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Au moment de choisir une crème solaire pour l’été, on scrute son indice UV, voire ses effets sur la santé. Mais qui se préoccupe de son impact écologique ? Lorsqu’on les compare selon ce critère, pourtant, toutes les lotions ne se valent pas. C’est ce que démontre une campagne menée par Green Cross France et Territoires, une association de défense de l’environnement, et l’ARVAM, l’Agence de Recherche et de Valorisation Marines.

Tandis que les fabricants rivalisent d’ingéniosité pour que ces lotions soient moins épaisses et plus transparentes, plusieurs organismes, dont Green Cross et l’ARVAM, se sont interrogés sur l’impact écologique des quinze millions de crèmes solaires vendues chaque année en France.

Réalisée début 2014 sur l’île de La Réunion, une enquête de l’ARVAM a permis d’identifier les causes de la dégradation des récifs coralliens et de la pollution océanique, conséquente dans cette région. Ses résultats sont présentés dans un rapport intitulé Des coreaux et des crèmes solaires, quel lien ?

Longtemps négligés, les effets néfastes des crèmes solaires sont aujourd’hui clairement établis. En cause, principalement, la présence dans ces produits de nanoparticules potentiellement nocives. « On y retrouve des noyaux aromatiques, comme le benzophenone-2, chimiquement intrusifs pour le corail et la santé », affirme Nicolas Imbert, directeur de Green Cross France et Territoires.

Chaque année, entre 4 000 et 6 000 tonnes de crème solaire sont déversées en mer, portant atteinte aux écosystèmes. Une fourchette établie par l’ARVAM, qui estime que 20 minutes de baignade suffisent pour que 25 % des composants de la crème solaire que l’on vient de se tartiner se répandent dans l’eau de mer.

Une situation alarmante, mais pas irrémédiable selon Nicolas Imbert, qui évoque plusieurs alternatives. La première d’entre elles relève du bon sens. Pour répandre moins de crème dans l’eau, on peut commencer par y avoir moins recours, à condition de « privilégier les heures où l’exposition au soleil est moins dangereuse et ne nécessite donc pas de crème, ou encore d’utiliser d’autres moyens comme les vêtements, ce qui reste encore la meilleure protection. « 

Et si vous n’êtes pas prêt à renoncer à la baignade de 14 h, sachez qu’il existe des crèmes bio certifiées non toxiques. Des éco labels permettent de les identifier : le label allemand BDIH, qui garantit que les composants n’ont pas d’origines pétrochimiques ni animales, ou encore le label français Cosmebio, qui certifie un minimum de 95 % d’ingrédients naturels.

Alors que les crèmes traditionnelles (dites « synthétiques ») contiennent des OGM, du paraben et des ingrédients issus de la pétrochimie, comme la paraffine ou le silicone, les crèmes bio (dites « minérales ») sont composées essentiellement d’huiles végétales.

Côté performances, ces dernières n’ont aujourd’hui plus rien à envier à leurs cousines synthétiques. Elles sont transparentes, incolores et résistantes aux différents rayons UV. Ces lotions constituent d’ailleurs un marché en pleine croissance : 770 millions d’euros en 2014 selon l’ARVAM.

« Les crèmes solaires bio sont aussi efficaces que les crèmes solaires normales. Il peut certes y avoir des écarts de prix, mais ils ne sont pas assez significatifs pour être dissuasifs », précise Nicolas Imbert.

Comptez tout de même un écart de prix de 11 euros entre une crème synthétique de 50 ml indice 50 (dès 5 euros) et son équivalent minéral (dès 16 euros).

À travers la campagne de communication conduite par son ONG et l’ARVAM, le directeur de Green Cross France espère inciter la France à mettre en place des mesures limitant l’usage de crème solaire synthétique. D’autres pays sont déjà allés plus loin, comme le Mexique. Sur certaines plages du pays, déclarées « sun cream free », la baignade a tout bonnement été interdite aux estivants badigeonnés de blanc. À quand de telles initiatives en France ?

« De nouvelles structures, comme le Parc Naturel Régional du Morbihan qui vient d’être créé, pourraient par exemple établir un règlement ‘sun cream free’. »

Bien sûr, souligne Nicolas Imbert, il ne s’agit pas de cesser d’utiliser de la crème solaire. Si cette dernière reste un élément indispensable dans le sac du plagiste, le directeur de Green Cross entend simplement inciter les estivants à adopter des comportements plus responsables.

Source et capture d’écran : wedemain.fr, le 18/06/2015

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