89

Lundi à Bruxelles, les baleines et les dauphins étaient au cœur de la discussion entre politiques, scientifiques et ONG. Cet événement intervient la veille d’une importante série de participation des délégations belges dans différents colloques internationaux sur la protection des cétacés.

Annoncé en début de semaine par le Secrétaire d’Etat à la mer du Nord, Philippe de Backer, le « Belgian Cetaceans Network » a été l’occasion de présenter les derniers travaux de recherches et d’observations des scientifiques sur l’état de protection des cétacés dans la mer du Nord. Les scientifiques présents lors de cette journée ont fait part de leur vision des enjeux à venir.

« Slow down » pour les baleines

« Si j’étais une baleine, je vous dirais la chose suivante : slow down ! » s’est exprimé l’océanographe Fabian Ritter en début de conférence. Selon un rapport du SPF Santé publique, les collisions avec les navires représentent un tiers des blessures et mutilations chez les cétacés, causant parfois leur mort. Mais comment éviter de tels accidents lorsque l’on sait que chaque année le nombre total des transports maritimes augmente par milliers ? Autour de la table, le capitaine Wolfram Guntermann, directeur d’Hapag-Lloyd, une société de transports de cargos, voit une alternative possible mais pas immédiate : «Une navigation ralentie reste la première étape. Transformer et innover dans la construction des transports est un investissement énorme.». Selon lui, actuellement, aucune technologie ne serait encore assez fiable pour éviter les collisions.

D’autres menaces

En plus des risques de collisions, de nombreux polluants sont à l’origine d’une menace d’extinction, à terme, de certains mammifères marins. Tout en rappelant que l’alimentation de base de près de trois millions de personnes dans le monde dépend de la pêche, l’océanologue Krishna Das a souligné que les peintures anti-salissures des bateaux contenant des pesticides sont toujours activement utilisées dans les pays en développement.

La pollution sonore, émise notamment par les sonars militaires, a été également pointée du doigt. L’émission de « smog acoustique » provoque des lésions au niveau des oreilles internes et ont poussé beaucoup de baleines à s’échouer sur les plages avoisinantes, pendant que des bateaux de l’OTAN faisaient leurs exercices à proximité. L’impact de cette pollution est largement montré dans le documentaire Sonic Sea de Daniel Hinerfeld et Michelle Dougherty sorti en janvier 2016.

« La recherche, l’éducation de la population et du personnel navigant, avec le développement des soins envers les cétacés sont les trois points cruciaux qui changeront la donne » s’accordent entre eux tous les spécialistes. Il reste néanmoins l’importance des accords gouvernementaux dans lesquels la Belgique est parmi les premiers élèves.

La Belgique au rang des pays précurseurs

Depuis 2004, la Belgique en tant que membre de la Commission baleinière internationale s’est penchée sur les failles du moratoire de 1986 contre la pêche à la baleine, ainsi que sur les risques de collisions de plus en plus accrus. La ministre fédérale de l’Environnement, Marie Christine Marghem, a parlé d’une ratification future de l’Accord de Paris sur le changement climatique par le Parlement fédéral : « Mon cabinet a tout fait pour accélérer le processus de ratification eu égard la complexité institutionnelle belge. ». Elle a aussi commenté le fait que les consommateurs ont un pouvoir d’influence sur les industries, et donc une influence indirecte sur la négociation des conditions de transports maritimes moins dangereuses pour les cétacés.

La création du réseau « Belgian Cetaceans Network » aura pour but principal de renforcer la protection de la biodiversité marine dans la mer du Nord. Sur sa partie belge, qui s’étend de Nieuport à Zeebrugge et ne représente que 0,5 % de sa superficie totale, plus de 2100 espèces vivantes y cohabiteraient.

Face à la dégradation des espèces maritimes dans le monde, la Belgique sera attendue dans plusieurs forums internationaux pour montrer son engagement envers la biodiversité. Elle commencera d’abord par la 66e Commission baleinière internationale à Portoroz en octobre, puis par les COPs (Conference of the Parties) de Johannesburg en novembre, et enfin par la Convention sur la diversité biologique de Cancun en décembre.

Source et capture d’écran : fr.metrotime.be, le 21/09/2016

Loading...