Le béluga adopté par le ministre de l’Environnement David Heurtel dans la foulée de la controverse du projet de port pétrolier de Cacouna a désormais un nom : Écho. Selon le ministre, ce nom symbolise la volonté d’« assurer un bel » avenir à cette population de mammifères en voie de disparition.


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Le béluga en question est un mâle connu depuis 1991 et qui serait né au début des années 80. Il appartient à l’un des deux réseaux de mâles qui sillonnent le fjord du Saguenay et la tête du chenal Laurentien.

Le choix du nom « Écho » a été fait à l’issue d’un concours lancé par le ministre, en mars dernier, auprès des élèves de première secondaire de l’école Louis-Joseph-Papineau, située dans le secteur Saint-Michel.

«  Le nom Écho fera résonner dans le coeur des Micheloises et Michelois les enjeux autour des mammifères marins, tels que les bélugas, et l’importance de la protection de leurs milieux naturels, a d’ailleurs affirmé lundi David Heurtel. En nommant notre béluga Écho, nous disons que nous avons entendu l’écho de son cri et qu’ensemble, nous voulons lui assurer un bel avenir. »

Selon ce qu’a fait valoir le ministre par voie de communiqué, les changements climatiques représenteraient une menace pour cette espèce emblématique du Saint-Laurent.

Espèce « menacée »  

L’annonce officielle de lundi survient quelques jours après la divulgation d’un rapport interne du ministère de M. Heurtel qui fait état d’« irrégularités »dans la gestion du controversé dossier du projet de port pétrolier de Cacouna par le ministère.

Le document identifie ainsi des lacunes dans le processus d’octroi du certificat d’autorisation à TransCanada. Le ministère de l’Environnement n’avait notamment pas précisé le statut « menacé »de l’espèce dans son rapport d’analyse du dossier.

On savait pourtant depuis plusieurs années que le béluga était classé comme tel. En fait, l’espèce a été classée par le Comité sur la situation des espèces en péril du Canada (COSEPAC) dès 1983. Au Québec, le béluga est classé comme « menacé »depuis 2000.

Les travaux de forages autorisés par le ministre David Heurtel avaient par ailleurs lieu en plein coeur de l’unique pouponnière des bélugas du Saint-Laurent. Ce secteur est reconnu comme « critique »par les chercheurs depuis plusieurs années. En 2007, lorsque le gouvernement Charest avait autorisé TransCanada à y construire un port méthanier, certains avaient d’ailleurs souligné les risques importants pour l’espèce.

C’est finalement la Cour supérieure qui a ordonné l’arrêt des travaux, en septembre 2014. Le jugement constituait d’ailleurs une sévère critique du gouvernement du Québec. Pour la juge, il semblait bien qu’il y ait eu « une faille dans le processus décisionnel du ministre » de l’Environnement, David Heurtel.

Le projet de port pétrolier a finalement été abandonné par TransCanada, dans la foulée de la vive controverse soulevée par le choix du site. La pétrolière albertaine chercherait toujours un lieu pour construire un port sur la rive du Saint-Laurent.  

Financer la recherche

Pour adopter symboliquement le béluga « Écho », le ministre Heurtel a versé un montant de 5000 $ provenant de son budget discrétionnaire au Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM).

Ce groupe, basé à Tadoussac, a lancé l’automne dernier la campagne « Adoptez un béluga », passage obligé pour financer la recherche. Un total de 19 bélugas ont jusqu’ici été adoptés par les municipalités riveraines du Saint-Laurent, des corporations ou des individus.

Les travaux des chercheurs financés par ces adoptions consistent notamment à faire de la photo-identification des animaux. La campagne sert aussi à financer le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins, qui fait le suivi des animaux retrouvés morts, en difficulté ou alors échoués. Le programme de recherche permet en outre de faire des examens sur les carcasses, de façon à faire un suivi des causes de décès et des pathologies qui affectent la population.

Ce ne sont pas les problématiques qui manquent pour cette espèce, qui réside dans les eaux du Saint-Laurent toute l’année. La mortalité chez les jeunes bélugas a notamment connu une augmentation importante au cours des dernières années. Les spécialistes de l’espèce ne parviennent toutefois pas à identifier avec précision les causes de ces décès, qui mettent à mal toute possibilité de rétablissement de l’espèce.

Le recul des glaces dans le golfe pourrait nuire aux femelles gestantes durant les mois qui précèdent la naissance de leurs veaux. Un phénomène qui pourrait d’ailleurs bien prendre de plus en plus d’importance en raison des bouleversements climatiques qui frappent le Saint-Laurent.

Il ne resterait que 880 bélugas dans le Saint-Laurent, contre près de 10 000 au début du XXe siècle.

Source & infos complémentaires :  ledevoir.com (09.06.15)

 

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