Le défenseur des océans, Paul Watson, exilé en haute mer en 2012 pour échapper à un mandat d’arrêt, a trouvé refuge à Paris d’où il coordonne les campagnes en mer de l’ONG Sea Shepherd, toujours à l’œuvre en Antarctique.
A 64 ans, l’écologiste canadien qui a fondé en 1977 Sea Shepherd, n’a rien perdu de l’énergie du marin ayant navigué sur tous les océans du monde.
Mais ne pas être en ce moment avec ses collègues en Antarctique à la poursuite d’un navire pêchant illégalement dans des eaux réglementées ne le frustre pas tant que ça.
« J’ai fait ça pendant 35 ans, cela ne me gêne tant que d’autres prennent le relais », a-t-il confié à l’AFP jeudi lors d’une rencontre à bord du « Brigitte Bardot », l’un des bateaux de Sea Shepherd à quai à Paris.
L’écologiste est devenu célèbre en s’opposant aux navires japonais qui chaque hiver chassent la baleine en Antarctique, pourtant un sanctuaire pour ces cétacés.
Ce combat est allé loin: en 2012, dans le cadre de procédures judiciaires initiés par Tokyo, pour un face-à-face avec un baleinier dans les eaux antarctiques, et par le Costa-Rica, pour avoir empêché des captures de requins, Paul Watson s’est retrouvé sous le coup de mandats d’arrêts d’Interpol.
Les méthodes utilisées par l’ONG, par exemple en bloquant leurs hélices, ont été qualifiées de « terroristes » par les autorités japonaises.
Paul Watson pensait ne rien craindre: « Si on a pas tué, pas provoqué des dégâts et pas volé, on ne se retrouve pas sur un fichier d’Interpol, n’est-ce-pas? »
Mais en 2012, alors qu’il se rendait depuis les États-Unis au Festival de Cannes, il est arrêté lors d’une escale à Francfort puis assigné à résidence. Malgré les soutiens qu’il a pu recevoir en Allemagne, il a su qu’il allait être extradé vers le Japon, raconte-t-il.
« Je me suis rendu à la frontière avec les Pays-Bas, j’ai embarqué sur un bateau et mis le cap sur l’Atlantique », témoigne-t-il.
– Exilé en haute mer –
A alors commencé un exil en haute mer: il a rejoint un bateau de Sea Shepherd dans le Pacifique et participé à la campagne en Antarctique de l’hiver 2013, puis a passé sept mois dans le Pacifique sud « avant que le gouvernement américain estime que cette affaire était ridicule et me donne la permission de rentrer ».
Retour sur le sol américain à l’automne 2013. Et direction la France en juillet 2014, où les autorités semblent avoir fait la même analyse que les États-Unis. « Je suis venu à Paris pour vivre et me marier avec ma compagne, mais nous n’avons pas encore pu le faire, c’est un casse tête administratif », affirme-t-il.
A distance, il suit au jour le jour les pérégrinations des bateaux de Sea Shepherd actuellement à l’œuvre contre la pêche illégale en Antarctique, mais aussi au large de l’Australie, du Mexique et du Cap Vert.
« J’espère qu’en 2015, nous serons encore plus efficaces », dit ce militant de longue date, ancien de Greenpeace, car « on ne peut pas compter sur les gouvernements ».
L’homme à la barbichette blanche est toujours sous le coup de mandats d’arrêts. Mais « il ne figure pas sur le fichier des personnes recherchées en France », avait indiqué en juillet l’un de ses avocats, Me William Bourdon.
En attendant que sa situation juridique soit clarifiée, Paul Watson ne voyage pas.
« Les Japonais pensaient qu’en m’interdisant de voyager, ils mettraient fin à l’opposition à la chasse à la baleine, mais Sea Shepherd est un mouvement, ils nous ont en fait rendu plus forts », pense l’écologiste.
« Le contexte a aussi changé avec la condamnation du Japon », en mars 2014, par la Cour internationale de justice, qui a jugé l’archipel coupable de chasser la baleine en Antarctique à des fins commerciales sous couvert de recherches scientifiques, estime Me Bourdon.
« Il y a des démarches pour qu’il soit mis un terme à ses persécutions judiciaires », explique-t-il et selon lui « l’horizon va s’éclaircir » pour son client.
Source : rtl.be (15.01.15)
Source photo : wikimedia.org
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