Les déchets se sont densifiés dans toutes les mers d’Europe. Sale record pour la Grande bleue.
En avril, la revue scientifique Plosone publiait une étude comparative sur la présence de déchets de plastique dans les eaux bordant le continent européen. Réalisés entre 1999 et 2011, les travaux se sont concentrés sur 32 sites répartis entre le nord de l’Atlantique, l’Arctique et la Méditerranée. Le résultat est sans appel : en Europe, 41 % des déchets sont composés de matière plastique. Le golfe du Lyon, en Méditerranée, affiche quant à lui un taux de plus de 70 %. François Galgani, chercheur à l’Ifremer, a participé à l’étude sur nos côtes. Au total, il relève 500 millions de déchets de plastique dans les fonds méditerranéens, et 250 milliards de microplastiques en surface, soit « près de 600 tonnes ». Pour ce délit, deux types d’auteur ont été identifiés : « Ces forts taux sont liés aux densités de population sur le littoral méditerranéen. D’autant qu’il y a peu de recyclage ».Au large, dans les fonds marins, c’est l’activité de pêche qui produit le plus de déchets, moins de plastiques certes, mais des filets… Deux arguments qui, cependant, n’expliquent pas tout. Contrairement aux autres zones observées, la Méditerranée est une enclave. Ici, les déchets s’accumulent et en sortent très difficilement par le mince détroit de Gibraltar.
Multiples conséquences
« Les eaux entrantes sont toujours en surface, tandis que les eaux sortantes se situent à plus de 100 mètres de profondeur… Les déchets en surface ne peuvent pas descendre et restent donc en Méditerranée. Cela s’est accumulé au fil des ans. Ici, il n’y a pas de marées, peu de brassage. Et pendant longtemps, nous n’avions pas de station d’épuration ». Les conséquences sont multiples. Les gros déchets représentent un risque direct pour certaines espèces : oiseaux, poissons et autres tortues s’y empêtrent ou s’étranglent. Pour François Galgani, cependant, « le vrai problème ne concerne pas tellement la chaîne alimentaire mais le transfert des espèces… Les déchets véhiculent des espèces marines. Ça leur permet de coloniser de nouveaux milieux, et ça dérègle le vivant. Au Canada, 120 nouvelles espèces ont déboulé après Fukushima ».Un scénario possible, mais qui devrait s’estomper avec la disparition des sacs plastiques, prévue pour 2016. Source : lindependant.fr (28.08.14)
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