Cela faisait des mois que le gouvernement régional canarien, aidé de plusieurs organisations gouvernementales, se battait contre le projet de prospections pétrolières de la compagnie Repsol. Mais cette dernière a commencé à forer les fonds marins entre les îles de Lanzarote et de Fuerteventura le 18 novembre dernier après avoir reçu une autorisation du gouvernement espagnol cet été.

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Quelques mois auparavant, le WWF (World Wildlife Fund) avait déposé une plainte formelle auprès de la Commission Européenne afin d’empêcher ces prospections et de créer un sanctuaire pour les baleines dans cette région du globe. En effet, pas moins de 29 espèces de cétacés y résident, dont certaines comme le globicéphale tropical, sont protégées par le gouvernement canarien.

C’est dans ce climat conflictuel que le 15 novembre, soit trois jours avant le début des forages, une violente altercation s’est déroulée entre la Marine espagnole et des militants de Greenpeace, présents pour protester pacifiquement contre le projet de Repsol.
 
A peine 48h après le début des prospections, un cachalot pygmée a été retrouvé mort sur une plage de Lanzarote, alimentant davantage la polémique et l’indignation des Canariens. Ceux-ci ont par ailleurs exprimé leur désapprobation dans un sondage le 23 novembre dernier. Ils devaient se prononcer sur la question suivante : « Croyez-vous que les Canaries doivent changer leur modèle environnemental et touristique pour les prospections de gaz ou de pétrole ? ». Les résultats de ce vote sont éloquents : 75.4% des habitants de l’archipel ont répondu « non ». En effet, une écrasante majorité des habitants rejettent ces prospections, et craignent que ces forages aient un impact néfaste sur leur environnement ainsi que sur le tourisme, qui est leur principale source de revenus. Le sort des cétacés inquiète particulièrement le millier de personnes qui vivent du whale watching (l’observation des cétacés en milieu naturel), ainsi que les biologistes lesquels, à aucun moment, n’ont été consultés par le gouvernement espagnol quant aux conséquences de ces recherches d’hydrocarbures sur l’environnement.

L’impact environnemental de ces prospections pourrait être désastreux : selon des études scientifiques, le forage d’exploration a des conséquences néfastes sur la faune environnante, sur les sédiments marins, ainsi que sur les écosystèmes côtiers. Les rejets de fluides causent, entre autres, des dommages physiques sur les organes de filtrations et de respiration des animaux marins. De plus, la présence d’hydrocarbures dans l’eau favorise l’apparition de nouvelles bactéries, modifiant la biodiversité initiale, avec pour conséquence directe une diminution de la fertilité des poissons.

Pour ce qui est des cétacés, la première conséquence de l’exploration sismique gazière et pétrolière est la pollution acoustique : ces activités émettent des signaux à basse fréquence dépassant les 200 décibels, créant des désordres physiologiques et comportementaux avérés sur les mammifères marins. Soumis au stress, ils sont alors désorientés, abandonnent leur zone de nourriture et peuvent être soumis à des accidents de décompression pouvant entraîner leur mort.

Sources : El Pais – 12 septembre 2014, El Pais – 2 octobre 2014, El Pais – 18 novembre 2014, El Pais – 24 novembre 2014, Libération – 27 décembre 2013, www.canarias7.es, sololiya.fr.

Audrey Verdière pour Réseau-Cétacés.

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