Des témoins ont observé longuement le cétacé, au large du Pays basque, le week-end écoulé. Une proximité des côtes rare pour ces animaux des profondeurs.

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Peu l’ont vue « en vrai », mais, par la grâce des smartphones promptement dégainés, des milliers d’autres ont admiré en photos ses facétiessur les réseaux sociaux : au large de la Côte basque, le week-end dernier, une baleine à bosse ne semblait plus vouloir s’arrêter de bondir au-dessus des flots.  Dix fois, cent fois, elle a soulevé sa masse légère. Un spectacle rarissimeaussi près du littoral.

Vendredi après-midi, le grand cétacé a donnéune première représentation dans la baie d’Hendaye. Les passagers de l’« Hendayais II » ont pu l’observer de près. « Pendant peut-être une heure et quart », raconte le capitaine et armateur du bateau de promenade, François Fontainhas. « On avançait tout doucement, on le voyait au loin, et puis il replongeait, réapparaissait. Il se déplaçait beaucoup. À un moment, il a bondi hors de l’eau, à même pas 5 mètres du bateau. »

« Du jamais-vu »

Le marin décrit les vrilles de l’animal, qui « sautait en l’air en tournant sur lui et [qui] retombait sur le côté ». Plusieurs voiliers, attirés par la présence du mammifère marin, ont pu l’observer depuis l’eau. À terre, l’élu municipal Jean-Michel Giansanti était au travail à ce moment-là sur les hauteurs de la ville. « On était très loin, mais on la distinguait bien. C’était vraiment spectaculaire à voir. »

François Fontainhas a bourlingué sous d’autres latitudes, habitué à ces rencontres. Mais ici, « c’est du jamais-vu », pense-t-il. Si les armoiries de la ville portent une baleine en souvenir des pêcheurs baleiniers d’antan, il y a belle lurette qu’on n’en voit plus la queue d’une. Président du Groupe d’étude de la faune marine atlantique (Gefma), Alexandre Dewez évoque les « baleines franches des Basques », aussi dites « de Biscaye », autrefois cibles des harpons : « Les baleines qui vivaient sur la Côte basque ont été décimées.L’espèce a disparu de nos côtes. »

En eaux profondes

Mais elle existe toujours, aujourd’hui plus coutumière des côtes américaines. La scientifique et directrice du musée de la Mer de Biarritz, Françoise Pautrizel, décrit une espèce grasse et chassée pour cette générosité. « Contrairement à elle, la baleine à bosse observée ce week-end, plus athlétique, est une grande plongeuse.C’est pour cela qu’il est rare de l’observer aussi près des côtes. » La baie d’Hendaye et de Fontarabie, où elle a refait surface samedi, relève pour elle du pédiluve. « Elle nage plutôt dans les zones où la plate-forme continentale dépasse les 200 mètres de profondeur. »

François Fontainhas a beau avoir vu la bête de près, il peine à estimer la taille de l’animal. « Elle n’était pas énorme, elle devait faire à vue de nez entre 7 et 10 mètres au maximum. Je ne sais pas si elle était jeune, mais, ce qui est sûr, c’est que sa nageoire mesurait dans les 2 mètres. »

Migrations

Alexandre Dewez considère le comportement joueur et curieux du mégaptère. « Si c’est un juvénile, dans ce cas, il se nourrit encore du lait de sa mère.Si elle n’était pas avec lui, on peut penser qu’elle est morte. »Mais si le capitaine de l’« Hendayais II » ne se trompe pas sur les mensurations de la nageoire, le représentant du Gefma parierait alors sur un animal plus âgé. « Quoi qu’il en soit, une baleine seule, c’est anormal. Ce ne sont pas des animaux solitaires. Ils se déplacent toujours au moins par deux ou trois. »Parfois même par dizaines.

Les baleines, qu’elles soient à bosse, à bec, parfois des cachalots, croisent en nombre dans le golfe de Gascogne. Elles y trouvent plancton et petits poissons en abondance. Le spécimen observé le week-end dernier au Pays basques’est probablement égaré sur sa trajectoire migratoire.« L’été, une grande population baleinière va se nourrir dans des zones froides, comme en mer Baltique, détaille Françoise Pautrizel. Elles migrent ensuite vers les mers subtropicales. » C’est leur chemin actuel. « Mais elles passent très au large », appuie Alexandre Dewez. « Les cétacés comme cette baleine à bosse ne rentrent pas près des côtes comme ça. » Son comportement l’incline à penser qu’elle ne s’éloignera pas beaucoup du littoral, lors de ses prochaines pérégrinations. « On pourrait très bien la retrouver dans quelques jours. »Pour un nouveau ballet. Source & photos :  sudouest.fr  (03.11.14) Source photo :   wikipedia.org

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