Selon une étude de l’Université de San Diego, la mortalité massive (brusque) de certains animaux a augmenté chaque année, durant les sept dernières décennies. Cette mortalité massive, qui peut tuer plus de 90% d’une même espèce, est en augmentation chez les oiseaux, les poissons et les invertébrés marins. Comment peut-on expliquer ce phénomène grandissant ? Quelles en sont les causes ?

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Gilles Bœuf : Le travail de cette étude confirme les travaux déjà publiés par WWF qui a étudié 2000 populations animales différentes. Rien que durant ces quarante dernières années, nous avons constaté une diminution importante et inquiétante du nombre d’individus dans les populations animales et végétales. Tous les travaux scientifiques le démontrent, il y a une chute de perte des animaux dans l’océan global notamment. Attention cependant à ne pas confondre l’extinction d’une espèce animale et la disparition du nombre des individus qui la composent, même une disparition trop rapide et grandissante peut amener au déclin d’une espèce.

Les quatre raisons qui expliquent ce phénomène sont notamment dues à l’homme :

On constate une destruction des écosystèmes côtiers (les hommes y font des villes, des ports, les côtes sont bétonnées). C’est un phénomène très présent en Méditerranée qui est la mer la plus touchée en Europe par la destruction du littoral. Le deuxième aspect qui est lié avec le premier c’est la pollution, qui n’est pas que côtière. La pollution des mers est également due à ce qui est ramené par les fleuves sur les côtes. Nous savons que l’océan global a été pollué entièrement (ce que l’on constate par l’existence d’un océan de plastique en plein milieu de l’océan pacifique, au large des côtes). Ces deux pollutions expliquent les deux tiers de la pollution marine.

L’exploitation des stocks est également une cause. Nous pêchons trop au risque d’assécher les ressources marines renouvelables, qui sont le propre de la vie. La surpêche consiste à dépasser les seuils de capacité des fosses marines à se régénérer. Prenez l’exemple du thon rouge. En 2000, on constate une augmentation du nombre de restaurants japonais, le prix du thon rouge passe de 3 à 100 euros le kilo. On a éradiqué entre 2000 et 2007, 83% de la population des thons rouges. Une diminution qui peut découler sur l’extinction du thon. Heureusement, plusieurs règlements ont réussi à sauver le stock de thon avant qu’il ne disparaisse complètement.

Troisième raison, c’est la dissémination d’espèce dans tous les coins de l’océan, notamment à cause du trafic maritime marchand. Les grands bateaux marchands européens, pour ne pas faire leur route avec des soutes vides, les remplissent d’eau de mer. Lorsqu’ils vont chercher du pétrole en Orient pour remplir leur stock, ces bateaux déchargent l’eau présente dans leur soute, pleine de bactérie, de plancton et de microsystème dans une mer dans laquelle ils n’ont pas l’habitude de vivre. Ce qui a une incidence directe sur la disparition des espèces locales en mer.

Enfin, le dérèglement climatique est une cause notoire. Il entraîne un changement de température brusque, ce qui oblige les espèces marines à migrer, pour vivre dans des climats plus adéquats. Même si la planète a connu de nombreux épisodes de changement climatique, de réchauffement, certains animaux ne résistent pas aux dérèglements climatiques lorsqu’ils sont trop rapides car ils n’ont pas le temps de s’y habituer. Par ailleurs, avec l’augmentation de la température de la terre, cela crée une augmentation de la masse d’eau de la mer, ce qui induit une montée du niveau de l’eau. A cela doit s’ajouter la fonte des glaciers. Ce dérèglement climatique est également une conséquence des émissions de gaz carboniques par l’humain qui augmente le degré d’acidité des océans, ce qui ne s’était pas produit depuis des millénaires. Le CO2 est rejeté pour moitié dans l’atmosphère et pour moitié dans les océans. Certes, s’il y a moins de CO2 dans l’atmosphère, il y a moins de gaz à effet de serre et moins d’effet sur le climat, mais la mer reste autant polluée. Elle diffuse elle-même du gaz carbonique.

Source :  libe.ma (24.01.15)

Source photo :  wikimedia.org

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