“Enseignons à l’école l’empathie pour les animaux !”, c’est l’appel lancé par un collectif d’intellectuels et de scientifiques dont Matthieu Ricard. Pour mieux vivre ensemble, il serait bon d’enseigner la compassion et l’amour des animaux en milieu scolaire.

C’est dans une tribune du journal Libération datée du 20 février 2017 que des chercheurs, biologistes, vétérinaires et philosophes, dont Matthieu Ricard, appellent à enseigner l’empathie envers les animaux à nos élèves.

Valoriser la pensée animale

L’objectif ? Ramener la condition animale sur les bancs de l’école comme c’était déjà le cas à la fin du 19e et début du 20e siècle. Effectivement, de 1883 à 1923, l’éthique animale figurait dans les manuels de français : “Sans être nostalgiques de cette période, nous constatons aujourd’hui que notre rapport aux animaux alimente un débat social dont l’acuité est croissante, et qui soulève de vastes et passionnantes questions éthiques et philosophiques”.

L’enseignement français est à la traîne. Les animaux ne sont encore perçus que d’un point de vue scientifique (classification par espèce) et écologique (préservation de la biodiversité) mais jamais sous l’angle des données de l’éthologie (étude du comportement des animaux) qui, elles, abordent les capacités cognitives, les émotions ou la pensée animale. Pire encore, les intellectuels et scientifiques regrettent que l’enseignement véhicule un rapport de force entre l’homme et l’animal :

« Au travers des sorties au zoo ou au cirque jusqu’aux initiations à la chasse ou à la corrida, le rapport aux animaux dont l’école se fait parfois le relais actif valide des rapports de force ».

Favoriser le respect de l’autre

La transmission de ce rapport de force au travers d’activités pédagogiques semble d’autant plus regrettable qu’au cours de leurs premières années, les enfants reconnaissent chez eux l’affection, la vulnérabilité et la curiosité qu’ils connaissent bien. Le collectif appelle donc l’enseignement à intégrer les notions d’éthique animale à travers des valeurs de respect, de justice et d’empathie, valeurs familières à l’homme.

Intégrer l’empathie envers les animaux à l’école permet de développer la sensibilité de l’enfant envers toute forme de vie différente. Naturellement altruistes, les enfants trouveraient, en cet enseignement, un bon fondement pour accroître leurs capacités de réflexion ainsi que leur sens des responsabilités. Respecter l’animal, c’est respecter toute forme de vie.

L’exemple inspirant de la Belgique

Si aujourd’hui, il est établi que les animaux sont des êtres sensibles, ces derniers n’en restent pas moins souvent victimes de maltraitances voire de cruauté. Depuis 2015, une loi du Code Civil a permis de clarifier le statut juridique de nos animaux domestiques. Mais beaucoup de questions sont régulièrement soulevées : quels droits accorder aux animaux ? Sur quels critères ? Quelle est notre responsabilité envers eux ?

En Belgique, des cours de philosophie et de citoyenneté abordant la question animale sont proposés tout au long de la scolarité, du primaire au secondaire. Le but étant :

« de «comprendre et protéger la vie» et d’ «épargner la souffrance aux animaux» en adoptant une attitude respectueuse «de leur vie et de leur bien-être”.

Mieux vivre ensemble

Lors d’une précédente initiative, plusieurs associations de défense des droits des animaux s’étaient rassemblées pour créer le collectif “Animal politique” et rédiger un manifeste pour placer la question animale au cœur des préoccupations politiques. Une nouvelle fois, intellectuels et scientifiques se mobilisent pour un enseignement de l’éthique animale intégré aux programmes scolaires.

“Nous, soussigné(e)s, appelons ainsi à ce que l’éthique animale soit mieux intégrée dans l’enseignement. »

Un article d’Elodie Sillaro pour Bio à la une – Publié le 09 Mars 2017

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