(Québec) TransCanada a annoncé avoir stoppé ses travaux à Cacouna, hier, après qu’un comité fédéral a conclu que le béluga n’est plus une espèce «menacée», mais bien une espèce «en voie de disparition». 800px-Anim1108_-_Flickr_-_NOAA_Phot 05 12 14o_Library.jpg


Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) s’est réuni à Ottawa, la semaine dernière. Ses experts ont conclu que la survie du béluga de l’estuaire du Saint-Laurent est compromise par la prolifération d’algues toxiques, la pollution ainsi que la perturbation causée par le bruit et le développement industriel.

Au terme de sa réunion, l’organisme a décidé de changer la désignation du béluga, qui n’est plus une espèce «menacée», mais bien «en voie de disparition».

«Il y a des signes préoccupants de déclins récents et de cas de mortalité inexpliquée chez de jeunes bélugas, peut-on lire dans un communiqué diffusé par l’organisme. Cette petite population fait face maintenant à un risque de disparition considérablement plus élevé que lorsqu’elle a été évaluée il y a 10 ans par le COSEPAC comme étant « menacée ».»

«Sans une protection de son habitat essentiel, on s’attend à ce que cette population continue de diminuer», ajoute le comité.

Pour Robert Michaud, président du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM), le rapport confirme une chose: «Tous les voyants sont au rouge clignotant.»

Selon lui, le rapport va forcer la main du gouvernement fédéral, qui tarde à désigner l’habitat essentiel du béluga. Une telle mesure aurait pour effet de restreindre les perturbations dans les zones d’habitat du béluga.

«Le gouvernement a déjà toutes les obligations d’agir et il ne l’a déjà pas fait depuis deux ans dans le cas de l’habitat essentiel», a indiqué M. Michaud.

L’annonce est une tuile pour TransCanada, dont le projet Énergie Est prévoit la construction d’un port pétrolier en eau profonde à Cacouna. Ce terminal se trouverait en pleine zone de reproduction de la petite baleine blanche.

Selon les documents produits à l’Office national de l’énergie, 175 pétroliers y accosteraient chaque année.

Travaux stoppés

Peu après l’annonce du COSEPAC, TransCanada a annoncé avoir stoppé ses travaux, le temps d’évaluer les recommandations de l’organisme et leurs impacts sur le projet Énergie Est. L’entreprise compte réviser «toutes les options viables pour l’avenir».

TransCanada a également annulé un événement «portes ouvertes» qui devait justement se tenir à Cacouna cette semaine.

«Nous partageons les préoccupations environnementales des Québécois et de tous les Canadiens, incluant leurs inquiétudes concernant les bélugas du Saint-Laurent, a indiqué le porte-parole de l’entreprise, Tim Duboyce. Le projet Énergie Est sera conçu, bâti et opéré dans le plus grand respect de ces préoccupations tout en faisant de la sécurité notre priorité absolue.»

Pour l’opposition du Parti québécois et les écologistes, le verdict du COSEPAC doit signifier l’arrêt de mort du terminal pétrolier de Cacouna.

Le député péquiste Sylvain Gaudreault rappelle que le gouvernement Couillard a posé sept conditions à la réalisation du projet Énergie Est, dont le respect des «plus hauts standards techniques» pour la protection de l’environnement.

«Le comité nous dit que l’espèce est en voie d’extinction et que son milieu de vie est essentiel, observe M. Gaudreault. Je vois mal comment on peut aller faire un port pétrolier en plein milieu de la pouponnière.»

«Ça risque d’être impossible pour le gouvernement provincial de donner son aval à ce projet, a renchéri le porte-parole de Greenpeace, Patrick Bonin. Plus de 70% des Québécois étaient opposés au projet. Maintenant, on risque aussi de voir la communauté scientifique monter aux barricades.»

L’attachée de presse du ministre de l’Environnement, David Heurtel, n’a pas rappelé La Presse, hier.

Certificat expiré

TransCanada a mené des forages exploratoires dans ce secteur à la fin de l’été. Ces travaux ont été stoppés sur ordonnance de la Cour supérieure à la fin du mois de septembre parce qu’ils mettaient en péril les populations de bélugas. Le ministère de l’Environnement a empêché les forages de reprendre à la mi-octobre, sommant TransCanada de corriger les problèmes de bruit.

Le certificat d’autorisation de l’entreprise a expiré dimanche sans qu’elle ait pu s’entendre avec Québec sur un plan correctif. Source :  lapresse.ca (02.12.14)


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Plus d’infos sur l’espèce & fiche pédagogique téléchargeable :

Le béluga

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