Une baleine à bec de Sowerby – un visiteur plutôt inusité dans les eaux de la Baie des Chaleurs – a été repêchée jeudi sur les berges de Campbellton.
Le mammifère s’était initialement échoué le jeudi 9 juin à Escuminac, en Gaspésie. Toutefois, la carcasse de l’animal a été emportée par la marée dans la nuit de dimanche et le courant marin l’a vraisemblablement fait dériver du côté néo-brunswickois de la Baie des Chaleurs.
Ce n’est que mardi en début de semaine qu’un citoyen du Restigouche a contacté les autorités pour leur faire part de sa découverte derrière l’entreprise VC Rénovations.
«On avait perdu sa trace et on l’a retrouvée à Campbellton. Heureusement, c’est bel et bien le même animal. Si on avait eu un groupe de cette espèce, ç’aurait été un peu inquiétant et soulevé plus de questions qu’un seul cas isolé», explique Josiane Cabana, coordonnatrice du centre d’appels Urgences mammifères marins.
Elle précise qu’une comparaison entre les photos prises de l’animal à Escuminac et à Campbellton a permis de confirmer qu’il s’agissait bel et bien du même spécimen.
«On parle ici d’une présence tout de même très inhabituelle pour cet animal dans ce secteur. Car si les baleines à bec de Sowerby vivent dans l’Atlantique, elles nagent loin au large et à de très grandes profondeurs. Elles ne rentrent pas généralement dans les eaux du Saint-Laurent. En fait, au cours des dernières années, on ne recense que cinq mentions pour cette espèce. Des spécimens se sont échoués à Forillon (Gaspésie), à l’Île-aux-Pommes (Bas-St-Laurent) et maintenant à Escuminac/Campbellton. Il s’agit donc d’une observation exceptionnelle pour nous », exprime Mme Cabana, qui ne peut que spéculer sur les raisons pouvant expliquer sa présence aussi loin de son habitat naturel.
«Est-ce qu’il a été désorienté après avoir été pris dans une mer agitée ? Est-ce qu’il était malade ? Est-ce qu’il suivait un banc de poissons ? Ce sont toutes des hypothèses plausibles. La nécropsie pourra peut-être apporter des précisions. Cela dit, il se peut fort bien qu’on ne sache jamais vraiment ce qui a apporté cette baleine dans les eaux de la Baie des Chaleurs», souligne Mme Cabana.
La spécialiste souligne par ailleurs qu’en raison de son habitat éloigné, ce type de baleine n’a jamais fait l’objet de recherche intensive.
«On possède peu de données sur elle ; on en connaît donc peu sur ses habitudes. C’est donc d’autant plus intéressant d’être en mesure d’en récupérer une, car ça permet de faire de l’acquisition de connaissance sur sa biologie et sa physiologie», dit-elle.
Urgence mammifères marins traite environ 200 cas annuellement.
«Et parmi ceux-ci, il y a toujours des surprises comme c’est le cas ici, soit des espèces moins communes qu’on ne devrait pas retrouver dans le coin. Et chaque fois, c’est fascinant», dit-elle.
Pour ce qui est de la baleine à bec de Sowerby de Campbellton, il a été établi qu’il s’agissait d’un jeune mâle juvénile mesurant 16 pieds.
Le cadavre a finalement été récupéré jeudi par une équipe de Pêches et Océans Canada. Il devait prendre la direction de l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard afin de subir une nécroscopie, question de tenter de déterminer les causes de sa mort. La carcasse sera par la suite remise au Musée du Nouveau-Brunswick.
Source et capture d’écran : acadienouvelle.com, le 17/06/2016