.

C’était la semaine dernière, lors de la présentation de leur projet. Une aventure un peu folle mais qui a fait rêver et intéressé des scientifiques comme Hervé Glotin, enseignant chercheur à l’université de Toulon-La Garde, spécialisé dans la bioacoustique des mammifères marins.

Ces deux étudiants, originaires des Yvelines, projetaient depuis longtemps d’entreprendre un long périple en kayak. « Puis, l’idée nous est venue d’aller voir des scientifiques pour ajouter à notre voyage des projets scientifiques et éducatifs, et pour sensibiliser les enfants à la protection de l’environnement. »

A l’image du voilier scientifique Tara

Douglas Couet (qui possède tout de même un master d’océanographie et environnement marins) et son ami Louis Wilmotte ont ainsi joint leur passion des voyages et du kayak à la recherche scientifique. Un peu à l’image de l’expédition du voilier polaire Tara, qui a effectué des prélèvements et des relevés dans l’Arctique.

Partis le 4 août dernier de Gibraltar à bord de leur kayak biplace, ces deux étudiants ont déjà parcouru 1600 kilomètres en 84 jours à la vitesse de 3 à 5 nœuds en moyenne, le long des côtes.

Invités mardi soir à présenter leur projet à l’université de Toulon, les deux kayakistes se sont vus remettre du matériel d’enregistrement des sons émis en mer par les cétacés. « Nous sommes peut-être la dernière génération à pouvoir entendre et enregistrer ces animaux », a rappelé Hervé Glotin.

Une première en Méditerranée

Des mammifères qui ont l’habitude de fréquenter les côtes toulonnaises et hyéroises. Dauphins, cachalots, baleines… Les spécialistes parlent même de « hot spot » pour qualifier ce secteur autour des Îles d’or qui fait partie du sanctuaire Pélagos. Repartis de nos côtes ce week-end pour rejoindre Istanbul, les deux kayakistes ont promis de multiplier les enregistrements en mer. Pour bien faire, ils disposent d’un hydrophone relié à un câble de trente mètres. Les sons émis par les cétacés mais aussi les nuisances sonores éventuelles seront ainsi retransmis au Laboratoire des sciences de l’information et des systèmes (LSIS) de l’université de Toulon pour y être étudiés. « Des informations très riches », selon Hervé Glotin. « Car peu d’études ont été faites sur un transit aussi long, sans perturbation de son puisqu’ils sont en kayak. On pourra concrètement constater l’absence ou la présence de cétacés et s’il y a des nuisances sonores. Ce seront des indicateurs à transmettre aux autorités pour, par exemple, leur demander de faire attention aux bruits des moteurs qui perturbent ces mammifères. On espère aussi obtenir ainsi des informations sur les espèces qui fréquentent le sanctuaire Pélagos. »

Après Rome, Thessalonique et Istanbul, les deux étudiants pensent finir leur périple au détroit du Bosphore en 2014. Ce challenge sportif aura ainsi été aussi pédagogique, scientifique qu’« utile ». Comme le désiraient ces deux étudiants pour tenter de mieux connaître la planète et la protéger.

 
1. Le projet sabiod.org de recherches en bioacoustiques est financé par le Centre national de la recherche scientifique.

A noter que ce projet intitulé « Mare Nostrum » a reçu, entre autres, le soutien de la fondation de Maud Fontenoy, de l’entreprise DCNS et de la Marine nationale.

Renseignements complémentaires sur le site www.marenostrum-project.com
Source : varmatin.com (02.12.13)

Source photo : wikimedia.org

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