Dans les océans, baleines et cargos rentrent parfois en collision. Pourquoi les animaux ne les fuient-ils pas ? Une étude montre qu’ils en sont tout bonnement incapables !

 

640px-BlueWhaleWithCalf 26 05 15.jpg


COLLISIONS.  Des milliers de cargos sillonnent les routes maritimes du monde et partagent l’océan avec une centaine d’espèces de cétacés. La cohabitation n’est pas toujours des plus heureuse, comme en témoignent les corps sans vie des animaux s’échouant régulièrement sur nos plages. Mais les baleines ne peuvent-elles donc pas éviter ces monstres d’acier si bruyants ? Une équipe de chercheurs américains menée par Megan F. McKenna a voulu savoir ce qu’il en était, et a étudié le comportement de la baleine bleue (Balaenoptera musculus), espèce en danger, à l’approche des cargos. Et les résultats sont inquiétants.

Une immersion pour seule défense

Le long des côtes du sud de la Californie, les cargos affluent. 18, en moyenne, passent dans ces eaux chaque jour. Or c’est là que vit une population de Baleines bleues comptant entre 2.000 et  3.000 individus. Les rencontres sont inévitables. Entre 1998 et 2007, 21 collisions mortelles avec ces cétacés ont été déclarées. C’est dans cette aire où les activités humaines se heurtent à celles des animaux que ce sont déroulées les recherches. 9 cétacés de cette population du Pacifique nord ont été équipés de GPS, d’accéléromètres et de moniteurs acoustiques, permettant aux chercheurs de suivre leurs déplacements et d’enregistrer leur environnement sonore.

Depuis les bateaux, l’AIS (Automatic Identification System) communiquait la position des cargos et leur vitesse toutes les 6 à 10 secondes. Il ne restait plus à Megan McKenna et ses collègues qu’à croiser les données obtenues lors des 20 confrontations ayant eu lieu entre Baleines bleues et des navires. Les observations des scientifiques dressent un constat dramatique : les baleines sont incapables d’éviter un bateau. Deux éléments les en empêchent : un réflexe d’évitement malheureux et la vitesse des navires, bien trop grande. Lorsque les cétacés perçoivent le danger, ils ne dévient pas de leur trajectoire. Les animauxétudiés ont même plutôt dirigé leurs déplacements vers le paquebot ! S’ils n’esquissent pas de mouvements latéraux, ils entament cependant une plongée.  55% d’entre eux sont descendus, à la vitesse de 2 km/h. Bien trop lent pour éviter un cargo circulant à 19 nœud marins (35 km/h)…  D’après les chercheurs, si les baleines bleues accordent peu d’importance à la fuite devant cette menace, c’est qu’elles hésitent à investir du temps et de l’énergie dans une plongée inutile. Des dépenses qu’elles préféreraient accorder à la recherche de nourriture.

Éviter le massacre

La solution à ces collisions pourrait résider dans une simple réglementation de la vitesse des paquebots. Des tests à échelle locale ont déjà démontré l’efficacité de la mesure. Une diminution des impacts a été observée dès 14/15 nœuds (26-28 km/h) et à 10 nœuds marins (19 km/h) ils devenaient rares. Des résultats encourageants, pour espérer enrayer la disparition de certaines espèces menacées.


Source :  sciencesetavenir.fr (20.05.15)

Source photo :  wikimedia.org 

Loading...